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Henri Dumas

Henri Dumas

Libéral convaincu,  je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com

 
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Le grand distributeur Carrefour va mal

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Ce n’est pas moi qui le dis cette semaine, c’est la presse subventionnée.

Moi, je l’ai dit en Décembre 1973. Personne ne s’en souvient, évidemment. Pourquoi quelqu’un s’en souviendrait-il ? Paris-Match ne m’avait pas relayé à l’époque – entre nous, aujourd’hui non plus —

En ce temps là, un simple d’esprit a marqué les esprits en liant son nom à une loi particulièrement stupide, la loi Royer.

Il s’agissait de protéger les « petits commerçants » des futurs « gros distributeurs »alors en gestation avancée.

L’erreur de diagnostic était qu’il ne s’agissait pas d’une lutte des petits commerçants contre les gros commerçants, mais d’une nouvelle façon de consommer.

Les acteurs de la mutation n’étaient pas les commerçants mais les consommateurs. C’est la règle de toute économie, le maître est incontestablement le consommateur, ce ne sont ni l’industriel ni le distributeur qui commandent. Il était donc stupide de légiférer entre commerçants, puisque les responsables étaient les consommateurs.

La suite, parfaitement prévisible, de notre loi Royer fut que les petits moururent quand même mais surtout que les gros se trouvèrent protégés par une rente de situation liée au blocage artificiel des implantations. Que la concurrence fut pipée, éliminée.

Je passe sous silence les incroyables pots-de-vin, par valises complètes, que perçurent les politiques qui octroyaient les autorisations d’implantation.

Normalement, tout le monde aurait dû finir en prison.

Et bien non, cela c’est fini par une loi qui a blanchi les protagonistes, qui régit maintenant l’incroyable usine à gaz qui finance grassement la politique – alors que cette activité devrait-être bénévole –

La financiarisation de la politique fut le tombeau de sa crédibilité, elle ne finit pas de voir ces pauvres types agonir, pour notre plus grand malheur. Leur agonie se répand comme la gangrène.

Ceci dit, il n’y avait pas besoin d’être grand clair pour comprendre que ces situations de monopole accordées au commerce allaient générer des monstres patauds, vautrés dans ce monopole, donc insignifiants, qui un jour mourraient d’obésité et d’inertie.

Nous y sommes. Après avoir joué les cadors à travers le monde sans grande réussite, parce qu’intervenant avec des fonds gagnés sans effort, nos grands distributeurs sont en passe de se trouver très mal.

Et oui, le monde de l’économie est un monde d’équilibre qui doit être en perpétuelle insécurité. La force de ceux qui s’intéressent à cette activité est puisée justement dans l’adresse nécessaire pour rester en équilibre. La concurrence est là pour entretenir la fragilité qui fait la force de l’économie, son attrait.

Une nouvelle mutation des consommateurs a pris de court nos distributeurs grassouillets, gravement. Peu de chance qu’ils puissent revenir dans le coup.

Mais, et c’est le hic — en tout cas pour une société qui a complètement perdu de vue que la vie n’est que risques et instabilité — chaque gros distributeur a plus de 100.000 employés, à qui l’on a promis avenir serein, sécurité de l’emploi, etc…

L’avenir prévisible est assez clair.

Comment une classe politique, qui s’agite avec frénésie pour protéger ses prébendes lorsque 50 ou 100 emplois sont menacés, pourrait-elle ne rien faire lorsque le problème se pose pour plusieurs centaines de milliers ?

D’abord, évidemment, comme bêtement ce pauvre Royer, les politiques vont agir sur le commerce, alors que la mutation est une nouvelle fois chez les consommateurs. Ils vont tenter de contraindre ces derniers, peine perdue, cela ne marche jamais.

Puis ils vont probablement essayer de sauver le modèle périmée de la grande distribution en paralysant ses évolutions du type complexe polyvalent, ce qui est déjà en cours et va empirer.

Et enfin, ils vont mettre la main à la poche pour soutenir avec de l’argent public, cette grande distribution débordée.

Ils seront facilement convaincus, ils se rêvent déjà fixant les prix d’achat aux producteurs et bloquant les prix de vente pour les consommateurs.

Ils nationaliseront, à terme, la distribution.

Et là, bingo, quelques années plus tard, les rayons seront vides. La pénurie, qui est une constante lors de toutes leurs interventions, sera la règle.

Voir venir, une qualité ou un défaut ?

Je ne sais pas, bien que je sois un peu affublé de cette particularité, qui n’est pas de tout repos, loin sans faut.

Je peux simplement vous dire deux choses

– On ne voit, relativement, les conséquences à des décennies des décisions prises aujourd’hui que pour des domaines et en des lieux que l’on connait parfaitement, c’est-à-dire en peu de choses.

– En conséquence, trouver celui qui sait est tâche ardue. La démocratie en est incapable.

Donc nous sommes condamnés à avancer à l’aveugle.

Celui qui voit ne peut nous être d’aucun secours s’il n’est pas celui qui décide. Et, celui qui décide n’est jamais mis en place parce qu’il est celui qui voit, mais pour des raisons liées au hasard ou à des motifs non attachés à ses compétences de vision.

C’est ce qui explique le nombre si restreint d’hommes politiques qui maitrisent l’action et ses conséquences dans le temps.

Bien cordialement. H. Dumas
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