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Bourse et erreurs

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Apprendre de ses erreurs pour rester vivant sur le marché … constitutionnellement impossible pour certains

Gagner de l’argent de manière récurrente sur les marchés financiers nécessite de faire de nombreux essais afin de découvrir son propre style de trading.

Cette période est celle de tous les espoirs, de toutes les déceptions qui s’alternent avec une irrégularité mettant à l’épreuve le talent, le sens du marché, le courage, la persistance, et l’endurance du trader.

Pour quelques un le succès est au rendez vous relativement rapidement … c'est-à-dire au bout de tâtonnements qui durent de 2 à 5 ans.

Pour de nombreux intervenants la décennie est une unité de temps plus courante … le temps de traverser des marchés en congestion, de se frotter à des contextes fortement haussiers, puis d’expérimenter la brûlure d’un krach !

Mais, pour de nombreux expérimentateurs, le succès ne sera jamais au rendez vous !

Et oui, qu’on se le dise une bonne fois pour toutes : il existe des individus pour lesquels il sera quasiment impossible de faire fructifier un patrimoine dans l’arène du chaos déterministe des marchés financiers.

Ce plafond de verre n’a rien à voir avec des limitations financières, mais plutôt avec une configuration mentale inadéquate et spécifique : la difficulté à tirer les conséquences opportune de ses erreurs.

En effet, pour s’exprimer pleinement sur les marchés boursiers, il est important d’apprendre de ses erreurs.

En la matière, un article récent publié dans le magazine Science : « Genetically determined differences in learning from errors » démontre formellement que nous ne sommes pas également doués en ce domaine.

Un gène récemment découvert par des chercheurs de l’institut Max Planck de Leipzig détermine l’orientation du résultat des performances soumises à des processus itératifs.

Le gène incriminé assure la production dans le cerveau d’une molécule (nommée récepteur de la dopamine D2) destinée à tapisser la paroi de certains neurones.

La représentation en grande quantité de cette molécule assure la qualité de la fluidité de l’information nerveuse.

Cette particule chimique est synthétisée en bien moindre concentration chez les  mauvais apprenants . 

La conséquence de cette aridité est que le circuit neuronal qui permet d’ajuster ses choix en fonction des expériences ne s’active que fort peu.

Chez les  bons apprenants , ce circuit neuronal magique nommé cortex  frontal postéro-médian (aidé des ganglions de la base) s’active dans un grand feu d’artifice.

L’écrivain Paulo Coelho notait qu’il n’y a qu’une manière d’apprendre, c’est par l’action !

Ce n’est pas faux, pour beaucoup d’entre nous.

Mais, aussi injuste que cela puisse paraître, et quel que soit le zèle qu’ils y mettent, certains n’obtiendront jamais les résultats escomptés, ou des succès  à la hauteur de leur engagement.

Le plus grave, c’est que la version désavantageuse du gène qui est à l’œuvre chez les  mauvais apprenants  porte en son sein une pilule de cyanure mortelle.

En effet, cette variante serait en outre responsable de conduites addictives .

Ainsi, ce gène diabolique empêcherait ceux qui en sont dotés de prendre conscience des conséquences néfastes de leurs actes … de nombreuses misères s’expliquent ainsi par la génétique sur les marchés financiers … je perd … je m’accroche … je perd … je m’accroche … et un jour je disparais sans capital.

Dans la vie, il n’y a pas que les neurosciences, ou les mathématiques financières, il y a aussi la philosophie, ou la poésie … et, j’aime à me rappeler ces quelques mots du prix Nobel de littérature Rabindranath Tagore « si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors ».

Les erreurs sont le chemin d’excellence vers de belles valeurs qui donnent du sens à la vie, et c’est peut être ici, la conséquence la plus douloureuse du gène défaillant des mauvais apprenants : ils n’atteindront jamais l’éveil en bourse !

 

Christophe Gautheron

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