Vincent Benard
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Vincent Bénard est analyste à l'Institut Turgot (Paris) et, depuis mars 2008, directeur de l'Institut Hayek (Bruxelles). C'est un spécialiste du logement et de la crise financière de 2007-2008 (subprimes). Grand défenseur du libéralisme économique, Vincent décortique tous les errements des Etats providence !
Alors que la France coule, la majorité délire, et l’opposition dort
Audience de l'article : 2692 lecturesVous le savez, la situation économique du pays se dégrade semaine après semaine. Le chômage empire, les chiffres du pouvoir d’achat sont désastreux, le mal logement s’amplifie, et, pire encore, aucune perspective crédible d’inversion ne se dessine.
Ce tableau général est largement corroboré par mes contacts, au plan local, avec la société civile. De toutes parts m’arrivent des bruits d’amplification du marasme ambiant. Rien de statistique, mais les dépôts de bilan ou fermetures d’activités de petits commerces se poursuivent à rythme soutenu, les ventes immobilières sont atones, de nombreux petits employeurs affirment avoir dû comprimer leurs effectifs, etc, etc, etc.
Pendant ce temps, que proposent ministres et députés de la majorité ? Ont-ils pris la mesure de l’abîme qui se présente à nous ? Jugez par vous même :
Le gouvernement annonce un recours accru aux contrats aidés, 80 000 de plus en 2015. On ne sait évidemment pas comment ces contrats seront financés, et naturellement, aucun ministre ne semble vouloir tenir compte du fait qu’aucun plan antérieur de contrats subventionnés n’a produit la moindre baisse du chômage.
Fleur Pellerin, qui n’a pas plus lu Bastiat que Modiano, annonce une taxe fantastiquement intelligente sur les cartouches d’encre pour financer un conseil national du livre dont j’ignorais l’existence, mais sans lequel, n’en doutons pas, pas un seul livre ne se vendrait encore…
Deux députés PS, Sylviane Bulteau et Jean Cresta, demandent « subtilement » au ministre des finances s’il envisage de « réguler » les ventes immobilières de particulier à particulier en ligne, arguant que ces ventes, échappant aux réseaux traditionnels, engendreraient un « manque à gagner » de 312 millions d’Euros en taxes. Naturellement, ils ne se demandent pas ce que les usagers du bon coin font de ces 312 millions de « non-manque à gagner ».
N’oublions pas le petit amendement chafouin obligeant les entreprises voulant engager des stagiaires à obtenir un certificat auprès de l’inspection du travail.
Ai-je mentionné que l’usine à gaz du compte de pénibilité entrait dans sa phase de mise en œuvre opérationnelle ?
La clause de la loi Hamon obligeant toute entreprise cherchant un repreneur à avertir les salariés en avance entre en vigueur en novembre, et ne sera pas supprimée.
Un amendement renforce la répression contre tous ceux qui prétendent s’affranchir du monopole public le plus dispendieux et inefficient qui soit, l’assurance maladie connue sous le sobriquet de sécu. Il vaut mieux cambrioler des maisons que militer pour la liberté de choix des assurances sociales dans ce pays.
Et enfin, cerise sur le gâteau, un certain Gérard Bapt, député PS, a fait passer un amendement conduisant à assujettir les dividendes de SA/SAS versés aux dirigeants et créateurs, aux charges sociales, plus de 60% de taxes sur une masse qui subit déjà un des Impôts sur les Sociétés parmi les plus élevés du monde. « Entreprenez, entreprenez, il en restera toujours quelque chose… pour l’État ! »
Bref, on oscille entre gesticulation ridicule et taxation mortifère, laquelle achèvera de tuer toute velléité d’investissement productif de moyen et long terme dans notre pays. Alors que celui-ci aurait besoin de voir l’énergie de ses entrepreneurs libérée, tout semble fait pour les étouffer. M. Valls ne sait que répéter l’acronyme « CICE, CICE » dont les 40 milliards qu’il représentera, dit-on, dans 3 ans, ne sont encore qu’une promesse. L’ambition réformatrice du gouvernement paraît bien pâle, et sa majorité semble prête à multiplier toutes les imbécillités pour rendre son travail encore plus ardu.
Le chef du gouvernement se dit « pro business » ? Pourtant, il n’a pas empêché l’amendement Bapt de passer. La droite ? Elle devait dormir, puisque ce n’est que 5 jours après le vote de l’amendement qu’un député UDI, J.-C. Fromantin, s’est aperçu de cette hérésie, félicitations tout de même à lui pour avoir su sonner le réveil. Quant à l’UMP, les dirigeants dorment encore. Prompts à mobiliser leurs troupes contre le mariage gay, issue ô combien secondaire, quoiqu’en pensent les plus conservateurs de mes lecteurs, ils sont en revanche incapables d’alerter les foules contre un assassinat délibéré de l’économie française par des idéologues économiquement aux abois. Le même reproche vaut contre les organisations patronales, qui auront attendu 6 jours après le vote de l’amendement Bapt pour se rendre compte qu’il y avait peut être un léger souci…
Si l’opposition est d’un niveau tellement faible qu’elle ne peut même plus réagir correctement aux hérésies nées dans les rangs de la majorité, on ne voit pas comment un changement de politique positif pourrait émerger de la fin du décidément désastreux quinquennat de François Hollande.
Pauvre France.
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3 Commentaires
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dimanche, 09 novembre 2014 15:07
Posté par
hftrade
barrage de sivens : la gendarmerie a utilisé des grenades militaires offensives de type F1, armes de guerre (type en dotation dans l'armee francaise depuis 1915). inutile de dire qu'un manifestant n'a aucune chance de s'en sortir face a ce type d'arme
http://www.mediapart.fr/journal/france/061114/sivens-la-faute-des-gendarmes-le-mensonge-de-letat
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samedi, 08 novembre 2014 12:21
Posté par
oscar
Quant à l’UMP, les dirigeants dorment encore. Prompts à mobiliser leurs troupes contre le mariage gay, issue ô combien secondaire>>
Dommage, cette phrase décrédibilise un peu l'article.
L'UMP a certe essayé de récupérer le mouvement, mais n'a jamais rien mobilisé....
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vendredi, 07 novembre 2014 17:42
Posté par
tartemolle
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Bien d'accord avec vous et la probabilité que FH soit reconduit en 2017 n'est pas du tout négligeable tant l'opposition est inaudible et dans une situation catastrophique. Ensuite il ne faut pas oublier qui est FH. C'est un politicien habile, rusé et retors, bosseur et persévérant, qui a su saisir sa chance. Ses talents sont limités à l'art de négocier des combines de couloir au sein de sa majorité pour rester au pouvoir et satisfaire son appétit illimité pour les pots de confiture. Tout le reste (en particulier la France et les français) l'indiffère totalement ... Il sait parfaitement ce qu'il faut faire, mais il n'en a ni la volonté ni les moyens politiques. En clair, ce type est un imposteur et un remarquable menteur, qui sait tromper les gens sur ce qu'il veut réellement faire et sa personnalité profonde. Il peut réussir à nouveau en 2017 la même opération qu'en 2012...