Vincent Benard
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Vincent Bénard est analyste à l'Institut Turgot (Paris) et, depuis mars 2008, directeur de l'Institut Hayek (Bruxelles). C'est un spécialiste du logement et de la crise financière de 2007-2008 (subprimes). Grand défenseur du libéralisme économique, Vincent décortique tous les errements des Etats providence !
Pourquoi le libéralisme est-il la réponse à la crise ? (2ème partie)
Audience de l'article : 3770 lectures(Voir la première partie: la crise actuelle est étatique)
Au delà des mesures d’urgence que la situation financière actuelle commande pour éteindre les incendies financiers en cours, il convient de se demander comment jeter les bases d’un développement économiquement plus durable de la société. Sortir de la crise durablement suppose de mettre fin aux dysfonctionnement graves du capitalisme de connivence. A ce stade, deux solutions: soit supprimer le capitalisme, soit supprimer la connivence.
“Restore markets !”
Nationaliser l’économie financière (ou, pire encore, l’économie en général !) n’aurait guère de sens: l’histoire montre que les banques d’état ne sont pas plus gérées dans le sens de la responsabilité que leurs consoeurs privées, et que d’une façon générale, les économies fortement nationalisées s’enfoncent rapidement dans la crise perpétuelle, leurs entreprises étant gérées selon des impératifs politiques et non économiques. Les anciennes économies communistes ont abondamment montré par l’expérience que retirer aux individus la propriété des moyens de production pour la transférer à l’état ne fonctionnait pas, inutile de s’étendre sur ce point.
Si le capitalisme ne peut être écarté de la solution, alors il faut en finir avec la connivence des grands lobbys financiers avec l’état.
Seule la restauration des mécanismes naturels de défense des économies contre l’échec de ses membres permettrait de fonder la croissance sur un socle durable. Pour ce faire, il faut:
- Rétablir la vérité des prix, et notamment du prix de la monnaie, en rétablissant un système financier et monétaire indépendant de toute manipulation étatique. Sans entrer dans le détail, plusieurs propositions existent, dont le retour aux étalons monétaires métalliques est la plus radicale. Ainsi, lorsque la demande de crédit s’élèvera, les taux d’intérêts feront de même, obligeant les entreprises et leurs prêteurs à être plus attentifs à la qualité des projets financés.
- Rétablir la trasparence et la vérité des bilans financiers en abolissant les réglementations de type Bâle III, qui ne font qu’uniformiser les profils de risques et répandre les erreurs d’appréciation inhérente à tout modèle de gestion des risques choisi. A la place, il convient que la réglementation, légère, impose une transparence sur les actifs déclarés par les entreprises financières, en forçant à dévoiler les contenus des produits dérivés en terme de producteurs “primaires” de valeur: prêts, obligations, actions, immobilier, métaux, etc... Une telle obligation rendra nettement moins attractif le retour à des dérivés opaques et à des montages off-shore, sous réserve que tout non respect soit effectivement puni.
- Conséquence du point précédent, supprimer tout agrément des agences de notation et toute obligation, pour les émetteurs de produit financier, de les faire coter. Ainsi, ces notations seront payées non plus par les émetteurs de dettes, mais par les acheteurs, qui auront intérêt à embaucher des professionnels du “rating” pour évaluer la fiabilité de leurs investissements. Les agences ne pourront plus faire de la notation de complaisance, au risque de perdre toute crédibilité, et donc toute clientèle.
- Supprimer la distorsion fiscale entre intérêts versés aux créanciers et dividendes payés aux actionnaires. Le FMI estime que cela favorisera un rééquilibrage important des bilans des entreprises en faveur du capital, ce qui diminuera très fortement les risques de faillite liés au remboursement de leur dette en cas de retournement de conjoncture.
- Remettre la faillite au centre du dispositif de gestion de la défaillance des entreprises financières, comme cela est le cas pour n’importe quelle autre entreprise. Des méthodes de gestion ordonnées des faillites bancaires existent (cf. liens en fin d’article).
- Plutôt que de vouloir limiter la rémunération des dirigeants, il convient de les rendre responsables de leurs fautes manifestes de gestion (le caractère de faute manifeste étant apprécié par la justice) sur leur patrimoine propre en cas de faillite. Cette responsabilité doit être étendue aux administrateurs de l’entreprise. Voilà qui rendra les conseils d’administration beaucoup plus regardants sur le caractère durable ou pas des stratégies de création de valeur promues par les dirigeants, sans empêcher que les bons chefs d’entreprise soient rémunérés au haut niveau que leur mérite justifie.
- Recentrer l’état sur ses missions régaliennes de répression des actions frauduleuses. Pour cela, l’état doit considérablement réduire sa dépendance au secteur financier, et donc sa dette. Et il doit cesser de demander aux entreprises privées de remplir ses objectifs politiques, car alors les entreprises concernées auront beau jeu de lui réclamer des contreparties. Dépendance à la dette et échanges de bons procédés alimenteront un cercle vicieux de la connivence, qu’il faut impérativement casser.
Toutes ces mesures peuvent se résumer en un mot: “responsabilité”. La responsabilité est l’indispensable complément de la liberté. Le libéralisme, contrairement à la caricature qu’en font ses détracteurs, n’est pas la liberté du renard dans le poulailler. Il est la liberté d’agir librement tant que l’on ne nuit pas à autrui, et à condition d’accepter de payer le prix de ses éventuelles erreurs. Le libéralisme économique suppose à la fois la liberté de l’homme et de ses entreprises, et leur responsabilité en cas d’erreur, ou, pire, de fraude.
Pour sortir de la crise, pas d’alternative: il faut restaurer le marché ! Restaurer ses défenses naturelles ! Bref, revenir aux fondamentaux du libéralisme.
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Pour approfondir les thèmes développés dans cet article :
- Manipulation des banques centrales: La FED et Alan Greenspan sont ils coupables de la crise?
- Euro: (A. Bichon, Contrepoints) Quand Milton Friedman prévoyait la crise de l’Euro
- Pourquoi favoriser la neutralité fiscale entre dividendes et intérêts
- Pourquoi les rêgles de Bâle ont favorisé la crise qu’elles devaient empêcher.
- (anglais, K. Gentle) Comment la réglementation a perverti les agences de notation
- Comment gérer les faillites bancaires en bon ordre: Plan A: échanges dette-capital / Plan B: la méthode de liquidation à la Serbe /
- La faillite, indispensable à la régulation du système financier
- L’importance de l’état régalien
- L‘économie de la fraude: l’état américain, démissionnaire ou complice ?
- Wall Street a perdu tout sens de l’éthique des affaires. La justice fait semblant de sévir
- Comment les modèles de gestion des risques utilisés par l’industrie se révèlent faux, et pourquoi ils continuent de les utiliser (A partir du livre de Philippe Herlin)
- (contrepoints) Comment la responsabilité limitée des actionnaires conduit à des transferts de risques vers les contribuables (“risk shifting”)
- Comment l’état US a totalement déréglé le marché du crédit immobilier
- (Sur un mode plus humoristique): La dernière enquête du lieutenant Columbo, qui a tué l’économie mondiale ? (texte / Vidéo)
- (Anglais) The seven state regulation of markets that made the financial crisis possible
- L’étatisme, agent corrupteur du capitalisme
- Communisme: autopsie d’un cadavre
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Retour à la première partie : "la crise actuelle est étatique"
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