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La Grèce, nouveau berceau de la civilisation européenne… en 2012 ?

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Aucun historien n’ignore l’importance prédominante de la civilisation grecque (sous ses différentes appellations suivant l’époque) sur le développement du bassin méditerranéen et donc sur l’Europe.

Peut-être qu’elle jouera à nouveau ce rôle, en influent directement sur l’avenir de l’Europe.

Il n’y a pas qu’en France qu’il y a eu des élections ce week-end. Nos amis grecs devaient aussi essayer au mieux d’accomplir leur devoir civique et de perpétuer tant bien que  mal leur invention: la démocratie.

Les résultats sont pour le moment surprenants. Enfin, je devrais plutôt dire « peu conventionnels » car cela ne me surprend pas vraiment je dois bien l’avouer.

Les deux parties « traditionnels » formant l’actuelle coalition, New Democraty (droite) et Pasok (gauche) obtiennent respectivement 18 et 15% environ, ce qui nous fait un tiers des voix.

Le principe c’est que ces deux parties sont d’accord pour subir les restrictions imposées à la Grèce, mais à part ça, c’est un peu comme s’il y avait une coalition UMP-PSen France. Forcément, un tel gouvernement ne va ni à droite, ni à gauche ni même au centre. Bref, il gère comme il peut l’urgence.

Ensuite, nous avons le Syriza (coalition de la gauche radicale) qui arrive en seconde position, devant les socialistes « classiques » du Pasok. Là on est déjà dans une gauche beaucoup plus dure, dont la particularité est notamment son rejet du fameux « bailout » et du plan d’austérité/remboursement de la dette grecque.

En 4ème position, il y a avec 11% des voix, les Independents Greeks, qui forment un nouveau parti officiellement anti-corruption. En schématisant, on va dire que ce sont les déçus des deux partis au pouvoir. Ils sont également contre l’application du bailout.

Vient ensuite le KKE avec 8% des voix. Vous remarquerez la faucille dans le logo. Ce parti n’a que peu de rapport avec le PC français. Nous sommes bien devant une extrême gauche très dure, dans le style de notre Arlette nationale et « ses travailleurs, travailleuses », avec des affiches de campagnes tout ce qu’il y a de plus soviétiques (des travailleurs heureux et souriants) et prônant une révolution anticapitaliste. Dois-je préciser ce qu’il pense de l’austérité pour rembourser la dette ?

Très étonnant, car je ne pense pas que 7% des grecs soient néo-nazis, nous trouvons avec 7% l’Aube Dorée qui est ouvertement néo-nazi. Attention, je ne parle pas d’extrême-droite, là nous sommes bien dans des défilés avec drapeau noirs et or, des saluts au bras tendus et autres joyeusetés. Il n’y a qu’à regarder le logo du parti: une svastika en « clé grecque » et des lauriers mussoliniens. Oui, des néo-nazis, vous savez, le genre qui va attaquer au couteau des gens dans la rue parce qu’ils ont les cheveux longs, le teint trop basané, un drapeau rouge dans la main.

A noter également la présence du LAOS, un parti d’extrême-droite plus modéré (c’est à dire du genre à faire le salut nazi seulement en privé), un peu comme le FN à ses débuts avant qu’il ne fasse le tri en excluant ses sympathisants les plus nostalgiques.

Bref, ça nous fait 10% d’extrême-droite dure, du genre à faire passer notre FN pour des humanistes et des progressistes.

(source: Zero Hedge)

 

Pourquoi ?

Je ne suis ni politilogue ni expert de la Grèce, mais je peux avancer quelques théories simples:

- le grec moyen de la rue a perdu gros avec les réformes d’austérité en cours. Il n’a pas vraiment bénéficié (je dis pas vraiment parce que la corruption est tout de même bien là et il y a tellement de magouilles pour ne pas payer d’impôts que le peuple a aussi sa part de responsabilité) de l’argent dépensé par les politiques. Imaginez que d’un coup, on vous enlève 30% de votre salaire en vous disant que c’est pour rembourser des banques étrangères. Il y a de quoi être énervé contre les politiciens non?

- le grec pauvre se sent abandonné. La Grèce est une porte d’entrée massive pour les immigrants voulant aller au coeur de l’Europe et des quartiers entiers se sont grandement délabrés, notamment dans les grandes villes. A côté de ça, on a des leaders d’extrême-droite qui font des coups d’éclats en faisant de véritables raids dans les quartiers et en tabassant les immigrés. Forcément, il se dit qu’au moins eux « font quelque chose ».

- les deux partis au pouvoir ont bien profité (corruption et autres abus) sans répondre aux problèmes réels des grecs pendant des années.

J’étais personnellement très récemment en Crète, qui est une île plus touristique et pas forcément si représentative que ça du reste de la Grèce, je dirais que c’est un peu comme vouloir parler de la France en n’ayant vu que la Corse, ça donne des indices mais ça ne répond pas à toutes les questions. J’y étais en pleine période pré-électorale.

J’ai constaté les choses suivantes (cela n’engage que moi !):

- pas mal de manifestations politiques molles, mais avec une présence récurrente

- des affiches, qui en France, ne seraient pas autorisées, avec des textes ouvertement néo-nazis.

- un certain ressentiment vis-à-vis de l’Allemagne (j’ai vu des affiches de pièces de théâtre où on parlait de l’Allemagne avec des costumes militaires nazi)

- beaucoup d’employés pour pas grand chose (du genre, 3 personnes pour tenir un stand où une personne aurait suffit sans surcharge de travail ou pire encore dans les bâtiments publics)

- une grande baisse de la fréquentation touristique (d’après les résidents, il y avait environ la moitié des visiteurs habituels en cette période), j’ai même vu une ville/station touristique « fantôme ». Certes, j’y étais hors saison, mais tout de même.

- aucun problème vis-à-vis du touriste français que j’étais, mis à part la sensation que toute forme de sympathie à mon égard était calculée pour me vendre tôt ou tard quelque chose, mais c’est normal pour une île qui tire l’essentiel de son activité du tourisme.

- la vie continuait son cours

- j’ai également vu beaucoup de bâtiments inachevés, avec quelques barres de fer qui dépassaient du dernier étage montrant qu’il y avait encore un étage à rajouter. Je trouvais ça étrange tout de même qu’il y en ait autant, car je n’avais pas l’impression que l’économie était sinistrée à ce point. J’ai mieux compris quand un résident m’a expliqué qu’en Grèce on ne payer pas d’impôts locaux quand on avait une maison inachevée. Du coup, une maison sur 3 est « inachevée » à vie. C’est là que j’ai compris que le peuple grec avait également une part de responsabilité dans l’endettement du pays. Personne n’est idiot au point de vouloir volontairement payer des impôts, mais visiblement, les éviter est un réel sport national voire une habitude.

Conséquences:

Le gouvernement de coalition qui va émerger de tout ça aura du pain sur la planche tout en devant gouverner avec des tendances politiques incompatibles.

Le peuple grec a fait une sorte de « révolution » silencieuse. Je ne peux pas croire un seul instant que les grecs soient soudain devenus extrémistes, mais ce qui est clair, c’est qu’ils ne veulent plus de leur gouvernement habituel et ils l’ont fait violemment savoir.

La Bourse d’Athènes a d’ailleurs bien compris le problème:

 

Et la France dans tout ça ?

Personnellement, je ne pense pas que la victoire de tel ou tel camp en France change quoi que ce soit.

Soit le futur gouvernement arrive à faire quelque chose de cohérent, soit il se complait dans les petites réformes et la démagogie et la prochaine élection présidentielle risque d’être tout aussi « surprenante » que celle de nos amis grecs.

Quand on regarde l’évolution de l’indice grec et celle du CAC40, on voit clairement qu’il reste de la place pour une chute.

Ceci dit, il reste aussi de la place pour une renaissance de l’indice grec.

(en orange, le CAC40)

 

Je pense que la situation en Grèce reste la clé de l’évolution en Europe ces prochaines années.

La Grèce nous a clairement montré où nous nous dirigeons si rien n’est fait (et n’a peut-être pas encore fini de nous le montrer!).

Un scénario boursier basé sur une lente descente « à la japonaise » reste tout à fait envisageable pour les 10-15 prochaines années, ce qui met à mal toutes les stratégies de « buy and hold ».

A moins bien sûr de faire confiance dans la capacité de nos hommes politiques (et quand je dis « nos », je parle aussi de l’Europe) à trouver des vrais solutions.

N’oublions pas non plus qu’il y aura toujours des entreprises qui feront du bénéfice et qui se développeront. Le plus dur étant bien sûr de trouver lesquelles.

Plus que jamais, il faut que l’investisseur particulier achète des sociétés de qualité, peu endettées et aux valorisations anormalement basses avec un véritable plan de trading dans une optique long terme ou bien qu’il se concentre sur du swing trading à échéance de quelques semaines en profitant des phases de baisses ou de hausses provisoires du marché.

Quoiqu’il fasse, il faut surtout éviter de faire des choses irrationnelles, s’attacher à telle ou telle position de trading mais SUIVRE SON PLAN !

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