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Bourse et patience

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Si vous avez la patience de lire et de méditer ce livre, vous êtes (un potentiel) bon trader

« C’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre », qui a dit cela ?

Le patron de la banque centrale Européenne ? Le Président de la société générale après l’affaire Kerviel ? Un grand spéculateur de fond de pension ? Albert Frère le grand investisseur Belge ? L’entraîneur de l’équipe de France de football ? Meryll Lynch l’un des créateurs de la Federal bank aux Etats Unis ? PPDA à l’ouverture du journal de 20 heures sur TF1 ?

Tous auraient pu, mais que nenni, c’est Louis 14 ! La patience est une vertu cardinale dans tous les domaines de la vie, et cela depuis toujours.

Les investisseurs face au chaos apparent des marchés en ont fait un dogme.

Sur les marchés, il est bien connu et admis qu’à long terme, à condition d’avoir parié sur des valeurs saines, on retrouve toujours son argent.

Pour cela, il suffit donc de savoir attendre, d’être patient pour négliger les moins values issues d’un environnement chahuté à court terme.

Des recherches récentes au sein de l’université de San Francisco montrent que la patience ne serait pas donnée de manière équitable à tous les êtres.

En effet, un gène, présent sous deux formes différentes ferait de chacun d’entre nous un individu patient ou un impatient.

Ce gène prédispose certains êtres à l’impatience, leur faisant préférer les gratifications modérées mais immédiates, à des médailles d’or situées dans un avenir lointain.

Le gène en cause est nommé : COMT. La variante que l’on trouve chez les  impatients est COMT-met158, tandis que les patients sont dotés de la variante COMT-val158.

Le gène COMT produit dans le cerveau une enzyme (euh … la catéchol-O-méthyltransférase) dont le rôle est de purger le cerveau de la molécule du plaisir bien connue sous le nom de dopamine.

La variante COMT-met158 est d’une efficacité bien moindre que sa cousine  COMT-val158. 

Donc, les individus sous le joug de COMT-val158 annihilent avec une grande efficacité la dopamine.

 Leurs cerveaux ne sont que peu influencés par l’hormone du plaisir immédiat, d’où la facilité à différer les choix et les décisions.

Désolé pour tous ceux qui pensaient que faire des puzzles rendraient leurs enfants plus patients … ils ne font qu’exploiter un potentiel qui existait, et ne développent absolument rien !

De plus, les mêmes chercheurs ont découvert que les impatients activent de préférence une zone très spécifique dans leurs cerveaux (encore euh … le cortex préfrontal dorso-latéral).

Ceux qui s’intéressent à la neurologie savent que le cortex est le siège des facultés intellectuelles supérieures de l’homme, et pour simplifier l’endroit où l’on produit de la réflexion.

Au sein du cortex, la partie  cortex préfrontal dorso-latéral  est le lieu en lequel on analyse les avantages et les inconvénients des options situées dans un délai proche.

Les individus patients, quant à eux, activent la plupart du temps une zone nommée cortex orbito-frontal, bien connue pour traiter les options plus distantes dans le temps.

J’ai toujours cru que mon goût pour le day trading et le swing trading était la conséquence du constat que, sur les marchés boursiers seules les nouvelles, et les faits « ici est maintenant » apportaient de l’énergie aux cours ; et que plus on s’éloignait de l’impact, plus l’énergie se diluait, perdant son intensité, voire son sens.

En fait, je crois que c’est plutôt car je suis programmé ainsi, et que je vis sous l’emprise d’un stupéfiant naturel : la COMTmet158 !

Swâmi Râmdâs disait que « l’impatience – en n’importe quoi – est toujours un signe de faiblesse ».

Les sages voient toujours juste : mon impatience est issue de COMTmet158 qui est bien plus faible que COMTval158.

Ce qui est étrange, c’est que l’impatience semble une caractéristique qui est défavorable à la race humaine.

Elle aurait dû disparaître au fil des générations car inutile, et pénalisante.

Or, l’impatience est grandement répandue dans la population.

La sagesse populaire connaît bien ce point que La Fontaine mis en lettre par le biais de la fable : « la cigale et la fourmi ».

Alors, pourquoi la race humaine se compose-t-elle de patients et d’impatients aux patrimoines génétiques, et aux structures cérébrales différentes ?

En fait, il semblerait que les impatients se trouvent favorisés en terme de puissance reproductive.

Le « ici et maintenant » génère une multiplication des partenaires, donc une bonne  transmission d’un gène bancale.

De plus, chez nos ancêtres, mais cela est vrai aussi parmi les peuplades actuelles les plus fragiles, la focalisation sur l’instant, associée à l’ignorance de l’avenir long terme, se révèle avantageuse en terme de survie lorsqu’il faut prendre des décisions rapides sous peine de disparition immédiate.

Bref, l’humanité préserve ses deux variantes car elles ne sont pas pathogènes l’une pour l’autre, et car la nature a besoin par ici de l’une, et par là de l’autre.

Voilà amis traders, vous comprenez désormais un peu mieux la pulsion d’impatience qui parfois transite le long de votre colonne vertébrale.

Comprendre, c’est aider les autres, et pouvoir s’améliorer !

Sur les marchés, un seul moyen de ne pas s’impatienter : c’est un calife philosophe Arabe du sixième siècle qui nous indique la voie : « Tant qu’on espère pas, on ne s’impatiente pas », dixit Hazrat Ali .

Pas de mode espoir en bourse … ça vous dit quelque chose ?

 

Christophe Gautheron

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