Sans aucune protection, cet homme va s’occuper des chiens, des sangliers, des chats ou des vaches abandonnés à leur propre sort. Il fait face à une ville fantôme et aujourd’hui en 2014, seuls lui et ses animaux prétendent à la vie. Pour combien de temps encore ?
Deux jours après la catastrophe nucléaire en mars 2011, les 16'000 habitants de la ville de Tomioka sont évacués à cause des risques de radiation nucléaire. Naoto Matsumura, ce paysan de 54 ans, décide de rester pour sauver l’honneur de sa terre natale, qui l’a vu grandir et où sont enterrés ses ancêtres. Petit à petit il va se rendre compte, que les habitants ont fui en laissant derrière eux, leurs animaux domestiques.
Trois ans après lors de son passage en Suisse et en France,il raconte avec des mots simples, ce qu’est une apocalypse. Son récit est émouvant et sans concession. Toute sa ville a dû fuir et il est resté seul face aux radiations mortelles. Sa vie sans électricité et sans eau courante a débuté ce jour-là en mars 2011. Une vie de silence et de solitude, sans personne, sans bruit, sans le vacarme des automobiles.
Quelques jours après la catastrophe, il entend les aboiements du chien de son voisin. C’est là que j’ai remarqué que tous les animaux domestiques avaient été abandonnés par leurs maîtres.
Matsumura refuse d’abandonner les animaux qui ont survécu à une agonie certaine. Depuis, chaque matin, il va de maison en maison pour nourrir les chats et les chiens restés sur place parce que trop sauvages pour être capturés ou trop agressifs pour être emmenés dans les refuges. Il nourrit aussi ses sangliers et ses cochons qui cohabitent avec une bande de chats.
« Je suis un homme césium. Je le sais depuis que j’ai fait une spectrométrie du corps entier en octobre 2011. Je suis un hibakusha, un irradié. Je pisse et chie le césium. Je dors et mange dans la radioactivité » souligne-t-il lors de son passage à Lausanne le 18 mars 2014.
Durant son séjour de 3 semaines en France, c’est son frère qui a pris le relais sur place. Je l’ai supplié de m’aider et il a accepté. Il sait maintenant que lui aussi est irradié.
Nato Matsumura veille désormais sur un monde sans homme, un monde d’après l’apocalypse et y reconstruit, un jour après l’autre, le lien brisé entre l’humanité et la nature.
Vous pouvez aider
Lors de son passage à Lausanne, je lui ai demandé ce que nous pouvions faire pour l’aider. Pas préparé à ma question, Nato Matsumura me confie qu'il a de la peine à trouver de la nourriture pour les animaux. Il est possible de l’aider avec un don. (je lui ai demandé de me faire parvenir ses coordonnées bancaires et je vais les indiquer dans cette page dès qu'il me les aura transmises).Son blog