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Chef d'entreprise, ne touchez pas au secteur de l'EdTech, l'éducation par les nouvelles techno. Il y a un gros souci de business modèle

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La technologie de l'éducation, connue sous le diminutif d’EdTech, connait l'une des croissances les plus rapides. En s’appuyant sur les secteurs de la technologie, son but est de répondre aux besoins du système éducatif, de rendre les écoles plus compétitives, de donner aux enseignants les ressources nécessaires, ainsi qu’aux élèves la capacité de réussir.

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Cependant, l’EdTech est difficile à pénétrer pour les entrepreneurs. C’est également un secteur complexe pour tirer des profits pour les investisseurs, et une techno difficile à adopter pour les écoles. Les entreprises du secteur de l’EdTech inondent pourtant le marché avec plus d’1,8 milliard en capital-risque investis dans des sociétés de technologie de l'éducation en 2015.

Les grands acteurs qui sont rentrés tôt dans l’EdTech, Apple, Google et Facebook, ont tous investi ce marché émergent pour revendiquer une place pour leurs produits et services - les iPads, Google Classroom - et nouer des partenariats clefs.

Mais avec tout ce déferlement de nouvelles technologies et les milliards de dollars dépensés, pourquoi l’EdTech est-elle autant à la peine ?

1. Des startups recalées et des géants détestés

Ce qui fait le plus peur pour les startups de l’EdTech, c’est qu'il y a de nombreuses applications avec aucun business model viable et revenu défini.

Par exemple, Snapchat était une application qui n'avait absolument aucune monétisation jusqu'à récemment, avant de donner aux entreprises la possibilité de payer pour des filtres géo-localisés, et aux marques d’investir dans des snaps sponsorisés.

Le fait alarmant est que la plupart des entreprises de l’EdTech n'ont pas de revenus. La raison, c'est qu'il y a tellement d'entreprises qui entrent dans une course serrée sur ce marché fermé.

Il existe deux principaux business modèles pour les entreprises EdTech : le gratuit pour les enseignants et les ventes aux administrateurs.

Les ventes aux administrateurs sont une approche macroéconomique « top-down », une approche verticale où les administrateurs disent aux enseignants les outils à utiliser et comment les utiliser. Si les plus anciens outils ont connu une large adoption chez les enseignants, ils sont est difficiles à monétiser.

Cela laisse deux catégories de business sur le marché : des startups fauchées que les enseignants aiment, et de grandes et riches entreprises que les profs détestent.

Contrairement aux sociétés capables d'évoluer et de croitre en s’appuyant sur des millions d'utilisateurs et la vente de publicité pour tirer des sources de revenus, les startups de l’EdTech ne disposent pas de ce luxe - puisque la vie privée et la protection des données s’imposent en premier. Par conséquent, les startups de l’EdTech se battent pour trouver des modèles commerciaux viables et durables. Dans un système traditionnel vertical, beaucoup d’entreprises luttent pour leur survie et beaucoup vont péricliter dans ce marché fragmenté.

2. Trop d’entreprises en concurrence

Il y a des centaines de startups qui se spécialisent dans des produits uniquement axés sur les mathématiques. Toutes ces entreprises font la même chose et ciblent les mêmes niches minuscules au sein du système scolaire. Pourtant, il y a un accroissement du nombre de sociétés d’EdTech dans les accélérateurs de startup, ce qui draine encore plus de concurrence sur ce marché sursaturé.

C’est une évolution normale dans tout nouveau secteur, où de nombreuses entreprises débarquent pour devenir le leader dans leur niche. Dans les années à venir, l’univers de l’EdTech va faire face à une menace croissante – celle de la consolidation à mesure que les leaders s'établissent.

Cette tendance n’est pas seulement particulière à l’EdTech, puisque d'autres secteurs sont passés par le même cycle d'expansion et de contraction. L’Harvard Business Review (HBR) nomme cela la courbe de consolidation, avec un cycle de vie clair.

3. Personne ne sait qui sont les clients

Les entreprises de l’EdTech ont mixé leur clientèle cible. À l'heure actuelle, la plupart des produits EdTech se focalisent entièrement sur les élèves et les résultats en termes de bénéfices pour les élèves. Bien sûr, pour apporter des changements positifs dans l'éducation, le résultat final devrait être bénéfique pour les élèves - mais vous devez ajuster le processus pour modifier les résultats.

Qui contrôle le processus ? C’est le rôle des professeurs. Voilà pourquoi le ciblage des enseignants en tant qu’utilisateurs principaux est le meilleur pari pour l'adoption et pour avoir un impact significatif, parce que les enseignants sont les garants de l'introduction de cette technologie, en particulier dans les classes et les niveaux inférieurs.

A moins qu’une société EdTech cible le bon utilisateur final, elle va avoir du mal à gagner de la traction et créer un business durable. L’EdTech est plus difficile à cet égard, car les fondateurs de startup manquent d'une solide compréhension de leur marché complexe - où l'utilisateur final n’est pas le client cible.

4. Quand les ingénieurs essayent d'être enseignants

De nombreuses entreprises EdTech sont lancées par des fondateurs issus du monde de l’High Tech, sans comprendre bien en amont la pédagogie.

Les entrepreneurs de l’EdTech doivent acquérir la maîtrise de l'enseignement sans être pour autant enseignant - et ce n'est pas une tâche facile. Sans ces connaissances, le secteur sera jonché de belles applications qui ne déplacent pas vraiment le curseur vers la réussite pour les élèves. Des sociétés telles qu’EdmodoClever et Chalk.com ont abordé cette problématique via l’embauche d’enseignants dans leurs entreprises.

Pour réussir la consolidation à venir dans le secteur, ces fondateurs doivent comprendre les méthodes d'enseignement et d'apprentissage. « Nous aimons penser que nous sommes une société éducative plutôt qu’une entreprise d’High Tech. Comprendre la pédagogie est la responsabilité de chacun dans la société », explique William Zhou, PDG de Chalk.com, une startup EdTech basée à Waterloo, au Canada. « Notre équipe travaille directement avec les enseignants pour vraiment comprendre les défis et les possibilités liées à l’éducation. »

Un élément clef. Cette compréhension de la pédagogie est la seule façon pour à la fois faire bouger l'éducation, et réussir dans le marché de la techno.

Conclusion

Il ne fait aucun doute que de nombreuses entreprises d’EdTech seront recalées. Celles qui ne font pas attention à la pédagogie finiront par créer des applications qui seront des impasses. Celles qui renoncent à des business modèles durables seront macrophagées par d'autres, à mesure que le marché fait face à sa consolidation.

Pour des sociétés comme Chalk.com, qui se concentrent sur la résolution de réels problèmes des enseignants, et pas seulement en cochant des cases sur des propositions de vente, elles sont beaucoup moins inquiètes pour leur devenir.

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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire Grit mardi, 29 mars 2016 11:46 Posté par grit

    Surtout que les premiers chiffres sur l'efficacité de ces processus de formations pour les élèves commencent à être bien connus (surtout au Canada et US) et... Ils ne sont pas bons. En clair ces outils profitent aux bons enseignants et enfoncent encore plus les autres.
    Si la demande d'équipement est encore réelle, l'objectif parait davantage de rester en adéquation avec une réalité sociale qu'une réelle recherche de plus-value pédagogique : les investissements seront vite limités à mon avis.