Comme mes lecteurs le savent depuis longtemps, les bases scientifiques de la théorie "carbocentriste et catastrophiste" du "réchauffement climatique" sont plus que sujettes à caution (dossier). Mais même en admettant qu'il y ait un fond de vérité dans les affirmations "scientifiques" des ennemis du CO2, que valent les modèles économiques qui fondent les prises de décisions politiques à plusieurs dizaines de milliards relatives au changement climatique ?
"Rien du tout", nous dit Jean Michel Bélouve, qui publie sur les sites des Instituts Turgot et Hayek une longue réfutation de toutes les erreurs méthodologiques que contient le rapport sur le changement climatique établi en 2005 par Sir Nicholas Stern, qui est la véritable "bible" politique des lobbys politiques et financiers qui soutiennent les politiques de lutte contre le réchauffement.
Et encore, quand je parle d'erreurs, je suis très en dessous de la réalité. Certaines de ces "erreurs" ne peuvent avoir été commises honnêtement par un économiste aussi chevronné et bardé de titres que le Baron Stern of Brentford. Preuves à l'appui, JM Bélouve, qui avait commencé ce travail de déconstruction dans son livre, démolit complètement l'argumentation de N. Stern et surtout démontre que sous couvert de science, le travail de ce monsieur et de son équipe ne sont qu'une entreprise idéologique de désinformation de l'opinion, récupérée par des décideurs politiques, qui ne pouvaient ignorer la très faible valeur scientifique de ce travail, à des fins purement démagogiques... au mieux !
Je vous encourage à lire l'intégralité de l'article de JM Bélouve (Institut Turgot ou Institut Hayek).
Cependant, le texte étant assez long, malgré une volonté de clarté pédagogique qui le rend très accessible, je livre aux gens pressés un "résumé pour décideurs" maison.
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Réchauffement Climatique:
Le rapport Stern, une gigantesque mystification
résumé
Nicholas Stern n'est pas le seul économiste de renom à avoir étudié les possibles conséquences économiques du réchauffement climatique imputé aux activités humaines par le GIEC, organisme politique aux méthodes très contestées, émanant de l'ONU, dans le but avoué d'étudier les "causes humaines du réchauffement climatique", ce qui oriente ses conclusions...
MM. Nordhaus, Tol ou Mendelsohn, tout aussi titrés que M. Stern, ont publié des rapports partant des mêmes hypothèses que celles de M. Stern (ils ne remettent pas en cause la partie scientifique des discours du GIEC sur le rôle du CO2, estimant que ce n'est pas leur rôle), mais parviennent à des conclusions économiques totalement différentes: Le coût du réchauffement pour l'humanité serait beaucoup moins élevé que ce qu'en dit M. Stern, par contre, le rapport du Lord britannique sous-estime gravement les coûts des politiques actuelles de "lutte contre le changement climatique". Pourtant, seuls les travaux de M. Stern ont été jugés dignes d'intérêt par les décideurs politiques et les médias.
Il convient d'approfondir, en langage compréhensible, les raisons de ces divergences. Les rapports de MM. Nordhaus, Tol et Mendelsohn apportent chacun des éléments de réfutation, et une relecture approfondie du rapport montre qu'il y a encore quelques "vérités qui dérangent" à découvrir sur les manipulations de M. Stern.
- La documentation des données, hypothèses et méthodes de calculs retenues par le rapport Stern est lacunaire. Il est quasi impossible au lecteur de comprendre de façon précise ce qu’il y a dans les calculs à la base du Rapport Stern ; il ne donne que trop peu d’informations dans de nombreux cas. La reproductibilité fait partie, bien entendu, des critères cruciaux de la méthode scientifique. Le rapport Stern est particulièrement faible à cet égard.
-- Les scénarios d'évolution climatique du rapport Stern sont des amplifications des scénarios les plus pessimistes du GIEC. Certaines hypothèses du rapport proviennent de publications scientifiques non retenues par le GIEC, et évidemment catastrophistes.
-- Le rapport Stern prétend modéliser des hypothèses d'évolution de la société jusqu'en l'an 2200, comme si des économistes réfléchissant à l'avenir du monde en 1905 avaient prétendu pouvoir en prévoir l'évolution, sans bien évidemment avoir pu imaginer l'essor de l'automobile, de l'aviation, de la pilule contraceptive, de la télévision, de l'informatique, des antibiotiques, mais aussi du nazisme, de l'URSS, etc... Cependant, les hypothèses retenues par le rapport estiment que la capacité d'adaptation de l'espèce humaine aux défis que la nature lui impose est nulle, ce qui, évidemment, diverge complètement de la réalité économique, le développement des communautés humaines accroissant considérablement leur efficacité à se préserver des conséquences éventuellement néfastes d'un changement, à s’adapter, et à profiter des opportunités qu’offre le changement.
-- Le rapport Stern attribue une "utilité marginale" différente à un dollar de PIB gagné ou perdu par les pays du tiers monde par rapport aux pays déjà riches, ce que l'on peut concevoir, mais les coefficients retenus, non justifiés, conduisent à faire porter une part considérable de l'effort de réduction des émissions de GES sur les pays développés. Il ne semble y avoir aucune autre justification qu'idéologique à la base des choix de M. Stern.
-- Le taux d'actualisation des dépenses actuelles et futures retenu par Nicholas Stern, afin de rendre comparables des dépenses et des recettes en 2010 ou en 2200, est de 0,1%. Ce taux est inhabituellement faible et déroge à toutes les pratiques jugées correctes par la science économique en général. En prenant des hypothèses d'actualisation des coûts plus conformes à la norme usuelle, on aboutit à des calculs d'impacts du changement climatique 50 à 100 fois moins élevés en 2100 que ce que calcule M. Stern, mais par contre, on augmente dans des proportions tout aussi importante le coût de la mitigation du changement climatique par les technologies d'aujourd'hui. Les justifications du taux retenu par M. Stern relèvent du préjugé idéologique et non de la science.
-- Les modèles de simulation du futur utilisés par M. Stern utilisent la méthode de Monte-Carlo. Dans de tels modèles, on fait exécuter des centaines ou des milliers de simulations en faisant varier légèrement les données initiales et observe la survenue « virtuelle » des événements incertains, ainsi que la distribution de leurs occurrences.
La méthode de Monte Carlo est performante quand on l’utilise, par exemple, pour permettre l’évaluation approchée d’une caractéristique présente, mais difficile à mesurer, d’objets connus affectés de complexité (ex : circulation des grains de pollen dans l’atmosphère, études d’écoulements turbulents, etc.). Appliquée aux événements, lointains dans le futur et incertains, d’un système complexe, elle est hasardeuse. Or l'on dénombre dans le modèle de Stern pas moins de 79 variables aléatoires et non indépendantes traitées par la méthode de Monte-Carlo. La méthode employée par la modélisation est donc inappropriée.
-- Pour contourner cette difficulté, le rapport Stern réduit systématiquement ces 79 variables aux hypothèses les plus pessimistes existantes, alors que statistiquement, rien ne prouve que l'option la plus probable est celle qui combine tous les désastres.
-- Le rapport ne comptabilise jamais les coûts et externalités des solutions préconisées pour lutter contre le réchauffement: perte de valeur des terrains à proximité d'éoliennes, coût de la stérilisation de surfaces agricoles pour produire des agrocarburants ou implanter des centrales solaires, coûts écologique non nul de solutions telles que l'énergie éolienne ou le photovoltaïques, gourmands en énergie, eau, métaux rares, lors de leur fabrication, et en espace lors de leur déploiement.
-- Le corps du rapport Stern évalue les dommages dûs au Réchauffement Climatique non en termes de PIB, mais en terme de "BGE", ou "Balanced Growth Equivalent", une variable établie à partir du PIB et "pondérée" par une valorisation putative de la variation du "bien être" de chaque être humain, variable en fonction de son appartenance à un pays riche ou pauvre, et dégradé par le réchauffement, jamais amélioré. Dans le corps du rapport, c'est cette "croissance pondérée du bien être" ou "équivalent de croissance ajustée" qui est supposée se réduire de 5% par an minimum, et jusqu'à 20%, si nous ne faisons rien. Il est à noter que les justifications données par M. Stern sur le calcul de ce BGE sont uniquement fondées sur des considérations morales subjectives, éloignées de toute forme de neutralité scientifique.
-- Ultime supercherie: le rapport Stern, dans son résumé pour décideurs, à cette notion de "BGE" créée de toutes pièces pour produire des tendances catastrophistes dans le corps du rapport, substitue le PIB sans la moindre explication, pour affirmer avec aplomb que : "si l’on ne réagit pas, les coûts et les risques globaux du changement climatique seront équivalents à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année, aujourd’hui et pour toujours. Si l’on prend en compte un éventail plus vaste de risques et de conséquences, les estimations des dommages pourraient s’élever à 20 % du PIB ou plus" (PDF).
En V.O: "the Review estimates that if we don’t act, the overall costs and risks of climate change will be equivalent to losing at least 5% of global GDP each year, now and forever". (PDF)
-- Une telle affirmation, correspondant à un véritable armaggedon financier, est tellement fantaisiste qu'elle aurait dû discréditer immédiatement le rapport et ses auteurs auprès des décideurs. On imagine très mal qu'une variation, fut elle effective, de 5°C en 100 ans soit 0,05°/an de la température terrestre, cause de telles disruptions que le PIB en soit si gravement affecté. Pourtant, Tony Blair, son commanditaire, s'est servi de ces prévisions pour déclencher une politique "verte" des plus dispendieuse, très vite rejoint par de nombreux autres gouvernements, dont le nôtre.
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Il apparait donc que le rapport Stern accumule tant de biais qu'il est inenvisageable que ceux-ci ne soient que le produit de l'incompétence de ses rédacteurs. Nous sommes en présence d'une authentique entreprise de désinformation, une mystification dont les calculs alambiqués, sous couvert de science, ont été fabriqués pour justifier a posteriori une conclusion catastrophiste pré-établie.
On ne peut que s'interroger sur les motivations réelles des gouvernants qui ont utilisé ce rapport si manifestement inepte, et qui ont ignoré les critiques qui en ont été faites, pour lancer nos économies sur la voie de programmes de "lutte contre le réchauffement" aux coûts absolument délirants.
(rapport intégral)
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Dossier "Réchauffement Climatique" d'Ob'Lib'
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Addendum : A propos de Nicholas Stern
Nicholas Stern peut bien parsemer son rapport de considérations morales, il n'en reste pas moins que l'aristocratie du changement climatique ne s'embarasse pas trop de préjugés pro-démocratiques. Ainsi, en 2007, Sir Nicholas, l'UNESCO, le WWF et l'architecte vedette Norman Foster couvraient d'éloges le projet du fils Khadafi de créer la première "éco-région" durable en Lybie (source : "green futures", avril 2007- Hat Tip: GWPF).
The Libyan government has announced the creation of what it claims is "the world’s first sustainable region". It’s backed by architects Foster and Partners, enthusiastically endorsed by Sir Nicholas Stern – and directed by the Colonel’s son, Saif al-Islam Gaddafi.
The Green Mountain Conservation and Development Authority (GMCDA) will cover the northeastern region of Jabal al Akhdar (literally, ‘Green Mountain’). This encompasses several of the country’s major cities, including Benghazi, and stretches from the coast inland to a plateau featuring junipers, cypresses and wild olives. According to Norman Foster, it’s "one of the most beautiful and little known landscapes on earth"…
Sir Nicholas Stern… has given his blessing: "If we are to avoid the catastrophic effects of climate change… we need urgently to build new economic and social models of development on a substantial scale. The GMCDA will show how environmental and cultural objectives can help to build a thriving and sustainable local economy in a crucial part of the world." Among other organisations involved are UNESCO, WWF and the Prince of Wales School of Traditional Arts.
La bénédiction de Sir Nicholas Stern au régime Khadafi pour bâtir de nouveaux modèles de société "soutenables"... Et c'est cet homme qui influence la politique mondiale en matière climatique !
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