Intéressante question, à laquelle on répondrait sans hésiter de façon affirmative et claire. NON.
Alors oui au premier degré, pas à hésiter pas gouter.
Et pourtant, on va le voir, il ne faut pas aller si vite. Et pour cela on va raisonner avec le pain.
Pour fabriquer du pain il faut de l’eau de la farine et de l’énergie. Et ce qui nous intéresse ce n’est pas l’énergie, même s’il en faut, ni l´eau presque gratuite mais c’est bien la farine.
Oui parce que pour fabriquer de la farine il faut du blé. Et pour fabriquer du blé il faut …. ?
Le graphe qui fait réfléchir :
Pour faire du ble, il faut de la terre, des graines, de l’eau … et puis il faut surtout des engrais.
Ci dessus, le prix du principal engrais utilisé dans le monde et le pétrole qu’il faut pour en acheter. L´urea. L´urea explose en cette année 2021. Il fait fois 2.5. Alors pas autant que le gas en Europe certes mais tout de même. Et ce qui nous intéresse. Il est relativement cher en pétrole autour de 8 une déviation standard au-dessus de son prix moyen de puis 1983. Curieusement il anticipe même des prix plus élevés. Difficile à savoir peut être part- on de stock bas d’engrais. Certainement a voire le mouvement. Le ratio est relativement stable et l’on observe une forte corrélation avec le pétrole en particulier dans des phases ascendantes.
A continuation les trois principaux engrais utilisés dans le monde potash, phosphate et nitrogène le plus habituel.
Le cout de l’engrais en 2020, en moyenne aux Etats Unis, 45 USD par acres sur 135 USD pour produire du blé. A cela se rajoute 16 USD et 12 USD respectivement de produits chimiques, qui sans aucun doute sont pour la plupart des dérives du pétrole et d’électricité ou fuel. Pour simplifier autour de la moitié des couts sont directement de l’énergie de laquelle 90 % certainement du pétrole/gaz.
Et on ne pourrait pas manger sans engrais. L’amélioration des rendements agricoles sont en grande partie grâce aux engrais. Bien sûr il y a d autres facteurs. Mais l’engrais est essentiel. La faim tue.
Pourquoi l’engrais est à 90% du pétrole ou du gaz ?
Parce qu’il est le fruit de plusieurs réactions qui ont pour point commun d’exiger de l’énergie en forme de gaz ou pétrole.
Il faut pour fabriquer de l´urea en effet de l’ammoniac et pour l’ammoniac on a besoin de nitrogène et d’hydrogène. Pour obtenir du nitrogène il faut de l’air liquide. Et pour l’hydrogène il faut de l’énergie du gaz. Pour l’air liquide il faut aussi beaucoup d’énergie parce qu’ il faut comprimer l’air pour ensuite le distiller.
La production d’ammoniac compte à elle seule pour 1 à 2 pourcent de la consommation mondiale d’énergie et entre 3 et 5 % de celle de gaz. En tout état de cause on peut être très simpliste et dire qu’au final on le N, le O, le H, c’est gratuit, mais O—H2N-NH2 coute beaucoup d’énergie.
Voilà donc comment le prix du pétrole et du gas influe directement sur le prix des céréales. L’agriculteur se retrouve devant un dilemme à savoir qu’ il doit affronter donc des couts plus élevés des aujourd’hui en conséquence mais n a pas la certitude de récupérer l’investissement. Les cours forward du blé dans 6 mois ne reflètent pas vraiment le cout du fertilisant. Il a alors 3 possibilités. Planter moins, remplacer ses couts, planter la même quantité parce qu’il le peut, et tenir parce qu’il fait le pari que les prix seront plus élevés ou qu’il pourra ne pas baisser les siens. Quoiqu’ il en soit cela débouche en principe avec des prix plus élevés sur le blé et donc au final sur le pain si le four en particulier utilise de l’électricité française.
Alors combien plus cher, se trouve-t-on dans un cycle haussier de long terme. Pour cela il faut regarder d’autres variables comme les inventaires. En principe, il n y a pas trop de soucis à se faire. Les inventaires de céréales ne sont pas particulièrement bas dans le monde.
Ceci étant il existe des configurations à suivre par exemple comme celle du blé aux EEUU. Comme on peut l’observer sur le graphe suivant les inventaires sont particulièrement bas historiquement et les prévisions de sont pas bonnes.
Aussi selon la FAO, les inventaires ont tout de même tendance à diminuer sur les céréales
Alors on fera attention au point suivant, la balance des échanges de produits agricoles est très nettement défavorable à l’Asie. On pourra reparler de la crise du porc en Chine qui a créé des tensions très fortes sur le soja.
Finalement la question que l’on se pose toujours, qu’est-il possible d’acheter pour profiter de cette analyse. A savoir que la consommation d’aliments ne diminuera pas* , que le rendement dépend en grande partie d’engrais qui eux-mêmes ne sont pratiquement que de l’énergie sous forme de gaz et de pétrole et dont le prix passera directement au consommateur. On pourra regarder avec attention des géants américains comme ADM ou Bunge. Mais aussi Nutrien ou Covetra. L´Ishare Agrisbusiness offre toute une panoplie de noms auxquels s’intéresser. Et il n’est pas particulièrement cher. Dans un retournement de marche ceci étant il serait préférable d’attendre mais le rebond sera certainement plus rapide sur l’agrobusiness.
ADM vs SP. ADM pas particulèrement cher.
En conclusion le pétrole ça se mange pas, enfin il faut éviter, on en trouve vraiment dans pas mal d’aliments de façon direct et la en tant que matière. Je vous invite à vérifier de vous même. Ce n´est pas une plaisanterie. Mais surtout l’on retient qu´ il faut beaucoup d’énergie pour faire grandir les céréales qui alimentent la planète. Le comble étant finalement d en remettre un peu dans le moteur de sa voiture…
*Consommation de blé et mais dans le monde depuis 1994:
Le pétrole dans l´alimentaire - Est-ce que ça se mange ?
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