Henri Dumas
(Accéder à la liste de tous mes articles)
Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Ils sont objectivement passibles d'un tribunal international
Audience de l'article : 1713 lecturesNous sommes en 1964, j’ai vingt ans et je suis en stage pour six mois aux Mutuelles du Mans. Celui qui deviendra rapidement un de mes amis le plus précieux veut faire de moi un assureur.
Il a beaucoup de courage, à cette époque peu de gens misent sur ma personne, ce n’est pas que je suis complètement abruti, mais je suis moqueur et parait-il irrespectueux du système (déjà).
Je sors de dix ans d’études secondaires pendant lesquelles mon activité principale a été de rire et de faire rire. Aujourd’hui je serais peut-être devenu humoriste.
A cette époque, cette activité n’existait pas. On était comique, tels Bourvil, Fernandel et surtout Fernand Reynaud. Le gestuel dans cette profession était alors prépondérant. Ce n’était pas mon outil.
Donc, allons pour les Mutuelles du Mans. J’y fus un auditeur indiscipliné mais curieux.
La bible tarifaire des assurances incendie me séduisait, les courbes de probabilité des assurances automobile aussi, c’est lorsque l’on arriva à l’assurance vie et retraite que les choses se gâtèrent.
Je suis alors entré en conflit direct avec le chargé de cours.
A cette époque les assureurs prétendaient prélever des cotisations à partir desquelles ils s’engageaient à fournir aux cotisants des retraites confortables, sous réserve de cotisations elles aussi confortables.
Mais ils commençaient par se servir. En effet la première année de cotisation était d’emblée la rémunération de l’apporteur d’affaire, de celui qui vous faisait signer le contrat.
A cette époque une inflation sévère plombait l’économie et la stabilité des capitaux. Il me paraissait évident que les responsables qui m’enseignaient n’avaient nullement les moyens de placer l’argent qu’ils récoltaient de telle sorte qu’ils puissent verser réellement les retraites qu’ils annonçaient.
Cette idée de retraite garantie me paraissait une escroquerie, je m’en suis ouvert au chargé de cours. Rajoutant que la retraite ne pouvait être qu’une démarche personnelle, une prise de risque sur le temps que seul chacun peut évaluer.
Vous vous doutez que la chose n’a pas vraiment plu.
Cependant nous n’étions plus à l’école mais entre gens de bonne compagnie, futurs agents d’assurance qui allaient au sortir des cours acheter une agence et rapporter à la structure, tout était donc feutré.
Le rapport sur mon compte en fin de stage fut presque élogieux, ventant mon originalité, mais déconseillant à mon mentor de me lancer dans ce beau métier de l’assurance, sachant qu’à cette époque l’assurance vie et retraite était la principale source de revenu d’un assureur.
Je ne fus donc pas assureur.
Fidèle à ma pensée de l’époque je n’ai jamais cotisé plus que le minimum à des assurances vie ou retraite. Parallèlement, j’ai appliqué mes principes et je me suis constitué un capital immobilier pour couvrir ma retraite.
Je pensais que le compte était bon. J’avais tout faux.
Suivez-moi bien, j’étais le seul à analyser la situation telle que je viens de vous le dire. Tous les autres croyaient à cette fadaise de retraite garantie pour laquelle il suffirait de cotiser, pendant que d’autres feraient fructifier l’argent récolté et le distribueraient largement ensuite.
Face à cette hallucination collective la folie s’est emparée du pays. Tous n’eurent pour but que la retraite.
Ceux qui ont inventé ce bidule et répandu ce mensonge n’ont eu d’autre moyen que de le noyer dans une avalanche de cadeaux tous plus irréalistes les uns que les autres. Ils vont de l’accès gratuits aux soins aux vacances surabondantes et autres balivernes.
Evidemment, très vite les caisses ont été vides, elles le sont depuis des dizaines d’années.
Mais le mensonge, si séduisant, à la peau dure. Alors, pour le maintenir, il a fallu d’abord voler ceux qui, comme moi, faisaient leurs petites affaires tout seuls, les prévoyants, les économes.
En ce qui me concerne, ils m’ont tout pris.
Mais cela n’a pas suffi, il a fallu aussi faire de la fausse monnaie pour faire croire que le miracle était bien réel. Jésus a multiplié les petits pains sans l’aide de Poilane, ils ont eux multiplié de la même façon les billets de banque en catimini.
A ce jour, nous ne sommes pas loin du drame, les gens comme moi sont tous dépossédés, la masse des faux billets donne le tournis à l’économie.
L’effondrement est proche. D’où ma question :
“Ces gens qui ont sciemment menti, qui nous ont dépossédé des fruits de notre travail, qui ont ruiné ce pays par ces mensonges honteux, seront-ils un jour jugés, comme des criminels de guerre ?”
Leurs ravages ne sont pas si différents de ceux de la guerre. Je crois sincèrement qu’ils devaient l’être.
Bien cordialement. H. Dumas