Le gourou de la finance typique est un individu remarquable. Il est brillant, a connu beaucoup de succès par le passé, possède une personnalité forte, a beaucoup de prestance et la surexposition médiatique ne lui inspire aucune crainte. Au niveau international, ils ont pour noms Nouriel Roubini, Marc Faber, Jim Rogers et Warren Buffett. Au Québec, nous avons le réputé gestionnaire Stephen Jarislowsky.
Ces individus sont sollicités de toute part par des médias continuellement en quête de prédictions sur la direction des marchés. Nos gourous, acceptant avec plaisir le rôle d’oracle, se prêtent souvent au jeu. Un exemple parmi d’autres ? Stephen Jarislowsky affirmait à la fin mars qu’il était trop tôt pour revenir en Bourse ! (la preuve ici). Malheureusement, les marchés ignorèrent l’avis de l’oracle montréalais et poursuivirent leur ascension.
Pourtant, monsieur Jarislowsky est un excellent investisseur. Il a bâti sa fortune et sa réputation en investissant avec un horizon à long terme dans des titres de sociétés solides. Par contre, son succès comme investisseur ne repose probablement pas sur sa capacité à prévoir la direction du marché à court terme. Qu’il ait fait une telle prédiction démontre qu’il est très difficile de ne pas succomber au “syndrome de l’oracle”.
Bref, qu’un journaliste admiratif vous demande votre avis sur la direction du marché ne vous transforme pas pour autant en Nostradamus de la Bourse. Il n’est pas anodin que Warren Buffett, le plus génial et le plus adulé des gourous, ait toujours refusé de répondre à cette question. Le meilleur investisseur de tous les temps a l’humilité et la sagesse de ne pas tenter de prédire la direction à court terme du marché. Les petits investisseurs devraient en prendre bonne note avant de trop se laisser impressionner par les prédictions spectaculaires d’un gourou à la mode.
Article original :