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L'industrie japonaise de la maison prefabriquée au top mondial

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Au Japon, les usines de maisons préfabriquées montrent toute l’étendue de leur sophistication. Dans l'industrie de la construction nippone, des usines entières sont peuplées par des robots, alors que les maisons déambulent sur les chaines de montages, les rares techniciens assemblent des maisons comme s’ils étaient sur des lignes de productions automobiles.

Un monde fascinant pour les Occidentaux. Car chez nous, le secteur de la construction est toujours fermement ancré dans la tradition ; un monde où les ouvriers du bâtiment sont encore le fondement de cette industrie.

À une époque où certains observateurs occidentaux espèrent que le secteur émergent de l'habitation préfabriquée pourra amortir les chocs subis par une industrie automobile sur le déclin, le Japon montre un avenir de l’habitat sophistiqué et une production normalisée.

Mais ces avancées, tant en termes de conception qu’au niveau social, représentent aussi une sorte de contre-utopie.


La réalité de l'industrie japonaise du logement

L'idée de la maison préfabriquée assemblée en usine a une longue histoire. Une histoire régulièrement ponctuée par des échecs commerciaux dans le monde occidental. En contraste avec le Japon, où de nombreuses entreprises sont parvenues à faire du logement préfabriqué un réel succès.

Parmi les industriels les plus en pointes dans ce secteur, le Japon compte Sekisui House, Sekisui Heim, Misawa Homes et Daiwa House Industry. Au-delà de la stupéfaction initiale, certaines réalités plus prosaïques de cette industrie japonaise se mettent déjà en place.

maison témoin de Sekisui Heim
Une maison témoin de Sekisui Heim, sur le site de l’usine d’Aichi.


Par le passé, un des arguments centraux des partisans du logement préfabriqué était la promesse d'une meilleure qualité, une réduction des coûts et - plus récemment - la possibilité de personnaliser sa maison, sans renoncer à l'avantage des prix conféré par une production de masse.

Au Japon, les équipes des ventes de chaque constructeur insistent sur le fait que leurs systèmes de fabrication sont « 100% personnalisable » et qu’ils peuvent donc être adaptés à tous les besoins du client. Mais pour l'observateur occidental que nous sommes, les résultats montrent des maisons qui se ressemblent beaucoup, indépendamment des entreprises qui les ont conçues.

Certes, les dimensions des chambres peuvent être modifiées et l'empreinte environnementale de la construction peut être ajustée en fonction des différents sites et des différentes normes exigées. De même, les finitions et les aménagements peuvent être modifiés. Mais l'aspect global reste le même : une interprétation nipponne d'une maison de banlieue générique de notre monde occidental, vêtue de carrelage avec sa palette de couleurs sans attrait, allant du brun au beige.

modules préfabriqués de chez Sekisui Heim
Des modules préfabriqués de chez Sekisui Heim, en cours de transport sur le site de l’usine d’Aichi.


Une stratégie marketing axée sur l’efficience


En termes de prix, les entreprises japonaises ne recèlent pas de grandes différences dans leurs offres. Comme l’explique un des dirigeants, les maisons conçues par son entreprise sont destinées aux « gens riches », des consommateurs le plus souvent diplômés et respectueux de l'environnement.

Un expert en conception environnementale explique ce paradigme, qui mêle prix élevé / haute qualité avec la notion d’amélioration des coûts, c’est-à-dire d’efficience. Comme dans l'industrie automobile, chaque modèle successif est continuellement perfectionné (une notion que les Japonais appellent kaizen) et reçoit de nouvelles fonctionnalités, alors que les performances sont améliorées à travers toute une gamme de critères : sismique, acoustique, ou encore en termes de consommation énergétique.

Cette stratégie marketing se concentre sur la démonstration qu’une mise de fonds initiale accrue sera compensée par la réduction des coûts d'exploitation pendant le cycle de vie, et un potentiel pour éventuellement gagner de l'argent à partir de la production d'électricité.

Le logement préfabriqué nippon est également livré avec une garantie standard de 20 ans, avec un fort accent mis sur le service après-vente, à l’image de ce qui se fait - encore une fois - dans l’industrie automobile.


Bienvenu chez Orwell


Pourtant, ces usines font beaucoup plus penser à une ambiance rétro-industrielle d'inspiration orwellienne, qu’au futurisme de l’usine de Tesla Motors, en Californie.

Pour garder le tempo sur la ligne, les ouvriers s’activent au pas de course pour visser des fenêtres, plutôt que des roues sur des châssis. De mornes mélodies pour enfants occidentaux sont diffusées quand les machines surchauffées se déplacent, alors que le thermomètre sur le plancher de l'usine affiche les 35°C, une température normale pour les robots mais quasi insupportables pour les humains.

Le complexe de l'usine de Daiwa House possède un très élégant musée dédié au fondateur de la société, Nobuo Ishibashi, où les visiteurs peuvent voir son uniforme d’adolescent et ses différents cahiers montrant les moments importants de sa vie.

Sans doute, cela fait partie de la culture d'entreprise japonaise, mais en tant que chasseur de tendances sur le potentiel des maisons préfabriqués vu par le prisme occidental, il est difficile de ne pas critiquer les répercussions sociales et les répercussions au niveau de la conception de cette industrie japonaise. Surtout quand on connait l’aura particulière qui émane de l'architecture japonaise à l'échelle internationale.


Petite comparaison avec l’Australie


Il est utile de considérer l'ampleur du marché de l'habitation japonaise par rapport à celui de l'Australie. Sur un total de 495 737 logements individuels qui ont démarré au Japon, en 2013, le nombre de nouvelles constructions en préfabriquée ou modulaires démarrées est d’environ 64 035, soit12,9%.

A contrario, le nombre total de maisons individuelles mises en chantier, en 2013-14, en Australie était de 91 610, avec un volume de préfabriqué d'environ 3%, soi 2 748 maisons.

Happy Haus
Une maison du constructeur australien Happy Haus, dans le Queensland.

A titre de comparaison, Sekisui House, l'une des plus grandes entreprises nippones, produit 15 000 maisons individuelles par an. Et son usine de Shizuoka produit environ 20 maisons par jour !

Bien que le marché australien du logement préfabriqué soit relativement faible en volume, il révèle beaucoup plus de diversité dans ses offres que ses homologues japonais.

Tektum
Une maison de l’entreprise Tektum.


Des sociétés telles qu’Happy Haus, Prebuilt and Tektum offrent une large gamme de produits et sont comparables, niveau prix, aux modèles japonais.

Si les entreprises australiennes offrent diverses prestations en termes de qualité, la plupart de celles-ci ne sont pas aussi sophistiquées que les sociétés nipponnes. L’efficience, les processus de conception et de production hautement efficaces sont des leçons que les fabricants occidentaux devraient commencer à apprendre.
Prebuilt
Une maison conçue par Prebuilt, Etat de Victoria.
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