L’indice des prix à la consommation est censé refléter les effets de l’inflation sur le niveau général des prix. L’idée est de prendre cet indice comme facteur correctif du prix nominal afin d’obtenir un graphique en prix corrigés de l’inflation. Nous pouvons ainsi produire le graphique du prix de l’or de 1970 à 2007, exprimé en dollars de 2007.
Graphique du prix de l’or, ajusté selon le CPI, à partir du prix nominal (en bas). Le sommet de 1980 à $850 correspond à $2'296, en dollars de novembre 2007.
Mais le calcul de cet indice a subi de nombreuses corrections au fil des ans, et apparaît de moins en moins fiable pour refléter les effets accumulés de l’inflation sur plusieurs décennies. En effet, certains articles dont le prix augmente trop, peuvent être remplacés par d’autres, moins chers, en provenance d’Asie. Le poids donné à certains articles dont le prix augmente trop, peut également être réduit pour atténuer la hausse de l’indice. La raison invoquée est que, si le prix du steak augmente trop, le consommateur va se rabattre sur le hamburger. D’une manière générale, l’indice suit les habitudes de consommation; mais lorsque celles-ci se détournent des biens de qualité pour se rabattre vers des biens de moins bonne qualité, les effets de l’inflation sont forcément minimisés.
Certains économistes pensent que l’indice des prix à la consommation est manipulé par le gouvernement afin de favoriser le marché obligataire et afin de contrer les revendications salariales, car dans les deux cas l’indice CPI est utilisé comme valeur de référence. Un indice qui ne reflète pas suffisamment les effets de l’inflation peut également tromper tous les plans de retraites qui l’utilisent comme valeur de référence.
L’économiste John Williams a calculé ce qu’aurait dû valoir l’indice des prix à la consommation américain CPI, s’il n’avait subi aucune modification dans sa méthode de calcul. Il appelle cet indice SGS Alternate. Le graphique ci-dessous présente le détail de la période 1980-2007 donné en pourcentages d’augmentation annuelle sur les indices CPI et SGS Alternate.
L’écart entre les deux indices apparaît vers le milieu des années 80, avec le SGS reflétant une inflation beaucoup plus forte que le CPI.
En nous basant sur le graphique précédent, nous aurions aux Etats-Unis, au mois de novembre 2007, +11,7% de hausse annualisée sur le niveau général des prix, au lieu de +4,3%. Un écart énorme qui aurait des conséquences dramatiques pour tous les investisseurs obligataires qui pensent battre l’inflation en toute sécurité. Voilà qui serait d’ailleurs beaucoup plus en phase avec la croissance débridée de la masse monétaire.
En conclusion, utiliser l’indice des prix à la consommation comme facteur correctif dans l’espoir d’obtenir un graphique en prix corrigés de l’inflation, ne nous donne pas l’évolution réelle du prix, étant donné les manipulations douteuses sur le CPI. Notre graphique du prix de l’or ajusté selon le CPI, pourrait ne pas refléter suffisamment la hausse des prix qui a eu lieu sur cette longue période.
En ajustant le prix de l’or selon le SGS Alternate de John Williams, le sommet de 1980 à $850 correspondrait, en novembre 2007, à $6’084, au lieu de $2'296 obtenus avec le CPI !
Un autre moyen pour étudier l’évolution réelle des prix sur une longue période est de recourir à la bonne vieille méthode de comparaison des prix entre eux, plus connue sous le terme de force relative, ou ratio.
Léonard SARTONI