Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Le chef, le sorcier et le dindon, ou la valse des pouvoirs
Audience de l'article : 2333 lecturesIl commande la force avec laquelle il impose sa volonté. Il peut faire croire qu’il exerce le pouvoir au nom de tous. Alors il ment, ne représentant au mieux que ceux qui ont directement voté pour lui au premier tour en toute lucidité, qui ne sont donc en réalité qu’une poignée de copains.
Il peut aussi tout simplement se proclamer chef de la force, point barre, pas besoin de vote. Sous réserve que celle-ci lui obéisse, ce qui n’est pas gagné.
Les racines du pouvoir du chef sont inscrites dans le passé et son exercice limité au présent.
L’avenir n’est pas son domaine, il est celui du sorcier.
Lui seul détient ce pouvoir par sa connaissance prétendue de l’avenir et la peur qu’il inspire.
En réalité
Le pouvoir n’est que le fruit de la peur que chefs et sorciers cultivent jour et nuit, avec application et sans interruption.
Le dindon c’est vous et moi, c’est celui à qui la peur dicte sa soumission, à juste titre.
En démocratie, le jour des élections les candidats se prétendent sorciers en prévoyant l’avenir. Dès leur élection passée, ils ne sont plus que chefs.
“Il manque alors le sorcier” direz-vous, en rajoutant “c’est parce que nous ne sommes pas une bande de sauvages mais une société avancée, rationnelle, intelligente qui n’a pas besoin de sorcier”.
Détrompez-vous, nul ne peut se passer du sorcier.
“Il est loin le temps où la Pythie de Delphes délivrait ses oracles sous l’emprise de gaz hallucinatoires, où les haruspices se concentraient sur les entrailles de poulet pour connaître le sort à venir de l’humanité, ou de leurs dindons” pensez-vous.
Pas si sûr.
Les algorithmes de nos prédicateurs actuels ne sont pas très différents des entrailles des animaux sacrifiés et leur délire hallucinatoire est directement gazeux…
Si nous avions à hiérarchiser tout cela, je dirais que le pouvoir du sorcier est plus puissant que celui du chef, les peurs qu’il inspire sont plus insaisissables, mais évidemment plus incertaines plus difficiles à manier.
C’est bien pourquoi, en règle générale, les deux sont systématiquement associés dans l’exercice du pouvoir pour soumettre les dindons.
Dans nos démocraties, dites avancées, les hommes de l’Etat sont les chefs, l’administration centrale la sorcière — on remarquera la parité —
L’administration planifie, donc prédit, le politicien contraint en fonction de la prédiction.
Les prêtres de la sorcellerie font polytechnique ceux de la chefferie l’ENA. Certains font les deux.
Et les dindons ? Ils morflent.
Ils ont peur, une peur panique. On les comprend. On fait appel à leur intelligence. Mais que peut l’intelligence face à la peur ? Cette peur liée à la mort, qui vient du fond des âges, effectivement à juste titre.
Les progrès de l’humanité ?
Ils ne sont pas pour les dindons. Ils en seront exclus jusqu’au jour où ils prendront conscience qu’il n’est nul besoin de chef, que la peur est la compagne incontournable de notre vie, que nous sommes tenus de l’affronter seuls, que nul ne peut le faire à notre place.
Mais, est-on sûr que les dindons ne savent pas dès le départ qu’ils vont finir sur la table, dévorés à belles dents ? Que ce n’est pas leur choix de vie ?
Que c’est lorsqu’ils prétendent le contraire qu’ils mentent ?
Vaste sujet …
Si les dindons voulaient la liberté ils l’assumeraient, ils ne se contenteraient pas d’en faire un simple slogan…
Bien à vous. H. Dumas