La mémoire est utile pour performer en bourse, et il est bon de savoir qu’elle possède aussi un effet levier
Parmi tous les passionnés de bourse, lèvent le doigt ceux qui n’auraient jamais blêmi face à la montagne d’informations qu’il faut constamment traiter pour se faire une opinion sur les sociétés cotées en bourse ?
Au sein de la famille des accros à la bourse, fassent un signe de la main ceux qui ne seraient jamais restés dubitatifs vis-à-vis de la quantité de méthodes et d’outils à connaître pour comprendre et rendre opératoire l’analyse technique ?
Se lèvent de leur chaise ceux qui réussissent à se souvenir des accidents remarquables qu’ils notent sur la variations des cours, la forme des courbes, leur association à des volumes de titres et qu’ils s’étaient juré de ne jamais oublier pour en profiter à l’avenir ?
On le voit à la réponse d’effectif égal zéro sur ces questions, la mémoire est un des éléments de base de la performance boursière.
Les gens qui gagnent de l’argent en bourse sur le long terme sont de très gros travailleurs.
Ils observent le marché, retiennent de nombreuses données de natures très diverses avant de pouvoir digérer l’information et d’entrer en position.
Ne nous y trompons pas, le passage à l’action n’est que le sommet de l’iceberg émergeant de l’eau. Et la réussite n’est que l’éclat scintillant au sommet du pic de l’iceberg.
Bref, sous la surface de l’eau, que de travail de traitement des données et que d’informations mémorisées.
La science peut-elle nous venir en aide afin d’améliorer nos performances de mémorisation ?
La réponse est oui, et cela sur un mode plutôt surprenant qui donnera de l’espoir à tous ceux qui se sentent parfois un peu juste …
Une équipe de neurobiologistes de l’université d’Edimbourg vient de montrer que plus on apprend, et plus il est facile d’apprendre.
La mémoire posséderait une capacité quasi illimitée car elle obéirait à un phénomène dit effet boule de neige .
Au lieu de saturer, comme on le croit à tort, la mémoire repousserait ses propres limites, de sorte que les données apprises faciliteraient l’acquisition de nouvelles connaissances.
Pour cela, deux conditions sont nécessaires.
La première est de travailler encore, et encore, sans relâche.
La seconde est de se donner à fond dans plusieurs domaines d’activités différents, en même temps, et ce, avec une égale intensité.
Ce faisant, on exploite un phénomène peu connu nommé amplification mnésique .
Ce mécanisme est encore à l’étude. Selon les auteurs de la recherche, la quantité de travail permet après plusieurs semaines d’effort de créer des connexions neuronales dites stables .
Ces repères stables deviennent alors de véritables balises de référence pour comprendre et stocker de nouveaux acquis, qui, à leur tour, sous la pression du travail deviendront aussi des ensembles solides, servant à leur tour de points de repères, pour de nouvelles constructions. Et, ainsi de suite, sans limite apparente.
Ce système est très connu des chauffeurs de taxis qui mémorisent rapidement le nom et l’emplacement de nouvelles rues dès lors qu’ils peuvent la situer au sein d’un solide réseau de milliers d’associations déjà retenues.
Du travail, et de la diversité dans les savoirs semblent avoir des effets synergiques inattendus et sans limites.
En tant qu’adulte, on est parfois ébahis en constatant la quantité et la diversité d’informations qu’un bachelier doit intégrer pour réussir son bac, ou en tenir la distance en prépa.
Souvent, à quarante ans, on se dit que l’on n’en est plus capable, et l’on se pose la question : Comment diable ai-je fait ? Les pauvres ados comment tiennent-ils ?
Le secret tient en l’amplification mnésique : de nombreux domaines différents à dominer, et beaucoup de travail dans toutes les directions du savoir. Le cerveau utilise alors les connexions déjà créées pour en établir d’autres, et cela sans fin !
Devenus adultes, lorsque l’on se met à travailler en entreprise, on devient mono tâche, hyper spécialisé, et même si l’on travaille beaucoup, on se met alors à décliner lentement car on ne génère plus suffisamment de nouvelles connections neuronales.
Au mieux on stagne, au pire on décroît, et cela avec une vélocité inversement proportionnelle avec la nonchalance dans laquelle on s’installe.
Alors, vous voulez exceller en bourse, vous savez très précisément quoi faire.
Premièrement, il sera nécessaire de travailler sans relâche dans tous les domaines de la finance. Ce sera une quête sans fin … celle du centre de la spirale nommée « technique gagnante ».
Deuxièmement, il vous faudra cultiver tout autant, et à la fois, d’autres passions afin de générer sans interruptions de nouveaux chemins dans vos neurones.
Sans cela, et à moins d’être un mutant (certaines personnes ont des prédispositions hors du commun … et effrayantes) vos résultats resteront aléatoires, et seront le fruit de l’amateurisme.
Car, même si des conditions de marchés vous laissent à croire parfois que vous commencez à être bons, nulle doute que vous ne soyez sauvagement fauchés par la première grosse houle.
Alors, n’ayez pas peur de faire des efforts pour apprendre de nouvelles informations, vous n’êtes pas des ordinateurs, vous n’aurez pas de problèmes de taille mémoire, ou de disque dur.
N’ayez pas peur de la saturation. Soyez curieux de tout, surtout en ce qui n’est pas de la finance !
Ainsi, au bout d’un moment ; soyons clairs, il vous faudra des années, vous aurez peut-être la chance de mettre en place inconsciemment une nouvelle configuration neuronale.
Celle-ci, de par son originalité révolutionnaire, générera peut être un mode de pensée innovant et gagnant.
Et, je vous souhaite d’être animés à la manière du prix Nobel de physique Pierre Gilles de Gennes qui écrivait : « Le vrai point d’honneur n’est pas toujours d’être dans le vrai. Il est d’oser, de proposer des idées neuves, et ensuite de les vérifier ».
Christophe Gautheron