
Les bots débarquent ! Mais méfiez-vous des apparences, les « bots », dans le jargon de la Silicon Valley, s’apparentent plus à des lignes de codes qu’à un simple automate.
Le milliardaire philanthrope, Bill Gates, n’y va pas par quatre chemins : Les progrès dans les domaines de l’automatisation et de la robotique vont pousser beaucoup de travailleurs hors du marché du travail. D’ici 20 ans, de nombreux jobs vont disparaître, remplacés par « l’automatisation logicielle », des robots – les fameux bots dans le langage des développeurs - que le cofondateur de Microsoft nomme la « software substitution ». Problème : les gouvernements, les entreprises et les travailleurs n’y sont pas préparés.

Robots et boulots vont-ils cohabiter ? Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft est inquiet.
« La software substitution, que ce soit pour les pilotes de ligne, les serveurs ou les infirmières… progresse. Au fil du temps, la technologie va réduire la demande de travail, et tout particulièrement pour les postes faisant appels à une main d’œuvre peu qualifiée, remarque Gates. Dans 20 ans, la demande de travail dans de nombreux domaines de compétences va considérablement se réduire. Je ne pense pas que les gens ont intégré cela dans leur modèle mental. » On vous aura prévenu !
Inquiets de savoir si les robots vont rendre votre travail obsolète ? The Economist a dressé une liste d’emplois susceptibles d’être menacés. Le graphique ci-dessous (compilé par Business Insider) nous donne une idée des professions en périls. Espérons que vous ou votre fils ne soyez pas dans le télémarketing…

Source : Business Insider à partir d’une étude de The Economist.
En parallèle de la robotique, l'intelligence artificielle devient de plus en plus sophistiquée. Et la frontière entre emplois «humains» et emplois «robotiques» poursuit sa désintégration.
Les tâches auparavant réservées aux humains sont de plus en plus automatisées. Une tendance qui ne fait que gagner de l’ampleur. Dans une étude de 2013, les chercheurs de l’université d’Oxford livrent une conclusion qui laisse à réfléchir : « d’ici 2033, selon nos estimations, environ 45 % de l’emploi total des Etats-Unis est menacé ». Alors, votre travail est-il à l’abri ?
Si vous exercez dans un domaine créatif, la réponse est probablement oui. Co-écrit par des chercheurs d'Oxford et Nesta, un groupe de recherche et d'innovation à but non lucratif basé à Londres, un nouveau rapport sobrement intitulé Creativity vs. Robots, a passé au crible 702 professions aux États-Unis en fonction du degré de créativité requis. Les chercheurs ont ainsi estimé la probabilité pour chaque profession d’être dépassée par des robots dans un avenir proche.
Artiste ? Ce n’est pas un travail ça ! Dans un renversement des réalités économiques actuelles, artistes en tout genre, acteurs, peintres, danseurs et musiciens peuvent respirer. A leurs côtés, les graphistes, les architectes, les directeurs marketing, les directeurs de la publicité, les ingénieurs civils et les développeurs de jeux vidéo- des emplois identifiés comme «très créatifs » dans l’étude -, seront parmi les derniers à être remplacés par des machines.

Au Japon, un hôtel vient d’ouvrir ses portes avec une équipe composée uniquement de cinq robots humanoïdes.
Fait intéressant quand il s’agit des revenus escomptés, l'étude a mis en évidence une relation en forme de U inversé entre la probabilité d’une occupation dite très créative et le revenu moyen perçu. Sans surprise, les artistes (acteurs, peintres, danseurs, etc.) occupent un des côtés de la courbe mais leurs revenus ne progressent, en moyenne, que très peu par an, tandis que les professions créatives associées à l'arrivée de nouvelles technologies apportent des salaires annuels plus élevés. Par exemple, au Royaume-Uni, le rapport de l’Association for the Study and Higher Education (ASHE) constate que les revenus moyens annuels des musiciens et des acteurs sont respectivement de 16 796 £ et 5 091 £. Par contraste, un manager dans le secteur high-tech gagne en moyenne 49 128 £, pendant qu’un manager financier exhibe un revenu annuel moyen de 64 424 £.
Autres professions pour lesquelles le rapport prévoit, dans un avenir plus ou moins proche, qu’elles continueront à être exécutées par des humains de chair et d’os :
1. Traducteurs et interprètes (5,8 % de risque d’automatisation/informatisation dans les 10 à 20 prochaines années)
2. Les artistes du spectacle (7 %)
3. Architectes (7,1 %)
4. Les producteurs de films et de télévision (8 %)
5. R&D dans les sciences naturelles (10,9 %)
6. Fabrication de montres et horloges (5,5 %)
7. L'enseignement secondaire général (9,6 %)
Malheureusement, la plupart des emplois actuels aux Etats-Unis ne sont pas à l’abri. Seulement 21 % des emplois aux États-Unis sont classés comme "très créatifs", ce qui laisse une grande partie de la population active vulnérable au remplacement par un robot.
Beaucoup de ces emplois en position de risque sont prévisibles, tels que les administrateurs de bureau, les opérateurs de centres d'appel, les bûcherons et les caissières de supermarchés, mais cette catégorie comprend également des emplois qui, en surface tout du moins, semblent raisonnablement sûrs.

Somobar, le robot cocktail en réseau Wi-Fi promet de concocter votre breuvage en cinq secondes chronos, après avoir sélectionné votre cocktail sur mesure via une application mobile.
Avec un risque d'informatisation de 67,5 %, il est fort probable que la profession de barman fasse bientôt partie du passé. Ainsi, plusieurs entreprises parient gros sur la popularité imminente des robots cocktails. Des machines à cocktail pour la maison, ainsi que des dispositifs similaires, plus haut de gamme, sont en cours de déploiement dans les restaurants à travers les US. D’accord, d’accord. Pourtant, se rendre dans un bar est une expérience avant tout sociale. Et comment remplacer mon barman bavard et compatissant lors d’une déception amoureuse ?
Apparemment, c’est aussi prévu. Voici une autre liste de professions surprenantes potentiellement en danger d'automatisation. Ainsi, les avancés en robotique mobile, l'extraction de données informatisée – le fameux data mining -, impliquent que « les emplois qui sont considérés comme créatifs aujourd'hui, peuvent ne plus l’être demain », avertit le rapport.
1. Publication de listes de diffusion et campagne d’e-mailing (69,4 %)
2. Activités des agences de presse (64,5 %)
3. Actuaires, évaluation des risques et des dommages (58,6 %)
4. Activités de restauration pour l’évènementiel (52,7 %)
5. Vente de véhicules automobiles (45,7 %)
En réalité, il n’'y a pas que les travailleurs peu qualifiés qui auront à se soucier de l'automatisation.The Economist prédit que des professions bien rémunérées, comme les comptables et les pilotes commerciaux, seraient toutes menacées par des logiciels dans les 20 prochaines années.
Pour Bill Gates, le tableau pourrait encore s’assombrir. Avec la mode actuelle qui plaide en faveur de la hausse des plus bas salaires, les employeurs potentiels vont avoir encore plus peur d’embaucher, et ce justement dans les catégories d’emplois les plus menacées par l’informatisation.
« Quand les gens disent que nous devrions augmenter le salaire minimum. Je me soucie de l’impact sur la création d'emplois... Cela va réduire la demande potentielle dans les secteurs pour lesquelles je suis le plus inquiet », conclut l’informaticien philanthrope.