On n'est pas tous fait pour s’expatrier, mais pour ceux qui seraient encore dans le doute ou qui auraient besoin d’un petit coup de pouce, voici mon histoire. Même si elle semble mal commencer, ne vous inquiétez pas c'est un "happy ending".
Je vous la fait rapide : J’étais entrepreneur dans le Home Cinéma et la domotique depuis 1992. Je m’étais même fait un petit nom dans la profession en Europe et aux USA et j’habitai un bel appartement Haussmannien rue de Rivoli à Paris. J’avoue que mes business étaient tout juste rentables et que je n’ai jamais mis d’argent de côté. La dernière entreprise dans le domaine de la supervision à distance d’objets connectés que j’ai monté avec mon frère et quelques associés fait faillite. Je suis comme d’habitude en mode "all in" et cette fois-ci je perds tout... et plus encore. J’ai des mois de loyer en retard, je dois dégager de mon appartement comme un voleur et je brade son contenu à mon gardien d’immeuble pour le dixième du prix. En quelques semaines ma vie tient dans une valise et un sac à dos. Me voilà officiellement SDF fin février 2018. J’ai la chance d’avoir plein d’amis qui me proposent un canapé mais je décline gentiment les solutions de dépannage car je pense que ma situation risque de durer “un certain temps”.
Famille, amis, ex-femme et enfants sont tout très inquiets de mon sors. Certains se projettent à ma place et sont carrément en panique. Il faut dire qu’ils sont presque tous accroché à leur CDD, leur crédit sur 20 ans, leurs petits avantages sociaux et leur sécu qui rembourse leur dose de Prozac. La faillite pour eux est une maladie honteuse. Plutôt avoir un cancer du côlon au moins c’est légal et remboursé par la sécu. Tout le monde est inquiet sauf moi. Entrepreneur depuis que j’ai 22 ans, je n’ai jamais vraiment été dans la matrice.
Tout ce dont j'ai besoin c'est un toit et du calme le temps que je réorganise. Finalement je pars chez un pote à Londres qui a une chambre libre et besoin d’un coup de main dans son bar. Là, à 48 ans, je ramasse, lave les verres les tables et les WC dans le bar de mon pote. Je n’ai plus un sous en poche, mais j’ai la santé. Même si la situation n’est pas drôle, je prends tout ça avec philosophie. Les choses n’arrivent pas par hasard. “Tout est grâce” comme disait le curé qui a baptisé mes enfants.
Avant de partir je ferme mes comptes en France. Plus aucun ATD ne peut accumuler des découverts et intérêts pharaoniques. J’ai ouvert depuis quelques temps déjà des comptes chez N26 et Transfer Wise. Ils ne coutent presque rien en frais, vous ne recevez jamais aucun courrier et surtout étant hors de France c’est bien plus compliqué pour le fisc, le RSI, le TASS et les autres d’aller taper dessus (pour le moment). J’avais aussi pris ma carte de e-Résident Estonien et créé une société là-bas. La création et l’entretiens de ce genre de St bien adaptées aux “Digital Nomade” ne coûtent pas cher. Je passais en mode furtif. Fauché, mais furtif. (Si vous souhaitez des infos sur l’Estonie, je pourrais faire un Zoom pour la communauté Objectif Eco)
Mon séjour à Londres est très enrichissant sur le plan personnel. J’essaye de trouver du travail, je rencontre quelques personnes dans mon secteur d’activité, mais rien ne marche. Londres ne sera qu’une étape, je sens dans les vibrations que cette ville ne veut pas de moi. Parfois je n’ai le choix qu’entre acheter un ticket de métro ou de quoi manger. Alors je marche. J’apprends à vivre de rien et je réalise que finalement le contenu de ma valise suffit largement. Je souris même à l’idée que je pourrai encore me séparer de la moitié de ce qui me reste. Je comprends que les mètres cube de possessions qui remplissaient mon appartement n’étaient que des boulets aux pieds qui rendent tout rêves d’évasions lourds à concevoir. J’apprécie tellement cette légèreté que j’essaye d’optimiser le contenu de ma valise comme si je devenais nomade. Si j’achète quoi que ce soit, il faut que ça rentre dans ma valise, et que ça remplace deux choses que je puisse balancer. (Même aujourd'hui, alors que je me suis posé, je suis toujours dans cette approche minimaliste et ma vie pourrait tenir dans une valise et un sac à dos.)
Je ne me plains à ce stade car comparé à des millions d’êtres humains, je n’ai jamais manqué de rien et toujours dormis au chaud. Mais surtout, j’avais une confiance limite insolente dans l’avenir. Avec mon ex-femme qui s’est remariée et mes enfants qui sont à l’abris, je me rends compte que peu de personnes au monde ont eu ma chance : A 48 ans je vais pouvoir tout recommencer à zéro. Une sorte de reboot, comme si la vie m’offrait une seconde chance.
Les impôts et autres taxes que je n’ai pas payé depuis des années, les URSAFF, le RSI qui me cours derrière, les huissiers qui sonnent à la porte toutes les semaines, tout ça ne me fait plus peur car dorénavant ils ne peuvent rien prendre au SDF que je suis devenu. Il faut juste que je ne tombe pas malade car je n’ai plus aucune couverture sociale. Parce que oui... En tant que gérant de St et refusant de payer une fortune en charges sociales pour avoir une couverture moins bonne que celle d’un sans papier, j’avais rejoint le mouvement des “Libérés de la sécu” et donc arrêté de payer le RSI depuis 3 ans (Avec le TASS qui me collait des dizaines de procès du coup). Je m’étais assuré en Angleterre chez Amariz pour 10 fois moins cher tout en étant mieux couvert que l’URSSAF. Oui c’est possible... Sauf que là, je ne pouvais même plus payer mon assurance santé.
C’est marrant parce que tout en continuant à monter des projets en France ça faisait 4 ou 5 ans déjà que je disais qu’il fallait la quitter parce que ce pays partait en cacahuètes et me voilà donc en exil à Londres. Mais depuis 4 ou 5 ans aussi j’envoyai des messages à l’univers pour l’informer de mon vœu d’aller en Asie, pas en Angleterre ! Je n’avais aucune idée de quand, comment ni dans quelles conditions, tout ce que je savais, c’est que je voulais aller habiter en Asie. Comme je dis souvent : “Quand ça doit se faire ça se fera, mais de la bonne manière qui n’est pas forcément celle que vous envisagiez au début.”
Si vous souhaitez vous expatrier vous devez en informer l’univers, vos amis, votre famille et votre réseau. Tout le monde doit savoir, vous devez lancer des lignes d’intentions de partout. Allégez-vous, réduisez la voilure et votre empreinte dans le pays que vous souhaitez quitter. L’état d’esprit c’est de pouvoir grimper dans un avion en moins d’une semaine en ne laissant rien ou presque derrière vous.
De mon côté j’étais tellement accroché à ma vie d’ici que pour que ça arrive, il fallait que mon monde s’écroule sous mes pieds pour pouvoir se reconstruise ailleurs. Alors l’univers a arrangé les choses pour moi. Ce fut un peu brutal mais je ne regrette rien.
Fin de la première partie...Accédez à la seconde partie ICI
Dans la seconde partie que je posterai Vendredi prochain, je vous expliquerai comment presque du jour au lendemain je me suis retrouvé à Hong Kong. De belles photos de HK sur mon Instagram @brunonapoli_fr