Le modèles économique des groupes immobiliers repris par la holding de la famille Pinault, Artémis, en indisposent plus d'un. La famille fortunée a pris possession, il y a près de 3 ans, des deux réseaux d'agents mandataires leaders en France : Capifrance et Optimhome. Ils emploient des agents indépendants travaillant de chez eux sur internet, pour leur compte, et qui perçoivent une part d'honoraires pour une transaction plus importante que dans des réseaux d'agences immobilières classiques. En contrepartie, les outils de formation et d'exercice de leur métier leurs sont facturés par la tête de réseau. Ces agents indépendants seraient aujourd'hui à l'origine d'un peu plus de 5% des transactions immobilières en France.
Une formation très légère?
Du côté d'Artémis, on se montrait au moment du rachat "convaincu de la pertinence de leur modèle et de leur potentiel de développement, à une époque où 90 % des clients acquéreurs utilisent internet comme outil de recherche".En revanche, du côté des agents immobiliers, le scepticisme était de mise. Le secrétaire général de la Fnaim, Jean-François Buet, désormais président, s'inquiétait alors du fait que "dans ces réseaux de mandataires, les agents ont en général une formation très légère, tout comme leur ancienneté. Ils n'ont même pas le droit de remplir un compromis de vente".
Mais à l'avenir, si formation "très légère" il y a, un agent indépendant ne pourra plus exercer puisque la loi pour l'Accès au logement et un urbanisme rénové (Alur), récemment votée au Parlement, interdira le renouvellement de la carte professionnelle si la tête de réseau ne remplit pas l'obligation de formation continue vis à vis de ses agents. Les contours de cette obligation seront par ailleurs précisés par décret.
Agents commerciaux vs agents immobiliers
La loi clarifie la situation pour les consommateurs, puisqu'elle différencie bien le statut d'agent immobilier du statut d'agent commercial. Elle exige ainsi que toute publicité immobilière proposée par "une personne habilitée par un titulaire de la carte professionnelle à négocier, s'entremettre ou s'engager pour le compte de ce dernier, et non salariée, mentionne que cette personne exerce sous le statut d'agent commercial".Cette partie de la loi était une demande des agents immobiliers qui voient les agents indépendants Capifrance et Optimhome comme des agents commerciaux, qui n'ont pas la formation juridique et fiscale adéquate pour être de bons professionnels. Un argument que le PDG de Capifrance Jacques Daboudet, récuse. Grâce à son solide actionnaire et à son modèle économique à bas coût, il assure que son groupe consacre la majeure partie de ses investissements à la diffusion internet ainsi qu'à la formation, exhaustive, de ses agents indépendants.
46 ans de moyenne d'âge
De surcroît, Jacques Daboudet assure que les agents de Capifrance sont souvent des anciens de l'immobilier en reconversion professionnelle. Ils viennent aussi des fonctions commerciales ou des professions libérales. Il ne sont pas aussi jeune que l'on essaie de le faire croire, assure Jacques Daboudet : la moyenne d'age chez Capifrance est de 46 ans.Pourquoi ne pas privilégier des profils plus jeunes ? "Force est de constater pour réussir dans ce métier que les jeunes ne sont pas assez crédibles dans l'inconscient des acheteurs et des vendeurs, quelque soit le prestige de leur école, à cause de leur âge", explique Jacques Daboudet.
Commentaire de Thibault Doidy de Kerguelen:
Toujours, les totalitaires utilisent les mêmes arguments de pseudo «défense» des consommateurs pour prendre de mesures liberticides qui, bien sûr, se retournent contre les usagers. Quand cesserons nous, dans ce pays, de créer des corporations, toujours exigeantes de privilèges, se constituant en lobbys et faisant payer leur petits arrangements entre amis au consommateur?
Que celui qui se sent capable de vendre de l’immobilier le fasse! De lui même, il se rendra compte que mieux formé, il vendra mieux. De lui même, il cherchera la formation qui lui convient… ou il crèvera de son incompétence. Et si tel ou tel considère que sa formation sanctionnée par un diplôme ou son expérience, sanctionnée par une réussite professionnelle sont des arguments pour mieux vendre, alors libre à lui de les mettre en avant. Sans obligation, sans loi, juste pour le bon sens et la liberté.
Lu sur: www.latribune.fr