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Je suis un spéculateur

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Le secret était devenu trop lourd à porter. Après plus d’une dizaine d’années d’expérience boursière diverses, je dois cesser de me mentir à moi-même. Je dois cesser de faire illusion avec ce blogue. Je me dois de faire mon examen de conscience et regarder la réalité en face. Je dois faire cette confession : je suis un spéculateur.

 

Dans le monde de l’investissement, les choses sont claires. Il y a les bons et les méchants. Les bons investisseurs sont des gens sérieux et honnêtes. Les méchants spéculateurs sont des individus frivoles et malveillants. Comme bien des gens, je me suis longtemps rangé dans la noble catégorie des investisseurs tout en ayant un certain mépris pour les spéculateurs. Plus les années passent et plus je me rends compte qu’il s’agit là d’un schéma assez enfantin et simpliste. Tout investissement en Bourse comporte un aspect aléatoire et spéculatif. S’autoproclamer “investisseur sérieux” ne changera rien à cette réalité.

 

On peut débattre longtemps de ce qu’est la spéculation. Selon moi, spéculer consiste à acheter ou vendre des actions d’une société sans avoir une très forte compréhension de ses activités et de son modèle d’affaires. Avec une telle définition, il est clair que la majorité des transactions boursières effectuées autant par les amateurs que les professionnels tombent dans la catégorie des spéculations. Les entreprises inscrites en Bourse sont des entités complexes. Bien les comprendre demande du temps et de l’expérience et il très difficile d’en avoir une compréhension parfaite. Je crois qu’il faut cesser de se raconter des histoires et admettre qu’il y aura toujours une part de spéculation dans chacune de nos transactions.

 

Bien entendu, toutes les spéculations ne sont pas égales entre elles. Il y a les spéculations “frivoles” et les spéculations “éduquées”. Le spéculateur frivole mise sur des sociétés qu’il comprend très peu et s’apparente à l’acheteur de billets de loterie. Le spéculateur éduqué tente pour sa part d’améliorer sans cesse sa compréhension des sociétés qu’il achète. Il cherche ainsi à minimiser ses risques et s’apparente aux as du poker qui font des mises importantes seulement quand les probabilités sont en leur faveur.

 

Bref, je crois qu’il faudrait peut-être réhabiliter la notion de spéculation éduquée, car elle correspond davantage à la réalité que le terme “investisseur” qui est utilisé à toutes les sauces et qui ne veut plus dire grand-chose.

 

 

 

Philippe RANCOURT

 

 

 

Article original :

 

http://www.entrepreneurboursier.com/2010/05/01/je-suis-un-speculateur/

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