Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Huis clos à trois personnages
Audience de l'article : 1796 lecturesSont en scène : Emmanuel Macron, Brigitte Trogneux et la France.
N’en déplaise aux tenants ou tenantes de l’égalité parfaite des sexes, si Emmanuel Macron avait été une jeune fille de quinze ans séduite par son professeur de français, celui-ci serait directement passé par la case prison.
Brigitte Trogneux ne doit son impunité sociale, face à cet « abus » sexuel, qu’à sa condition de femme.
Que les choses soient claires, je ne juge pas Madame Trogneux, pas plus que le jeune Macron. Ma conviction profonde en matière sexuelle est la tolérance et le respect des aspirations de chacun, ce qui d’ailleurs m’avait amené en son temps à ne pas accabler avec la foule ce pauvre Strauss Kahn pourtant en grande difficulté.
Il n’empêche que les émotions sexuelles — et leur impact social ce n’est pas Freud qui me contredira –, y compris et surtout les premières, conditionnent notre vie.
Donc la victoire, dans l’instant, du beau lycéen qui séduit, ou se fait séduire, par la « prof de français vachement séduisante » évidemment objet de toutes les convoitises masculines pubères, a eu fatalement des conséquences sur la psychologie du dit lycéen.
Le fait que dans ce type de situation la gravité des conséquences soit reconnue socialement dans le sens professeur homme et élève femme, beaucoup moins dans l’autre sens, ne change rien à l’affaire, l’impact dans les deux cas est immense.
Les cas équivalents que j’ai eu à connaître se sont tous mal terminés. Divulgation et réprobation des faits, avec assez souvent une fin sinistre du type suicide de la professeur et anéantissement du jeune garçon.
Ici le jeune homme assume jusqu’au bout. Il relève le défi social. Il entre en conflit familial. Ils s’isolent, mais perdurent dans cet acte hors conventions sociales.
C’est donc la fuite en avant. La situation devient le moteur d’une posture évidemment libérale — au moins moralement — détachée des tabous et de la bienséance, insensible en apparence au jugement des autres.
Soudain, ou de longue date, cette posture devient nationale, il conquiert la France pour effacer l’anomalie de la pérennité de son écart juvénile, qui habituellement n’est qu’un feu de paille, un incident de jeunesse.
Ainsi l’écart de l’époque aurait pu être anodin, voire ordinaire, mais le jugement des autres a dû gêner le jeune Macron, puis l’adulte, au point qu’il décide de le transformer en choix de vie.
Il lutte pour effacer la désapprobation générale que le temps, indifférent, expose chaque jour d’avantage.
C’est aussi une désapprobation morale de la majorité par automatisme et propagande sociétaux. Mais c’est aussi un fantasme partagé par le plus grand nombre, quoique redouté.
Il doit vaincre tout cela.
Aujourd’hui il gagne. Mais, son élection est un début en même temps qu’une fin.
Une fin parce que la rumeur, cette salope, est vaincue. L’interdit transformé en conte de fées. Au moins momentanément.
Un début parce que le problème reste entier, vu de l’extérieur et évidemment aussi dans la tête des personnages.
C’est ici que la pièce et son intrigue s’emballent. La situation devient haletante.
Les trois personnages sont enfermés dans un huis clos sans issue. Macron, Trogneux et la France cohabitent, sans pouvoir échapper à l’intrigue, dont la présence n’a aucune chance de devenir discrète.
Quelles sont les évolutions possibles ?
De mon point de vue il y en a deux.
Dans le premier cas la situation reste ce qu’elle est. Le Président Macron devra alors s’imposer chaque jour davantage, face à lui-même et face aux autres. Des dérives autoritaires ou des déstructurations systématiques des conventions de tout ordre sont à craindre.
Mais, tenace: « jusque dans la tombe l’œil regardera Caïn ». C’est pourquoi il n’y aura pour lui nul repos à faire taire les gémissements du rituel qu’il a trahi. Evidemment, par contrecoup, pour nous non plus.
Pourvu que dans sa tête le problème ne devienne pas mondial. La pièce se jouerait toujours à trois, mais alors : lui, elle et le monde.
Dans le deuxième cas, Œdipe prend le pouvoir, il tue le père et la mère.
Apaisé par son élection qui valide son choix de l’époque, récompense sa lutte, Macron ne se sent plus lié par l’interdit.
Avec ou sans conflit, il vogue décomplexé vers d’autres formes de conquêtes, car c’est un conquérant doublé d’un tenace. Le conte de fées se délite dans le même temps que son auteur se relâche. La pièce se termine sans embrasement général.
Les trois acteurs reprennent chacun le cours d’une vie plus normalisée. Les égarements de ce type, redevenant l’exclusivité de Gala et autres journaux autour des starlettes traditionnellement spécialisées, quittent la scène politique.
Le huis clos s’ouvre, les trois acteurs retrouvent leur liberté, ils peuvent s’aimer ou se détester indépendamment de l’intrigue. La France respire.
Bon, sur ce… nous verrons bien la solution qui nous attend, celles-ci ou une autre totalement différente.
Le souffle de l’étrange nous caresse, peut-être nous emportera-t-il, nous aviserons. Ne boudons pas notre bonheur d’être les acteurs d’un tel vaudeville.
Bien cordialement. H. Dumas