En tant que lecteur ordinaire je dirais que la façon de l’auteur — un peu initiatique et snob — de décrire l’ambiance et les situations me gêne.
Mais en fait, le but émotionnel pourrait-il être atteint plus simplement ? Ce n’est pas certain puisque tout en ce couple n’est qu’ambiguïté et snobisme.
Ce que j’ai découvert
D’abord l’immaturité situationnelle de Macron.
Comme tout le monde, j’avais été sidéré par la fameuse romance qui consiste à se sauter sa prof de français — rêve lubrique de tous les lycéens qui finit toujours très mal s’il se réalise — pour finir avec elle à la Présidence de la République.
La réalité Macron qui apparait dans l’ouvrage est plus complexe et en même temps tellement évidente qu’elle ne m’avait pas sauté aux yeux.
Ce garçon n’a pas eu de jeunesse, de vie.
Cornaqué par sa grand’mère, il s’est retrouvé sous les influences croisées de deux femmes du même âge, sa mère et sa conquête. Ce triumvirat de choc, en compétition entre elles, n’avait qu’un seul but, en faire un érudit.
Elles lui apportèrent tout pour qu’à aucun moment il ne soit distrait du but. Donc pas de jeunesse, pas de folie, pas de vie pour ce garçon docile et devenu le champion prévu, à l’exclusion de toute autre expérience.
C’est le Rafael Nadal de l’érudition.
La question qui surgit : en quoi cet exploit prédispose-t-il à diriger un pays ? En rien.
C’est la deuxième découverte
Chaque jour qui passe, Macron s’escrime à essayer de comprendre la vraie vie qu’il ne connait pas. Il questionne tout le temps et tout le monde.
Evidemment, placé où il est, il ne reçoit que des réponses falsifiées.
Il est, objectivement, le jeune prince arrivé prématurément sur le trône que les régentes initient. C’est nous qui payons la facture de sa formation sur le tas.
Nous ne sommes pas en monarchie, il y a peu de chance qu’il dispose du temps suffisant pour parfaire sa formation, nous ne saurons donc sans doute jamais s’il était doué pour le poste.
C’est la troisième découverte
Il n’a pas les réflexes voulus pour commander.
Les réponses qu’il obtient aux questions qu’il pose ne lui servent à rien, elles ne peuvent pas remplacer l’expérience. Pas plus que les questions que vous posez à votre moniteur d’auto-école ne peuvent remplacer les milliers de kilomètres nécessaires pour savoir conduire.
Que les réponses qu’il obtient viennent d’un administratif ou d’un privé, inexorablement elles incluent un biais du fait de sa position au sommet du pouvoir.
Que faire d’un retour biaisé ?
C’est donc autour de lui la pétaudière intégrale. Nous le devinions. Notre société est verrouillée par son administration, l’amicale des fonctionnaires qui la contrôle y trouve son avantage, alors les fuites sont rares.
Il faut ce livre pour lire ceci : “… il a un entourage qui est vraiment très faible. Très, très faible. Il ne fait pas confiance aux autres, parce qu’il n’a pas confiance en lui…. Emmanuel croit en lui, croit en son étoile, si ce n’est qu’il a peu confiance en lui. Ça se voit dans ses décisions, dans ses arbitrages, il hésite un temps fou avant de trancher, de nommer, ses hésitations sont le reflet de celles qu’il a sur lui-même… ne s’en sortent autour de lui que ceux qui sont très forts, très solides, très durs, qui ne demandent pas l’autorisation pour aller pisser, parce que de toute façon il ne sait pas leur répondre…”
La personne à qui l’auteur donne ici la parole se trompe il me semble.
Si Macron doute et pose des questions, c’est qu’il est probablement très intelligent. A la place où il se trouve, il aurait pu prendre le melon et cacher par un excès d’autorité sa totale inexpérience.
Donc ne lui jetons pas la pierre, mais actons que son parcours en a fait un être hors sol, loin de toute réalité, qu’à plus de quarante-trois ans ces manques ne sont plus rattrapables. Pour reprendre Nadal, heureusement pour lui qu’il ne s’est pas mis au tennis à quarante-trois ans…
Enfin la quatrième découverte
L’initiatrice est superficielle. Distante de l’orbite dans laquelle elle a envoyé son satellite, qu’elle aurait plutôt vu dans la littérature, le théâtre, la peinture, etc… tout sauf la vraie vie.
Brigitte Macron observe — ravie a-t-on l’impression — sa peluche se crocheter avec les bouffeurs de peluche. Pour elle l’expérience est limitée dans le temps, elle peut donc n’être que simple curiosité.
Sauf quand ça cogne fort, là elle craint.
Marionnette Macron ? Peut-on aller jusque là ? Franchement je ne le crois pas.
Décalé, tétanisé par les enjeux ? Oui, je le pense.
Sincère, surpris par le pouvoir et ses marigots peu ragoutants ? c’est ainsi que je le vois. Donc incapable de répondre aux besoins du pays, comme Mikhaïl Gorbatchev a qui je le compare depuis le début.
Bien à vous. H. Dumas