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Henri Dumas

Henri Dumas

Libéral convaincu,  je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com

 
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Ces empires qui se font et se défont

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Un empire est le point le plus haut de l’expression d’un pouvoir. Il n’a que deux positions possibles : l’expansion et la régression.

Il pose la question du pouvoir, de ceux qui le donnent, de ceux qui l’assument en le prenant ou en le recevant.

L’acte de donner ou recevoir le pouvoir est la politique. La guerre, selon Clausewitz, étant la continuation sous une forme agressive et physique de la discussion politique.

L’empire romain

C’est la référence tarte à la crème du monde occidental.

Basé sur la seule richesse agraire, il fut une suite ininterrompue de guerres pour la conquête ou la défense de territoires – matière première des sociétés agraires –, accompagnées des pillages ad hoc.

Au début, les habitants de Rome se contentèrent de soumettre leurs voisins. Puis les voisins de leurs voisins, pour finir par la conquête de ce qu’ils considéraient comme le monde connu.

Structurellement il y avait une organisation politique classique, d’un côté ceux qui avaient le pouvoir, de l’autre leurs obligés qui se payaient le boulot.

Initialement le romain était à la fois soldat et cultivateur. Puis ceux-ci devinrent des notables au fil du temps, leurs obligés assumant la soldatesque.

Nous arrivons au point principal : l’armée.

Dans l’organisation sociale et politique de l’empire romain, de ses conquêtes, de sa croissance, l’armée devint naturellement l’outil essentiel.

Tant et si bien qu’elle put imposer aux tenants du pouvoir, au fil du temps, ses exigences. Au point même de faire ou de défaire les empereurs en lieu et place du sénat pourtant base originelle du pouvoir politique romain.

Cette puissance de l’armée permit aux soldats de s’octroyer des avantages de plus en plus déterminants. Qui allèrent jusqu’à nommer des usurpateurs, se prétendant empereurs, à partir de corps d’armée,

Le coût direct en salaires et avantages, le coût indirect en désordres politiques, en guerres civiles, eurent raison de l’empire romain. Sa disparition est liée à une faillite économique globale, dont la responsabilité est à mettre sur le compte des dérives économiques de son armée, de son coût devenu exorbitant.

Les notables décadents ne surent pas redresser la barre. Le pouvaient-ils ?

L’empire industriel occidental

Ce que l’on appelle aujourd’hui le monde occidental a tiré sa puissance, à partir du XVIIIe siècle, de l’industrie.

Au départ, inventeurs et acteurs étaient étroitement mêlés. Puis il s’est trouvé que l’industrie était un espace particulièrement favorable à la division du travail, connue depuis l’antiquité mais alors relativement marginale.

Les premiers notables de l’industrialisation levèrent, à partir de la division du travail, une armée d’ouvriers à leur service. Armée dont ils devinrent rapidement dépendants.  Troublante similitude avec nos notables terriens romains et leur armée de conquérants vitale pour eux.

Par ailleurs, rapidement l’industrie dut affronter une conséquence de sa propre existence, la concurrence et l’écoulement de sa production. La conquête s’imposait.

L’empire industriel occidental était en route. Il conquit la planète– ou ce qui était alors le nouveau monde connu — à l’aide de son armée d’ouvriers.

Assez rapidement, les notables furent sollicités par leur armée d’ouvriers qui réclamaient les avantages légitimement liés au fait que c’étaient eux qui se payaient le boulot.

Pour conserver le pouvoir, qu’ils ont fini évidemment par perdre, les notables de l’industrie ont dû octroyer des avantages au-delà de leurs possibilités économiques réelles.

Ce qui ne les empêcha pas de perdre le dit pouvoir et de voir celui-ci capté par ceux qui étaient précédemment leurs obligés : leurs salariés. Ceux-ci agissant tout particulièrement sous leur forme sociologique de regroupement inéluctable : la bureaucratie.

Nous en sommes là.

Tout comme l’ont fait précédemment les notables romains, les notables de l’empire industriel occidental contemporain pactisent actuellement avec des sociétés moins avancées et tentent d’exploiter dans ces sociétés d’autres armées d’ouvriers moins exigeantes en apparence, pas encore structurées en bureaucratie.

Cependant, tout comme l’armée de l’empire romain n’avait plus la possibilité de tirer de son activité le coût de son existence, les armées d’ouvriers de l’industrialisation n’ont plus la possibilité de tirer de celle-ci le coût de leur existence.

Le ou les empires industriels occidentaux sont en voie de disparition, par faillite, par surcoût de leurs armées salariales. Les sociétés qui se sont créées à partir de ces empires  sont aussi appelées à disparaître, par voie de conséquence.

Le monde dans lequel nous vivons est à la charnière d’une mutation politique, évidemment inconnue. Je veux parler d’une mutation dans l’accès et l’organisation politique des pouvoirs.

La sanction de la faillite étant la perte du pouvoir, c’est elle qui attend les cohortes d’ouvriers qui ont cru y accéder sans en évaluer le coût économique.

Evidemment, de la même façon que la prise du pouvoir par l’industrie n’a pas supprimé l’agriculture, la mutation actuelle du pouvoir ne va supprimer l’industrie, simplement ce n’est plus à travers elle que se conquerra le pouvoir.

D’une activité rentable à venir va naître une nouvelle forme de pouvoir et une nouvelle race de conquérants. Elle sera en mesure de payer ses armées, tout en capitalisant suffisamment pour soumettre politiquement le reste du monde connu.

Certains pensent que ce sera à partir de l’informatique. Je n’en sais rien.

J’espère simplement que cette mutation pourra se faire sans guerre, que seule la politique sous sa forme intellectuelle suffira.

Hélas, je n’en suis pas convaincu. Ce serait un évènement inhabituel tant les grandes mutations de pouvoir se font généralement dans le sang.

Cordialement. H. Dumas
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