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Vincent Benard

Vincent Benard

Vincent Bénard est analyste à l'Institut Turgot (Paris) et, depuis mars 2008, directeur de l'Institut Hayek (Bruxelles). C'est un spécialiste du logement et  de la crise financière de 2007-2008 (subprimes). Grand défenseur du libéralisme économique, Vincent décortique tous les errements des Etats providence !

Gérer la faillite de Bankia sans argent public: une proposition concrète

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Nombre de commentaires : 15 réactions

Il y a quelques mois, je suggérais dans ces colonnes à Mariano Rajoy une méthode garantie 100% sans contribuable pour recapitaliser ses banques, et dont je vous rebas les oreille à intervalles réguliers: la conversion des dettes financières en capital.

Inutile de dire que la célébrité d'Objectif Eco ne va pas jusqu'à Madrid, et que M. Rajoy, en bon socialiste de droite, envisage d'emprunter on ne sait où (et surtout, à combien...) 23 milliards pour renflouer Bankia.


Juan Ramon Rallo (photo), le jeune et dynamique économiste de l'institut Libéral Insituto Juan de Mariana, promeut lui aussi la conversion des dettes financières ("Debt to equity swap"), et suggère de l'appliquer concrètement au cas de Bankia, troisième banque espagnole, issue de la fusion forcée de 7 banques locales déjà bien mal en point en 2010. Je résume son plan, issu de cet article:

"Bankia a 38,5 milliards de dettes, (Nd VB: autres que vis à vis de la clientèle) dont 13,6 Mds de dette subordonnée (NdVB: "junior"), 11,6 Mds de dette sénior  venant à échéance entre 2013 et 2017, et 13,5 Mds de dette à échéance supérieure  à 5 ans.

En transformant 100% de la dette junior, 50% des titres sénior à long terme et 20% des titres sénior à moyen terme en capital, soit à peu près 23 Milliards, Bankia verrait ses fonds propres augmentés de la somme prévue par le gouvernement, sans prendre aux contribuables". 

Les avantages de cette solution vont bien au delà du trop court article de notre confrère ValueWalk.

Voilà qui redonnerait à Bankia un oxygène considérable, le capital ne donnant lieu ni à versement d'intérêts obligatoires tant que l'entreprise ne regagne pas d'argent, ni à refinancement.

Bien sûr, les actionnaires actuels seraient "liquidés", mais ils ont déjà virtuellement tout perdu.  Le contribuable ne paierait rien, et surtout, les déposants verraient le spectre d'un défaut sur leurs comptes s'éloigner. Le risque d'un bank-run dévasateur serait durablement éloigné.

Les créanciers de court terme ne seraient pas impactés, ceux de moyen terme un peu, ceux de long terme un peu plus: cela laisserait le temps à ces créanciers d'amortir la perte dans leurs propres comptes.

Cependant, ces pertes pourraient tout de même mettre des créanciers financiers de Bankia en difficulté. Et bien, le même plan serait applicable aux autres banques du pays ! Et voilà qui donnerait donc un signal extrêmement positif aux prêteurs qui n'osent plus venir sur la dette souveraine espagnole: "l'Etat ne couvrira pas les pertes des banques".

Bien sûr, il est possible que les pertes de bankia dépassent la somme de ses fonds propres et de ses dettes hors clientèle. Dans ce cas, il resterait la méthode "serbe", et de toute façon, l'application préalable du plan "debt to equity" diminuerait de toute façon à la portion congrue le besoin de refinancement des comptes individuels garantis par l'état espagnol.

Mais dans le cas contraire, les ex-créanciers redevenus actionnaires de Bankia sauraient que pour récupérer leur mise, ils ne pourraient compter que sur eux même et la capacité à bien gérer leur actif. Cette leçon salutaire, que l'ensemble du monde financier, et pas seulement espagnol, observerait avec attention, provoquerait sûrement, bien plus que toutes les régulations imaginées par un législateur toujours en retard d'une crise, une véritable révolution culturelle positive et saine dans le monde de la banque, qui en a bien besoin.

Et pour finir, une petite citation de Joseph Stiglitz en 1999, comme quoi ces propositions transcendent les clivages politiques:

Bankruptcy scares many people, but it shouldn't. All that happens is that the financial claims on the firm get restructured.

When the firm is in very bad trouble, the shareholders get wiped out, and the bondholders become the new shareholders. When things are less serious, some of the debt is converted into equity.

In any case, without the burden of monthly debt payments, the firm can return to profitability”

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Lire également :

Value Walk: Bankia recapitalization without a bailout, here's how

Mariano Rajoy, quelques conseils pour sauver la situation bien compromise de l'Espagne

Faillites bancaires ordonnées par Debt to Equity Swaps : article 1 (agefi) | art 2

Le mur des dettes souveraines, quelles solutions ? (objectif eco)

Liquider une banque à la serbe, la méthode Dinkic (objectif eco)

Pourquoi la régulation étatique des banques est condamnée à échouer

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15 Commentaires

  • Lien vers le commentaire claude Mathy mercredi, 06 juin 2012 18:53 Posté par claude Mathy


    Cela ne m’étonne pas un seul instant

    :-)

  • Lien vers le commentaire Vincent BENARD mercredi, 06 juin 2012 15:54 Posté par Vincent BENARD

    @scarabée: pour la commission, je vais tacher de travailler à froid, une fois tous les détails livrés. Il y a trop d'effets d'annonce contradictoires, avec du bon et du moins bon.

  • Lien vers le commentaire Vincent BENARD mercredi, 06 juin 2012 13:28 Posté par Vincent BENARD

    @scarabée: vous verrez, la libération du foncier, vous y viendrez aussi (en 2018...)

  • Lien vers le commentaire Vincent BENARD mercredi, 06 juin 2012 09:48 Posté par Vincent BENARD

    @kilimak: merci du tuyau. C'est twitté.

  • Lien vers le commentaire Henri Dumas mercredi, 06 juin 2012 05:28 Posté par Henri Dumas

    Dans nos démocraties, les élus ne supportent pas qu'une solution puisse apparaître sans leur intervention.

    C'est aussi con que ça.

    C'est exactement pareil dans l'aménagement du territoire, que vous connaissez bien. Cela génère la spéculation immobilière.

    Ils souhaitent maîtriser notre pensée et nos émotions, ils imaginent avoir en retour notre reconnaissance.

    Dans ce type de démarche, la plus folle fut celle d'Hitler qui pensait que le monde entier lui serait reconnaissant d'avoir éradiqué les Juifs.

    C'est une folie collective qui touche tout le système au pouvoir, et à laquelle, finalement, adhère la population.

    Dommage, encore un article plein de bon sens.

    Cordialement. Henri Dumas

  • Lien vers le commentaire Vincent BENARD mardi, 05 juin 2012 20:56 Posté par Vincent BENARD

    @claude: j'adore tes métaphores animales et laitières !

  • Lien vers le commentaire Vincent BENARD mardi, 05 juin 2012 20:55 Posté par Vincent BENARD

    @claude: merci !

    @dadounet: Vous avez hélas cent fois raison,mais ce sont surtout les créanciers financiers qui sont le lobby fort ici, tout ce petit monde se tenant par la barbichette par le jeu de dettes croisées. Les actionnaires ont déjà bcp perdu, et ne sont pas le lobby d'opposition dominant.

  • Lien vers le commentaire claude Mathy mardi, 05 juin 2012 20:42 Posté par claude Mathy

    Enfin des paroles de bon sens !

    Déjà étouffé par l’austérité le peuple ibérique (Europe) devrait encore payer ?

    Faut arrêter, on va droit dans le mur. Les créanciers n’ont qu’a bouffer leur pertes, ils n’avaient qu’a étudier mieux (prendre moins de risques) leurs dossiers.
    C’est bien trop facile, on prête a des taux usuriers puis ont pleure ?
    Ce n’est même plus vouloir l’argent du beurre, le beurre et la crémière c’est carrément vouloir la sodomiser à califourchon sur le dos de la vache
    Merci Vincent de réveiller les consciences avec des éditos réalistes