Voulez vous comprendre pourquoi il faut apprendre à apprendre en bourse ?
Vous venez encore de prendre position sur une valeur, tout en sachant très bien, avant même de terminer votre achat, que vous vous étiez à nouveau trompé de cheval.
Votre compteur de plus-values finira la journée dans le rouge vif !
Vous le saviez, car ce n’est pas la première fois que vous commettez cette erreur, mais la tentation était trop forte, et vous n’avez pas pu vous en empêcher, bien que certains signaux techniques vous ordonnaient de rester à l’écart.
Certes, on dit que « les erreurs sont le tribut à payer pour une vie bien remplie », mais tout de même, il est question d’argent et cela fait mal.
Tout se passe comme si nous étions particulièrement réticents à l’apprentissage.
D’où vient la propension humaine aux erreurs répétitives ?
Les bases cérébrales et psychologiques de nos dérapages de la raison commencent à être élucidées.
Des psychologues de l’université de Cambridge travaillant sur la psychologie de l’erreur peuvent maintenant nous aider à comprendre le phénomène.
Lors du processus d’apprentissage, nous sommes confrontés à des schémas binaires que l’on qualifie de « vrai – faux », « bon – pas bon », « favorable – pas favorable », ou « juste – pas juste » par exemple.
Mais, il se trouve que les réponses fausses, restent activées dans le cerveau, tout autant que les réponses correctes, même si cela est totalement inconscient.
Juste avant d’exercer un choix, lors de la phase de rappel des informations stockées, notre comportement résulte souvent d’un compromis entre précision et rapidité.
A vouloir être trop rapide, on commet des erreurs. Puis, très vite, on remarque la gaffe, en on exerce une correction.
Cependant, avant même que l’erreur ne soit commise, on détecte à l’aide de capteurs fixés au cuir chevelu, une onde cérébrale extraordinaire qui est la signature neuronale de l’erreur.
Dans le cortex frontal, une onde négative de quelques millionièmes de volts se met à pulser pour avertir inconsciemment le sujet qu’il va commettre une bévue, et qu’il faut potentiellement mettre en route une procédure de correction.
L’imagerie par résonance magnétique nucléaire a permis de localiser avec précision le siège de cette onde négative de l’erreur : elle est produite dans la partie antérieure du cortex cingulaire, pour simplifier, une zone plutôt vers l’arrière du crâne.
Et, elle a pour destination le cortex préfrontal, c'est-à-dire l’avant du cerveau, le lieu ou siège la représentation interne de chaque « bonne réponse attendue » désignée sous le terme technique de copie d’efférence .
C’est la copie d’efférence qui dans un deuxième temps sera activée grâce à la mise en œuvre d’un programme moteur de correction d’erreurs.
Bref, pour accéder à une bonne réponse, si l’on est dans l’urgence et que l’on ne freine pas le cerveau, on risque de passer en premier par la mauvaise réponse qui sera aussi celle que l’on activera par défaut pour l’action !
Sous la contrainte « temps limité », le système cognitif devient instable.
Il cherche à trouver le « vrai », en séparant le « vrai » du « faux », et, dans une situation d’urgence tout peut arriver car les mécanismes habituels, puissants mais lents sont inhibés : on peut basculer du « côté juste » ou du « côté faux », le résultat devient hasardeux, alors même que le bonne réponse est connue en nous.
Heureusement, il existe un moyen simple de protéger le cerveau contre ce genre de difficultés.
Il suffit d’apprendre de manière telle que le cerveau n’ait d’autre choix que de retenir seulement les bonnes réponses.
Il convient donc d’éviter les tâtonnements, et de n’apprendre que des choses justes du premier coup … ce qui n’est pas d’une simplicité adamantine avec la bourse qui est souvent le lieu d’expériences empiriques.
De plus, plutôt que de tenter d’ingurgiter de longues listes de données, dans le style « listes de verbes irréguliers en Anglais », il faut acquérir le savoir, unité par unité, et ne pas passer à l’étape suivante tant que le savoir actuel n’est pas totalement digéré … c’est très facile, mais peu productif !
La bourse s’apparente à un jeu de patience dont l’unité de temps est fréquemment fixée au-delà de la journée.
Ainsi, la plupart des intervenants sont plutôt gâtés sur ce point … les marchés laissent le temps de la méditation et de l’apprentissage consolidé.
Vous possédez maintenant la recette qui vous permettra de comprendre et de limiter certaines erreurs.
Cependant, vous êtes des passionnés de bourse, et d’autres traits de caractères prendront toujours le pas sur celui de se rectifier à la marge.
Car, je suis certain que confusément, vous êtes depuis vos début en bourse un converti de la pensée de l’écrivain en développement personnel Dan Millman : « Mieux vaut commettre des erreurs avec tout la force de son être, que d’éviter soigneusement les erreurs avec un esprit tremblant ».
Christophe Gautheron