Nous sommes en 1968. Les marchés boursiers atteignent des sommets et Warren E. Buffett a de plus en plus de difficultés à trouver des titres sous-évalués dans lesquels investir. Ses rendements sont toujours très bons, mais ils sont éclipsés par ceux d’investisseurs plus audacieux profitant au maximum de la tendance haussière des marchés. C’est alors qu’une occasion d’investissement fabuleuse est présentée au “whiz kid” d’Omaha….
Buffett siège alors comme administrateur de la fondation du Grinnell College. Parmi les administrateurs, il y a un certain Robert Noyce qui s’apprête à quitter son emploi chez Fairchild Semiconductor avec ses collègues Gordon Moore et Andy Grove pour fonder sa propre compagnie. Le plan d’affaires est plutôt vague et consiste à pousser la technologie des circuits électroniques à un “niveau plus élevé d’intégration”. Les trois associés ont besoin de capital pour démarrer leur société et sollicitent Buffett ainsi que la fondation Grinnell. Fidèle à ses principes d’investissement, Buffett refuse d’investir dans une société dont il ne peut prévoir les résultats futurs.
Noyce et Moore réussiront tout de même à récolter 2,5 millions (dont une partie provenant de la fondation Grinnell) et baptiseront leur société Integrated Electronics, une compagnie mieux connue de nos jours sous l’acronyme Intel…
C’est ainsi que Buffett passa son tour sur une des plus grandes occasions d’investissement de sa carrière. À sa décharge, il faut mentionner que de nombreuses sociétés technologiques démarrées à la même époque qu’Intel ne connurent aucun succès. Sur ce, laissons les derniers mots à sa biographe Alice Schroeder :
Bien qu’il ait déjà accepté de diminuer ses critères d’investissement dans des périodes boursières comportant peu d’aubaines, Buffett a toujours refusé d’abandonner son principe de la marge de sécurité. C’est cette rare qualité qui consiste à passer son tour sur des investissements potentiellement très payants s’il ne peut en limiter le risque qui constitue la clé de son succès.
Philippe RANCOURT
Article original :
http://www.entrepreneurboursier.com/2010/04/05/loccasion-manque-de-warren-buffett/