Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Vous ne lisez pas le journal Midi Libre ? Quel dommage....
Audience de l'article : 1758 lecturesNul ne peut rester insensible devant une telle détresse. Il faut comprendre les proviseurs.
Certes, il est toujours des gens mal intentionnés pour faire remarquer qu’ils ont un emploi à vie, pas de souci de carrière, un logement de fonction, des vacances, une bonne retraite à 60 ans, pas d’objectif de résultat, pas de hiérarchie journellement sur le dos, pas d’engagement physique violent ou en milieu agressif pour le corps, un salaire assuré, et sans doute quelques détails que j’oublie par méconnaissance.
La réalité est tout autre, ils doivent affronter :
– Des élèves qui ne les aiment pas, qui se foutent de l’école comme de l’an quarante (ils ont tort, c’était mon cas, maintenant je rame pour l’orthographe).
– Des parents d’élèves qui ne les aiment pas non plus.
– Des collègues professeurs qui ne supportent pas leurs directives, qui aussi ne les aiment pas.
Et bien oui, les proviseurs manquent d’amour, ils font un “burn out” affectif, voilà la cruelle vérité.
Les proviseurs réclament de l’amour, du soutien, de la considération. Je crains qu’ils n’obtiennent pas satisfaction, malgré le dévouement sans limite du SNPDEN.
Aussi je leur propose cette solution évidente :
La privatisation de leur lycée. Le bonheur total est au bout, nous sommes bien placés pour leur en parler, c’est notre lot de tous les jours.
Devenus travailleurs indépendants :
– Ils auront tout l’été pour séduire les élèves, les persuader de s’inscrire dans leur lycée plutôt que dans un autre, la bataille sera féroce.
– Ils seront jugés sur le prix et la qualité de leurs prestations et sur les résultats.
– Devenus des clients, élèves et parents d’élèves auront de nouvelles exigences, soutenus par “40 millions de consommateurs”. Ils devront faire face aux procédures de groupe.
– Ils devront emprunter pour réaliser les lourds investissements que demandera leur entreprise, qu’exigera l’Etat. Leurs banquiers ne leur feront pas de cadeau, au moindre défaut de paiement ils ne pourront pas solliciter la jurisprudence dite “de la Grèce”, ils devront engager leur biens propres et ceux de leurs familles.
– Leurs tarifs seront probablement bloqués et ils devront accepter gratuitement un pourcentage de nécessiteux.
– Leur comptabilité sera passée au crible par le fisc. Celui-ci ne manquera pas de reconstituer leur chiffre d’affaires en fonction du nombre de crayons achetés, de la quantité de papier Q utilisé dans les toilettes de leurs établissements, ou autre calcul savant imparable. Ils seront évidemment redressés.
– Ils devront faire face aux syndicats de leurs salariés enseignants. Plusieurs de ces derniers, payés par eux, se consacreront entièrement, à plein temps, à leur pourrir leur vie de salaud de patron.
– En cas de difficultés financières, si par malheur ils ne paient pas leur RSI, ils ne seront plus assurés pour la maladie, pareillement pour leur retraite.
– Régulièrement la presse les enfoncera, mettant en exergue ceux d’entre eux qui auront fauté, même de façon minime.
– Ils seront haïs, considérés comme des capitalistes libéraux, mais personne ne souhaitera les nationaliser et payer la facture à leur place. Sauf, pour ceux dont, du fait de leur travail, de leur investissement personnel et de leur génie, le lycée sera réputé et bénéficiaire devenant ainsi une proie nationalisable.
– Ils n’auront plus de vacances et travailleront, toute l’année, 12 heures par jour.
– Ils n’auront plus le temps de penser au “burn out”, mais ils mourront d’un infarctus vers 55 ans.
Bien cordialement. H. Dumas