Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
L'égalité me fait peur
Audience de l'article : 1624 lecturesJeunes et fougueuses elles sont pleines de projets, elles se voient réussissant mieux que les autres, plus fortes, plus riches, plus protectrices pour leurs membres, imposant aux autres sociétés leur force et leur rythme, voire les soumettant.
Puis leur vie passe, faite de réussites et d’erreurs, jusqu’au jour où elles vieillissent.
Ce jour-là, comme chacun de nous, les sociétés se demandent si elles ont atteint tous leurs objectifs, elles ont quelques regrets, le doute les amène, pour certaines, à penser qu’elles auraient pu agir autrement, mieux, plus tendrement. Elles sont dans le questionnement paralysant.
Alors qu’elles voient autour d’elles les nouvelles sociétés naître, avoir des ambitions, imaginer les soumettre, elles sont fatalement sur la défensive, elles ne veulent pas être soumises, mourir, et pourtant…
Pendant tout le temps de leur parcours, les sociétés rêvent-elles d’égalité ?
Je ne le crois pas. Je crois que c’est un rêve de décadence, de proximité de la fin. Lorsqu’elles sont envahies par ce syndrome, elles sont proches de la disparition.
Je m’explique
D’abord, que cela soit clair, je ne suis pas un fanatique de l’inégalité. Comme tout le monde je préfèrerais l’égalité, mais je tourne et retourne le problème et je ne vois nulle part l’égalité sur cette terre, en rien, jamais.
Sauf, et c’est important, dans la mort. Je veux dire que le jour de notre mort il semble que, dans le même temps, nous perdions tout ce qui nous rendait différents en plus ou en moins en fait inégaux. Nous voilà donc égaux, mais morts.
Je n’ai pas dit égaux devant la mort. Car juste avant, au contraire, on dirait que l’inégalité s’éclate, est prise de folie, atteint son paroxysme. Cela va du chanceux qui meurt dans son lit sans le percevoir, à celui qui meurt dans les pires souffrances, sans que cette différence ait un rapport avec le vécu. Elle est plutôt liée au hasard, comme un air de provocation face à l’idée d’égalité.
L’égalité me fait peur.
Vous l’avez compris, je l’assimile à la mort.
Toutes les religions, qui se targuent de comprendre quelque chose à la vie et de connaître la suite, projettent systématiquement l’inégalité dans la mort. Intéressant, non ?
Mais cette inégalité — qui serait insupportable de notre vivant — devient une récompense après la mort.
L’enfer sur terre n’a pas droit de cité, pas plus que le paradis, mais, dans l’au-delà, l’enfer est la juste punition de la vie dissolue et le paradis la juste récompense de la même vie mais conforme aux règles.
Donc égalitariste ici-bas mais atrocement sélectif aux cieux…c’est le credo des bien-pensants.
Je ne vous cache pas que cela me gêne.
Je ne tiens pas en grande estime les égalitaristes. Je ne comprends pas leurs objectifs, leurs méthodes de pensée, leur comportement.
Retour au départ
Je crois que les égalitaristes sont étroitement liés à l’idée de mort ; qu’ils sont le signe absolu de la fin de cycle d’une société, de sa disparition programmée. Ils précèdent inconsciemment la réalité, la survenance de l’égalité par la mort.
C’est ce qui me fait peur.
Et, objectivement, il y a de quoi. Car ils sont si convaincus de leur bon droit qu’ils sont prêts justement à tuer pout aboutir.
Leurs lois sont aussi effrayantes que celles qui condamnaient l’esclave en révolte et qui protégeaient l’esclavagiste. Ce sont des lois inhumaines, des accidents de société, qui touchent particulièrement les sociétés décadentes, proches de la fin.
Le groupe se donne toujours des règles dans lesquelles l’individu est contraint. Lorsque la société est conquérante, les retours compensent les contraintes, lorsqu’elle est décadente au contraire les contraintes tuent les individus. Il s’agit d’une sorte de suicide collectif, inconscient.
C’est ainsi que je ressens toutes les agressions que je subis au titre de l’égalitarisme, de la part des égalitaristes.
Paradoxalement, je ne leur en veux pas. Je crois qu’ils sont les jouets d’une société qui se meurt, que rien ne peut empêcher qu’elle se meure, c’est son cycle, il s’impose, rien ne peut le modifier. Place aux jeunes sociétés… hélas, pas aux jeunes individus qui composent notre vieille société, ils sont comme nous tous des pions du groupe.
Bien à vous. H. Dumas