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Bourse et intuition

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 Le CAC presque au pif : être sauvage avec de la sensibilité, voilà comment gagner

Quand il est question de se ressourcer, rien n’a plus de valeur que de passer un bon moment à parcourir les rayonnages de sa bibliothèque. Comme tous les traders sur marchés financiers, je dispose d’une bibliothèque d’ouvrages sur le trading et l’investissement.

A ce jour, plusieurs étagères croulent sous le poids d’un savoir financier fait de techniques, de mises en gardes, et d’autres bonnes pratiques incontournables qui guidèrent mes premiers pas.

Je dois admettre que grâce au travail de ces auteurs, j’ai pu voyager dès mes débuts, à moindre frais, aux confins de la galaxie boursière.

Au sein de notre société, le trader de haut niveau à succès se faisant aussi rare et discret que l’agent secret de la DGSE, il est pratiquement impossible d’être initié par des gens compétents et qui disposent de temps.

En conséquence, mes livres furent mes mentors, et leurs contenus sont des trésors à découvrir. J’y ai puisé la quasi-totalité de mes connaissances  académiques. 

J’aime continuer à enrichir ma collection afin de découvrir des visions innovantes, et des stratégies qui m’inspireraient.

J’adore aussi relire mes ouvrages préférés au sein desquels les passages remarquables sont soulignés au marqueur fluorescent afin d’accélérer mes relectures.

 La lecture d’ouvrages sur la bourse est nécessaire afin de comprendre et d’approfondir de nombreux mécanismes.

Cependant, malgré la sagacité de leurs auteurs, en dépit de la qualité de leurs conseils, et malgré des qualités pédagogiques notables, on n’y trouve pas le moyen de gagner sa vie sur les marchés financiers.

Et oui, chacun a pu constater que la réussite en bourse n’est pas proportionnelle au savoir durement acquis par la lecture !

Il n’est pas question ici d’accuser les auteurs d’incompétence, de superficialité, ou de cachotterie concernant les vrais trucs gagnants.

Non, mon propos ici est d’affirmer que l’identification d’avantages statistiques en bourse ne provient pas uniquement de l’extérieur de soi par le biais d’un savoir omnipotent, mais aussi et surtout de l’intérieur de soi grâce à un processus mental intime que nous allons décrire.

En ce qui concerne la gagne répétitive, le déclic se fait en deux temps : d’abord par l’accumulation en grand nombre d’expériences parfois joyeuses, souvent malheureuses, et ensuite par l’intervention d’un petit truc en plus, un coup de main qui apparaît un beau jour comme par enchantement: une forme particulière d’intuition qui fait du trading, non pas une technique, mais un art.

Les chercheurs nomment « inconscient d’adaptation » ce processus qui agit à notre insu et saute aux bonnes conclusions, nous permettant de prendre des décisions idoines presque instantanément.

Sur le plan évolutionniste, il semblerait que l’humanité n’ait pu survivre qu’en exploitant ce processus de prise de décision qui permet une réaction rapide et adéquate en fonction d’un nombre de paramètres restreint.

Nos ancêtres préhistoriques lorsqu’ils étaient surpris par un animal sauvage devaient réagir instantanément, avec efficacité, sans réflexion profonde consommatrice de temps  afin d’assurer leur survie.

Pour certains scientifiques, le cerveau fonctionne de façon optimale uniquement lorsqu’il relègue dans l’inconscient d’adaptation la majeure partie de ses processus mentaux complexes et de haut niveau.

Pour imager cela, on évoque souvent le cas du pilote d’avion et du système de pilotage automatique.

L’ensemble des tâches vitales de supervision du vol est confié à des logiciels performants qui oeuvrent en silence pendant que le capitaine de l’avion peut se concentrer à des opérations très différentes et bien plus légères : boire un thé au jasmin en lisant les Echos, ou scruter le corsage de l’hôtesse de cabine   en lui contant fleurette par exemple.

Tous autant que nous sommes, nous avons tendance à penser qu’il est essentiel de  recueillir des montagnes de données, et qu’il est primordial de disposer d’un temps d’analyse très long pour prendre des décisions avisées.

Pourtant, rien n’est plus faux, nous le verrons, mais cela nous rassure, et, il faut bien dire que nous sommes éduqués depuis la plus tendre enfance pour ne faire confiance qu’à nos processus de décision consciente.

Cela se fait au détriment d’autres modes de fonctionnement efficaces et naturels du cerveau humain … qui ne sont plus enseignés aujourd’hui qu’à des étudiants aux beaux-arts … question d’ouverture d’esprit des enseignants.

En son temps, Victor Hugo notait déjà que : « On tient pour opposées l’induction et l’intuition. On pense l’intuition comme suspecte. Pour le plus grand nombre, l’induction est le grand organe de la logique ; et l’intuition le grand organe de l’inconscience … de l’inconsistance ».

De fait, le jugement éclair pertinent, autrement nommé  compréhension immédiate des phénomènes  est impénétrable.

 Discret et inconnu de son porteur, il est enfermé et se cache avec malice derrière les formidables barrières protectrices du cerveau.

Les chercheurs avancent avec peine sur le sujet car ce qui est inconscient est par essence difficile à appréhender consciemment. Malgré tout, certains points semblent désormais acquis.

Toutes sortes de gens très compétents doivent une partie de leur succès aux efforts qu’ils ont déployé pour façonner, éduquer, et gérer leurs réactions inconscientes : les sportifs d’exception, les directeurs de casting ou les traders en sont des exemples criants.

Le « balayage superficiel » dit aussi  pouvoir du coup d’œil est un aspect déterminant des réussites incroyables.

Ce concept fait référence à la capacité qu’a l’inconscient pour schématiser des situations à la vitesse de la lumière sur la base d’expériences passées afin d’induire des comportements automatiques adéquats sans utilisation de facultés cognitives conscientes.

L’analyse et le processus de décision sont tellement enfouis dans les méandres du cerveau que l’on abouti à une inaptitude des êtres à décrire les comportements immédiats et les  actes parfaits.

Ainsi, les grands champions savent parfaitement décrire se qu’ils pensent faire … mais ce n’est pas exactement ce qu’ils font … quand on y regarde à la loupe.

Pour illustrer cela, revenons à une expérience concernant le joueur de tennis André Agassi.

Celui-ci, à l’instar d’autres champions de tennis affirmait que la puissance de son coup droit provenait d’un violent pivotement du poignet lors de la frappe de balle.

Le traitement informatique de bandes vidéo montre sans ambiguïtés que son poignet est parfaitement immobile. La rotation n’intervient que longtemps après … et cette torsion n’est pas une cause de l’efficacité du mouvement, mais seulement une conséquence de l’inertie de la chaîne cinématique.

Et, il en va de même pour la plupart des gestes de pros étudiés.

Comment se fait-il qu’autant de champions soient dans l’erreur ? Tout simplement car le moteur réel du geste parfait est dans l’inconscient. Un inconscient animé par de nombreuses expériences !

Et, les amateurs de tennis paient des fortunes pour que des entraîneurs leur apprennent à faire pivoter le poignet, avec pour résultat, très précisément rien dans la majeure partie des situations, et une épidémie de blessures dans le pire cas.

Ainsi, vous comprenez bien que les grands pros du trading, tout comme les grands sportifs, sont prompt à fournir des explications sur des choses qu’ils sont dans le fond incapables de comprendre … même s’ils sont persuadés de savoir ce qu’il se passe.

Quand vous lisez les conseils de vos traders préférés, vous avez une explication conscientisée … mais il vous échappe, tout comme à lui, « l’Explication ».

Les spécialistes du trading, comme les militaires sont amenés à prendre des décisions sous pression.

Sur le terrain des opérations, on ne prend le temps de comparer toutes les options de manière logique.

En période de crise, il faut agir vite en se fiant à l’expérience, et en s’abandonnant à notre petit  serviteur mental  inconscient

 Comme eux, pour être des as de la gagne, il convient de connaître vos gammes par cœur.

Ensuite vous pourrez générer de l’expérience par les faits jusqu’à ce que l’alchimie géniale de la spontanéité non aléatoire vous pousse de manière récurrente dans la bonne direction. Pour cela, il faudra donc du temps, et de nombreux échecs … c’est obligatoire.

A cela, il convient d’ajouter que l’acte consistant à décrire un phénomène par le verbe court-circuite la capacité naturelle  à le reconnaître visuellement.

En effet, une partie du cerveau, l’hémisphère droit pense en image, tandis que l’autre, l’hémisphère gauche pense en mots. Nous allons le voir, cela ne facilite pas le transfert des compétences.

Lorsqu’un trader sur actions commente dans un de ses ouvrages un graphique typique, une configuration chartriste représentative par exemple, il utilise des mots pour commenter une image. 

Il fait alors passer la pensée de l’hémisphère droit à l’hémisphère gauche.

On stocke donc des données dans la mémoire verbale, laquelle est moins pertinente que l’image.

Afin de vous en convaincre, tentez l’expérience suivante : je parie que vous êtes capables de visualiser clairement l’image que vous avez de G. W. Bush, président des Etats unis.

 Maintenant, demandez à un de vos proches de décrire avec des mots G.W. Bush, et essayez de produire sur cette base une image correcte de son visage … le résultat sera incommensurablement éloigné du réel.

Pour couronner le tout, il faut être averti du fait que même si un écrivain trader pouvait parfaitement communiquer son mode opératoire, vous seriez probablement bloqués par vos propres barrières mentales … par les limites de votre logiciel personnel en quelque sorte.

En effet, certaines personnes savent parfaitement quoi faire, et dans quelles circonstances (ils ont bien lu leurs livres !) mais cela ne suffit pas à les inciter à prendre les bonnes décisions.

Cette connexion plus ou moins efficace entre le savoir et l’agir est due à la conformation de la région du cerveau appelée  complexe ventro-médian.

Dans les  cas extrêmes, il manque carrément à l’individu le petit Gemini cricket qui le pousserait à agir, en ajoutant un élément affectif rassurant à l’acte de prise de position.

La gagne récurrente devient structurellement impossible !

Vos gains sont alors uniquement le fruit du hasard et d’une tendance favorable à un instant donné. Cela ne dure jamais.

La pertinence des choix boursiers en état de stress dépend donc de l’apprentissage de règles, de la pratique, de la répétition, et d’une structure biologique innée du cerveau.

Ce corpus complet produira au fil du temps, et dans les cas les plus particuliers, a une alchimie de connaissances inconscientes qui pousseront vers le succès au-delà de tous les espoirs.

J’espère ne pas avoir entamé l’ardeur  à battre le marché qui vous anime. Il vaut mieux que vous soyez prévenus de certains phénomènes avant de descendre dans l’arène.

Le cas échéant, vous risquez de vous faire détrousser par une bande de gladiateurs qui possèdent des fonds en quantité, du matériel nec plus ultra, d’une formation exemplaire, des structures biologiques adaptées, et d’une psychologie acérée … vous allez vous faire broyer par la mécanique financière … vos plaies d’argent vont saigner !

Un livre sur la bourse, ce n’est pas un livre de dépenses, mais un livre de recettes … et chacun sait que : la cuisine, c’est comme on aime … mais les grands chefs ont un tour de main particulier … bon appétit … et mangez, ou vous serez dévorés !

Christophe Gautheron

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