- il n'y a pas d'alternatives aux actions étant donné le niveau bas des taux d'intérêt;
- si l'économie déçoit, les autorités monétaires vont renforcer leurs mesures d'assouplissement monétaire quantitatif, entraînant une hausse supplémentaire des cours ("bad news is good news");
- si l'économie s'améliore, les bénéfices des entreprises vont augmenter, entraînant une hausse supplémentaire des cours ("good news is good news").
Tout d'abord, force est de constater que sur les 18 à 24 derniers mois, les cours ont monté alors que les résultats des entreprises ont stagné, voire baissé. (C'est surtout au niveau des ventes et des marges qu'il y a eu beaucoup de déceptions, l'ingénierie financière et notamment le rachat de titres ayant permis à de nombreuses entreprises de sauver la situation au niveau du bénéfice par action.) Il en résulte que les marchés sont aujourd'hui nettement plus chers qu'il y a quelques mois. Le marché américain se traite ainsi à 18,4 fois les bénéfices des douze derniers mois, contre 15,6 à la fin de l'année dernière. Sur base d'autres mesures de valorisation (bénéfices normalisés, chiffres d'affaires, fonds propres, ...), le marché a rarement été aussi cher. Les marchés européens le sont un peu moins, mais ceci est dû en grande partie à la composition de leurs indices. La valorisation des actions n'est pas un outil important pour prévoir leur rendement à court terme (un marché cher peut le devenir encore plus) mais c'est le principal facteur déterminant leur rendement sur le long terme.
Ratio "Cours/Bénéfice" Shiller pour le marché américain (cours/bénéfice moyen 10 ans)
Source : Morgan Stanley
La valorisation peu attrayante des marchés boursiers est cependant d'autant plus inquiétante qu'un certain nombre de facteurs sont récemment apparus (ou risquent d'apparaître) ayant le potentiel de peser sur les cours boursiers, avec entre autres :
- la chute des marchés financiers et des monnaies des pays émergents,
- les incertitudes sur la politique monétaire de la Réserve fédérale,
- les incertitudes sur le nom du futur président de la banque centrale américaine,
- l'augmentation des taux obligataires,
- la faiblesse des résultats annoncés par un grand nombre d'entreprises,
- les développements politiques dans les mois à venir (situation géopolitique, élections allemandes, discussions sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis, ...),
- le fait que de plus en plus d'investisseurs semblent anticiper une accélération de la croissance en Europe et aux Etats-Unis, ce qui met la barre plus haut au niveau des indicateurs économiques à venir (en d'autres mots, il ne suffira plus qu'ils soient moins mauvais qu'anticipés).
Guy Wagner
Source: http://www.guywagnerblog.com/fre/entry/prudence