Thierry Seguin
(Accéder à la liste de tous mes articles)
Passionné de trading et d’analyse technique depuis une vingtaine d’années, ma quête a été de développer et utiliser des outils qui me permettent à la fois de réaliser des gains convenables quelles que soient les conditions de marché, en privilégiant avant tout l’absence de pertes et la préservation du capital, tout en ne rendant pas cette activité trop chronophage ou incompatible avec un emploi salarié.
Essentiellement autodidacte, c’est par maintes erreurs et rencontres diverses (allant d’un escroc révélé sur le tard à des traders de talent qui vivaient à 100% de leur activité depuis au moins dix ans comme Dan Norcini, Benoist Rousseau, Gilles Leclerc, Eric Lefort ou Gwénaël Année), et surtout par une prise directe avec les marchés que j’ai pu peaufiner un système, ou plutôt une philosophie permettant de survivre au pire ennemi du trader, à savoir lui-même, avec pour premier objectif de ne plus faire partie de la grosse majorité des « traders » actifs particuliers qui perdent de l’argent.
Ma conviction est que le premier pas pour un apprenti trader souhaitant gagner de l’argent est d’apprendre à ne plus en perdre. Cela parait évident, et pourtant… pour y parvenir, avoir un plan de trade et un bon money management, connaitre ses forces et ses faiblesses personnelles face au marché pour trouver son propre style de trading, sont pour moi des éléments tout aussi vitaux que d’être capable de s’affranchir des conseils des autres et de réaliser ses propres analyses, seul face au marché et à soi-même.
Au delà du trading, un second centre d’intérêt pour moi est certainement la Communication Non Violente, de Marshall Rosenberg : un outil essentiel permettant de vivre des relations humaines fort différentes, après avoir pris conscience du conditionnement dans lequel nous enferment nos sociétés.
Mon expérience des entrées en contre-tendance dans un marché aussi agité
Audience de l'article : 3036 lecturesMême lors des mouvements les plus violents auxquels j’ai pu assister lorsque je suivais les marchés, je ne me rappelle pas avoir vu une fois un indice évoluer en ligne droite.
Au pire et même dans une tendance très marquée sur une unité de temps, des réactions dans la direction contraire s’installeront de temps en temps pour faire respirer le marché. Dans un marché fortement baissier, l’arrivée sur des supports majeurs provoque ainsi souvent ce que les anglophones appellent des « dead cat bounce », rebond du chat mort, qui ne sont qu’un prélude à la poursuite de la baisse, mais qui sont parfois rapides, de forte amplitude, et désarçonnent ou sèment le doute dans le camp adverse.
Ainsi, on peut très bien se retrouver dans une tendance baissière lourde en UT mensuelle, tout en étant provisoirement en forte tendance haussière sur l’UT 1 heure. Le tout est donc de savoir sur quelle unité de temps on se place lorsqu’on rentre en position, et de ne jamais oublier la tendance des unités de temps supérieures au trade.
Ce type de trading pourrait être nommé par certains « trading en contre tendance », puisqu’il s’agit de prendre position à l’encontre de la tendance supérieure à celle du trade. Je déconseille fortement ce type de trading pour les traders amateurs, ceux qui n’ont pas le temps de suivre régulièrement l’évolution des cours sur l’unité de temps égale ou inférieure à celle où ils ont effectué leur trade.
Par définition, un trade en contre tendance se plaçant contre la tendance de l’unité supérieure, il nécessite beaucoup d’agilité, de réactivité et de sang-froid. Il nécessite également de prendre ses premiers bénéfices tôt, de définir dès son entrée en position son niveau de perte (stop loss placé)°et de sortir de position à la moindre alerte. Etant donné le risque associé à ce genre de trade, il nécessite aussi un ratio risk reward suffisamment élevé pour que l’espérance de gain en soit positive, ce qui implique d’entrer en position au plus près d’un support ou d’une résistance clairement identifiables sur les UTs les plus longues. Pour ceux qui en ont le courage, il permet malgré tout d’encaisser des gains non négligeables en un minimum de temps, si toutes les conditions préalablement citées sont réunies.
Je vais illustrer ici par l’exemple concret de l’évolution en cours de l’indice CAC40, les raisons qui m’ont poussé à acheter avec un horizon très court-terme le CAC alors qu’il atteignait la zone des 4050 (et en fait à deux reprises en jouant un double bottom).
UT annuelle.
La correction de février et mars nous entraîne de plus en plus dans une configuration de range de très long-terme sur le CAC, qui oscille entre 2900 et 6000. Moralité : un retour vers 3000 pour le CAC40 dans les mois qui viennent n’a rien de fantaisiste. Ce n’est pas une prédiction, mais une réelle possibilité qu’il ne faut pas sous estimer en rachetant à tour de bras comme le conseillait malheureusement la secrétaire d’Etat Agnès Runacher.
UT trimestrielle.
Mais une UT annuelle, c’est fichtrement long. Certains traders plus agiles n’ont pas forcément envie d’attendre qu’on retombe à 2900 pour prendre position à la hausse. Or, en UT trimestrielle, un découpage en reports d’amplitudes fait apparaître un support probable autour du chiffre rond et donc psychologique des 4000 points. Cette zone se conjugue avec la Bollinger inf de cette UT qui renforce le support, ainsi qu'un support de report de ranges de l’UT mensuelle à 4050 points. De là, et avec en tête le fait que le marché est baissier, on peut examiner les UTs inférieures pour voir si oui ou non elles nous indiquent qu’un rebond commence à se dessiner.
UT hebdo.
Or, sur l’UT hebdo, on s’aperçoit que les cours ont baissé tellement rapidement qu’ils se trouvent désormais plusieurs centaines de points sous la bande de Bollinger inférieure. Si les cours ne rebondissent pas, cela signifie qu’ils ouvriront autour de 4050 lundi avec une bande de Bollinger autour de 4500 lundi matin. De mon expérience, ce genre de situation est exceptionnel et appelle le plus souvent les cours à rejoindre la bande de Bollinger afin d’au mois la frôler, avant peut-être ensuite de replonger. Nous parlons donc ici d’un potentiel de près de 400 points de hausse, 10% quand même, au sein d’un marché baissier tout autant spectaculaire. Même s’il ne s’agit que d’une réaction haussière, d’un « dead cat bounce », cette réaction haussière peut-être exploitable par un trader aguerri qui gère bien son capital, son risque, son money management. Il ne s’agit en aucun cas de s’attarder long en contre tendance dans un tel marché. Mais lorsque ce dernier atteint de telles proportions de survente à la baisse sur des unités courtes, il est souvent profitable de surveiller l’éventualité de telles réactions haussières à très court terme, et de temporiser ses allègements de portefeuilles pour ceux qui n’auraient pas encore eu le temps de sortir, afin de ne pas sortir au plus bas des cours avec le gros des vendeurs paniqués.
Suivi du trade : UT 2 heures.
Suite à mon léger achat dans la zone 4200 puis surtout à 4050 en renfort principal comme annoncé, j’ai eu pour premier objectif le haut de la résistance baissière de l’UT 2 heures, qui passait hier midi à 4400. Je suis donc ressorti intégralement de mes positions lors de la tentative de cassure avortée de cette résistance. Puis j’ai observé le retour sur 4050 et sur les premiers signes qu’il ne cédait pas, une configuration en double bottom se précisant, j’ai décidé de reprendre une ligne afin de tenter le retour vers la Bollinger inférieure hebdo. J’ai déjà pris une partie de mes bénéfices à la clôture des marchés US sur ce trade, afin d’être serein lundi matin, même si un astéroïde chargé d’Aliens venait se poser sur un marché de Wuhan en Chine d’ici dimanche.
Voilà, j’espère que cette illustration clarifie au plus près la façon dont je décide de prendre un trade en contre tendance, avec pour ma part une absence de levier, la volatilité étant simplement trop énorme pour que je prenne un risque important avec des marchés fermés sur la durée d’un weekend en ce moment.
Bon weekend à tous,
- 5 choses apprises du trading de David Renan et qui m'ont fait progresser
- Faut-il toujours attendre qu'un support casse pour vendre ses positions?
- Un indicateur simple et efficace pour anticiper les retournements de marché
- Je vous avais prévenus! (je sais, ça énerve...) : mais pourquoi l'Analyse Technique Dynamique fonctionne si bien pour anticiper les retournements de marché?
- Revue de marché moyen long-terme : zone d'alerte sur les indices!
- L'analyse complète et documentée de Yannick Colleu concernant les vaccins anti-Covid