Vous pouvez voir cette vidéo sur YouTube en cliquant ici : L’épargne financière est-elle une stratégie retraite efficace ?
Bonne vidéo à tous
Etienne
Retranscription de la vidéo
Dans notre dernier article » sauvez votre retraite : le constat « , nous avons pu démontrer que notre système de retraite n’était plus adapté à notre mode de vie et que les prochaines générations ne pourront plus compter sur ce système généreux pour leurs vieux jours.
Pour résumer la situation, les facteurs démographiques français sont aujourd’hui très différents de ceux des années 50, période à laquelle notre système a été mis en place. En effet, les 2 pyramides des âges ici représentées pour 1950 et 2030 parlent d’elles même : de plus en plus de séniors à la retraite et la relève n’est pas assurée.
Sur ce graphique du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) nous voyons qu’en 2050, il y aura 1.2 cotisant pour 1 retraité, contre 1.7 aujourd’hui. Maintenant cette statistique ne parle ni de chômage, ni de temps partiel. Cela revient à dire qu’un actif devra financer sa retraite plus celle d’un retraité… Je vous laisse conclure !
Les rapports périodiques aux gouvernements successifs du COR vont toujours dans le même sens et la solution est connue depuis plus de 30 ans : il nous faut une réforme en profondeur du système de retraite par répartition sous peine d’explosion de ce dernier.
Pour les cotisants, cette réforme correspond à une hausse drastique des cotisations, une hausse des impôts et une hausse des durées de cotisation (fini la retraite à 60 ou 62 ans, nous passerions ici de retraite à 65 voir 71 ans)
Pour les retraités, le traitement serait tout aussi difficile, avec une baisse drastique du montant des pensions et une hausse importante de la fiscalité (ISF, Impôt sur le revenu).
Pour terminer, les conséquences de ses réformes à venir seront importantes :
- AUGMENTATION DE L’ÂGE DE DÉPART
- DIMINUTION IMPORTANTE DES PENSIONS
- AUGMENTATION DE LA PRESSION FISCALE
Elles ne sont pas nombreuses, mais consistent toutes à :
- PRÉPARER SA PROPRE RETRAITE
- NE PLUS COMPTER SUR LES RÉGIMES DE RETRAITE et surtout à
- DEVENIR RENTIER avant la retraite.
Mais L’épargne financière est-elle une stratégie retraite efficace ?
C’est que nous allons voir ensemble aujourd’hui !
Mais ces produits sont-ils aussi rentables pour les épargnants que pour les banques ?
Tout ces placements sont-ils adaptés à la stratégie retraite que nous souhaitons mettre en place ?
Personne ne remet en cause le fait de constituer une épargne financière, qui est une réserve de sécurité pour les projets d’avenir ( comme les études des enfants, l’achat d’une nouvelle voiture, ou un apport pour l’acquisition d’une maison par exemple). Mais de là à dire que c’est un moyen de « préparer votre retraite », ces journaux vont peut-être un peu loin ! Nous savons bien que ces journaux sont en grande partie financés par les sociétés financières via la publicité !
Autant vous le dire tout de suite si vous aviez encore quelques espoirs,
Tout d’abord, ce que les fournisseurs de produits financiers nous vendent semble du simple BON SENS : pendant votre vie active, vous stockez de l’épargne, que vous placez chez eux, épargne qui sera par la suite consommée pendant la phase de retraite, au moment ou vos revenus s’affaibliront. Vous pouvez retrouver cette forme en cloche sur les statistiques de l’INSEE.
Pour vous convaincre de l’intérêt ou non de constituer une épargne financière comme UNIQUE moyen de préparer sa retraite, nous allons faire une petite simulation en prenant des hypothèses réalistes.
Prenons tout d’abord, un couple de salariés, que nous appellerons M et Mme PINEAU, Monsieur et Madame gagne un salaire de 2 500 euros nets chacun (environ 2 SMIC), soit 5 000 euros nets par mois avant impôt à eux 2. Ils ont 30 ans et sont sans enfants. Leur imposition annuelle est de 5 067 € et ils ont une Tranche marginale d’imposition (ou TMI) de 30%.
Leur conseiller bancaire leur recommande de placer 10% de leurs revenus sur un placement sécurisé à 5% brut par an (nous sommes sur un scénario optimiste dans ce cas). L’inflation actuelle est de 2%. Ils capitalisent leurs intérêts, c’est-à-dire qu’il laissent les intérêts produire d’autres intérêts.
QUESTION : Quel capital pourront-ils constituer avec 500 euros par mois pendant 30 ans ?
PHASE 1 : LA PHASE D’ÉPARGNE
PREMIER RÉSULTAT
Avant même de prendre nos calculettes, le chiffre nous met l’eau à la bouche !Capital constitué sur 30 ans, hors fiscalité est de 409 349 euros
Ce chiffre pourrait suffire à faire croire à ce couple, que sa retraite est assurée. Or si le conseiller est honnête et possède une bonne connaissance des mécanismes financiers, il devra alors être plus précis. Le résultat ci-dessus est donc faux !
PRISE EN COMPTE DE LA FISCALITÉ
Bien entendu, il est important de prendre en compte la fiscalité dans notre équation : 5% brut, ce n’est pas 5% net ! Notre couple à une TMI (Tranche marginale d’imposition) de 30%, c’est-à-dire qu’avec la fiscalité applicable en 2013, notre couple paiera 45,5% des intérêts à l’état (soit 30% TMI + 15,5% de CSG-CRDS).Rendement net = 5% – (5% x 45,5%) = 2,73 %
Capital constitué sur 30 ans (fiscalité incluse) = 277 313 euros
Maintenant que le chiffre est plus cohérent, cette somme peut nous paraître relativement importante, mais dans 30 ans, que pourrons-nous acheter avec 277 000 euros, peut-être une petite voiture, ou bien une piscine, nous n’avons pas de boule de cristal et il n’est pas possible de le prévoir. Et oui, il manque là encore un paramètre essentiel qui est rarement présenté aux clients ou investisseurs : l’inflation.
PRISE EN COMPTE DE L’INFLATION
En effet l’inflation vient grignoter notre capital jour après jour et si nous ne prenons pas garde, nous pouvons perdre de l’argent sans même nous en rendre compte. La méthode la plus simple pour prendre en compte l’inflation est d’enlever 2% du rendement net après fiscalité ce qui nous donnera le montant capitalisé équivalent aux euros d’aujourd’hui.Le capital constitué sur 30 ans, fiscalité incluse et corrigé de l’inflation, est donc de 201 210 euros, ce qui fait un rendement net corrigé de l’inflation de 0,73%
Ici nous sommes au plus juste de la réalité. En tenant compte de la fiscalité et de l’inflation, avec un placement de 5% brut annuel, ce couple aura constitué un capital important.
Maintenant quel est le bilan de cette phase d’épargne ?
M et Mme ont investi 500 euros par mois pendant 30 ans, ce qui correspond à 180 000 euros injectés. Avec un rendement de 5% brut par an, notre couple a constitué un capital corrigé de l’inflation de 201 210 euros, ce qui fait un gain net de 21 210 euros.
QUESTION : qui s’embêterait à investir 500 euros par mois (soit 10% de ses revenus) pendant 30 ans, pour un gain net réel de 21 210 euros ?
PHASE 2 : LA RETRAITE
Nous passons maintenant à la 2ème phase, LA RETRAITENotre couple a 60 ans et vient de partir en retraite il y a quelques jours. Ils découvrent avec effroi que le montant de leur pension est de 40% de leur dernier salaire (ce qui est tout de même une version optimiste), mais heureusement ils ont tout prévu, ils ont méthodiquement épargné 10% de leurs revenus pendant 30 ans et sont à la tête d’un capital de plus de 200 000 euros.
Ils décident donc de laisser travailler ce capital sur le même placement qui leur rapporte 5% brut annuel, et nous utiliserons les mêmes données de fiscalité et l’inflation afin de bien comprendre les mécanismes d’érosion monétaire .
QUESTION : Si ce couple veut vivre uniquement des intérêts générés, combien toucheront-ils par mois ?
Le but de ce couple étant de ne pas toucher au capital, mais uniquement de vivre des intérêts, nous allons calculer combien rapporte ce placement à 5% brut, ce qui nous aidera à déterminer si cette stratégie est efficace pour préparer sa retraite.
Avec un capital de 201 210 euros placé à 5% annuels sécurisé, ce placement génère donc 10 061 euros par an, soit 838 euros par mois
Intérêts bruts annuels = 10 061 euros
Intérêts bruts mensuels = 838 euros
Comme précédemment, il est important de tenir compte de la fiscalité. Les pensions de retraite étant réduites à 40% des derniers salaires, la TMI de M et Mme PINEAU n’est plus à 30%, mais passe à 14%, ce qui est un avantage important en matière de fiscalité.
Les intérêts seront donc imposés à 29.5% (c’est à dire 14% de TMI + 15,5% de CSG-CRDS).
Après fiscalité, ce placement génère donc 7 093 euros nets d’intérêts annuels soit 591 euros par mois. Le TRI est donc de 3.53% net.
La fiscalité est maintenant incluse, mais là aussi, l’inflation n’est pas prise en compte. En effet, ce couple ne touche pas au capital et donc l’inflation vient grignoter ce capital au fur et à mesure des années. Voici les nouveaux chiffres qui tiennent compte de cette inflation à 2%.
PRISE EN COMPTE DE L’INFLATION
Pour prendre en compte le chiffre de l’inflation, et donc de l’érosion monétaire qui vient manger notre capital, il suffit de retrancher 2% du rendement net après impôt. En effet, si ce couple ne touche pas au capital, mais uniquement les intérêts, le capital restera à 201 210 euros et perdra donc 2% de sa valeur chaque année. En résumé, au moment du départ en retraite, 200 000 euros peuvent-être suffisants, mais 20 ans après, ce montant ne représente certainement plus la même chose.
Avec un capital accumulé sur 30 ans de 201 210 euros et un rendement brut de 5%, M et Mme PINEAU obtiendront une rente nette corrigée de l’inflation de 256 euros par mois, soit un TRI de 1.53%.
BILAN
Ce couple, sur les conseils de professionnels du placement financier, on mit en place une stratégie lourde d’investissement consistant à épargner 10% de leurs revenus pendant 30 ans, soit 500 euros par mois. À l’issue de la phase d’épargne, le montant du capital constitué (corrigé de l’inflation) est l’équivalent de 201 210 euros d’aujourd’hui. Avec ce capital, et en tenant compte d’une inflation à 2%, ce montant leur permet d’obtenir des revenus nets équivalents à256 euros à vie !
EST-CE UNE BONNE STRATÉGIE RETRAITE ?
Je vous laisse donc répondre à cette question ! En réalité, cette stratégie fait apparaître beaucoup de lacunes. Le TRI (Taux de rendement interne) est très faible pendant la phase de capitalisation, car même si nous avions 5% brut, le rendement net après impôts et après correction de l’inflation n’est plus que de 0,73% ! Autant dire nul !Une bonne stratégie de préparation de retraite tient évidemment compte de la fiscalité, mais surtout de l’inflation. Dans notre exemple, l’effort est énorme (500 euros par mois) pour un résultat très moyen (256 euros par mois à vie).
CONCLUSION
L’épargne financière est un bon moyen de stocker de la valeur sur le court terme, mais attention ce n’est pas un investissement ! Il s’agit plutôt d’un placement d’épargne. Il est important de parler de produit et non d’investissement, car à aucun moment, vous ne voyez un actif réel en face.
L’épargne financière peut servir de réserve de liquidité pour les dépenses les plus importantes (voiture, apport personnel, immobilier, travaux, etc…), mais l’inflation et la fiscalité viennent manger l’essentiel de la performance des « placements financiers » ce qui les rends peut rentables sur le long terme.
Cette réserve de sécurité constituée par l’épargne financière est importante, mais elle est surtout utile pour servir de garantie ou de contrepartie aux banques pour financer des projets plus rentables comme l’immobilier ou la création d’entreprises par exemple.
Pour conclure, NON, l’épargne financière seule n’est pas une stratégie de retraite efficace, car elle demande un effort d’épargne très important sur le long terme et 2 forces travaillent contre nous, l’inflation et la fiscalité !
Voici un tableau qui vous donne les rendements nets réels corrigés de l’inflation en fonction du rendement brut, de votre fiscalité et de l’inflation. Vous pouvez télécharger ce tableau en cliquant sur le lien bleu de l’article ci-dessus.
À SUIVRE…
Dans notre prochain article, je vous expliquerai pourquoi l’immobilier est une stratégie à privilégier pour sauver votre retraite.
Etienne