De temps à autres, des personalités bien en vue du monde financier font des affirmations audacieuses qui ont le don de frapper les imaginations. C’est le cas du gestionnaire Bill Miller qui a affirmé récemment que Country Wide Financial (NYSE - CFC) valait 45$ l’action. Mal lui en prit car la société a accepté un offre d’achat de Bank Of America la valorisant à 7$ l’action quelques semaines plus tard ! Certains commentateurs se sont empressés de le critiquer et de lui suggérer qu’il aurait peut-être dû se taire…
La semaine passée, le controversé analyste Henry Blodget est revenu sur sa prédiction haute en couleur de 1998 concernant le titre d’Amazon (il le voyait à 400$). Il affirme que si c’était à refaire, il ferait exactement la même prédiction. Selon lui, le travail des analystes financiers consiste à provoquer la réflexion et les prédictions audacieuses ont le mérite de susciter davantage de réflexions que des propos mièvres sur l’appréciation potentielle de 10% du blue chip XYZ.
Je suis complètement d’accord avec lui. C’est évident que les risques de se tromper de façon spectaculaire sont beaucoup plus grands en faisant ce genre de prédictions. C’est pourquoi la plupart des commentateurs y vont de propos prudents, voire banals, afin de préserver leur crédibilité. C’est le bon vieil impératif institutionnel qui veut qu’il soit plus prudent de se tromper en faisant comme tout le monde que de se fourvoyer en sortant des sentiers battus. Bien des commentateurs préservent ainsi un aura de crédibilité à défaut de tenir des propos réellement intéressant.
Bien entendu, une prédiction audacieuse doit reposer sur une argumentation solide pour avoir un minimum d’intérêt et ne pas être seulement du brouhaha médiatique. Elle peut être complétement erronée mais elle aura le mérite d’amener notre réflexion en dehors des conventions établies. Ce qui n’est pas rien !
Philippe RANCOURT
Article original :
http://www.entrepreneurboursier.com/2008/02/17/frapper-limagination/