Henri Dumas
(Accéder à la liste de tous mes articles)
Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
On étouffe l'artisanat
Audience de l'article : 1852 lectures“En 2008, l’élection de Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes a été annulée par le Conseil d’État en raison de dons qu’il avait fait à des habitants. Frappé d’inéligibilité pendant un an, l’homme d’affaires a alors fait entrer en scène Jean-Pierre Bechter. “L’homme n’a jamais voulu être maire, qu’importe: il a toujours obéi à Serge”. “ Lequel Bechter, élu maire, est poursuivi pour les mêmes raisons.
Le monde politique est plein de surprise, la presse et les magistrats aussi.
Devons-nous rester insensible à une telle agression contre l’artisanat ? Qui plus est un artisanat “made in France”.
Face au silence de Montebourg, c’est nous les petits, les sans grades, qui sommes obligés de monter au créneau.
En ce qui me concerne, j’ai écrit à Serge, voici la copie de mon courrier.
“Salut Serge,
On dit que tu aurais acheté des électeurs avec ton pognon. Je veux pas le croire. En plus ils seraient peu nombreux a en avoir profité. Dis-moi que c’est pas vrai. Tu déconnes.
Bon, je t’explique.
C’est pas le problème d’acheter les électeurs, ils le font tous, c’est la règle de notre démocratie, c’est une question d’échelle qui t’est reprochée.
Tu t’es vu là, en petit artisan de l’achat de voix. Mais t’es complètement dépassé. On n’achète pas mille ou deux mille voix. Regarde Hollande, il a acheté des millions de voix.
Et puis, en plus, avec ton pognon, mais t’es malade.
On n’est plus avant, on est maintenant. Aujourd’hui faut voir grand. Tu fais plus tes avions dans ton garage, comme ton père. Ou alors, c’est peut-être pour ça que tu n’arrives pas à les vendre. Faut évoluer mon vieux. Faut in-dus-tri-a-li-ser.
Tu vois, écoutes, tu passes à la télé, tu les achètes tous d’un coup. Tu leur dis que tu vas leur trouver du travail, pas trop, du pognon, beaucoup, des vacances etc… tu les achètes quoi. Je sais c’est dur, faut beaucoup de courage, mais tu peux aller jusqu’à leur dire que tu es un mec normal, comme eux, que tu seras irréprochable, ils aiment ça.
T’as pas besoin de fric pour les acheter, juste des promesses.
Et puis alors… ton fric!!! Mais t’es nase.
On donne jamais son fric pour ça, sinon, les impôts, à quoi ça sert ? Les impôts c’est fait pour ça mec, pour acheter les électeurs.
Quand je pense que tu donnes ton fric perso, c’est n’importe quoi.
Je comprends pas. Pourtant, y parait que t’es ingénieur. Ben dis-donc, je me demande ce qu’on t’a appris dans ton école. Faut te faire aider vieux. Viens me voir, je t’expliquerai.
Je comprends ton côté artisan, même j’apprécie. C’est vrai quoi, l’artisanat ça se perd. Mais bon, faut laisser ça aux baguettes de pain, au ressemelage, aux tricots fait main, à la mode, pas à la politique.
La politique c’est la mondialisation, l’industrie, tu comprends, c’est pas des amateurs.
Faut voir grand.
C’est pas 200 pékins qu’il faut acheter, c’est tout le bordel, l’administration, les flics, les magistrats, le pays quoi. Sinon, t’es baisé, ils vont te tuer. En politique, pas de place pour les artisans. Saches-le.
Bon, si tu veux continuer en politique appelles moi, je te donnerai des tuyaux.
Mais surtout, vois grand, large, industriel, fais comme tous les autres.
Salut. H. Dumas”
Cette lettre est une goutte d’eau dans la désolation de la situation de ce pauvre artisan politicien, mais peut-on rester insensible à une telle modestie, à une démarche artisanale pleine de compassion pour son prochain ? Non évidemment.
Ecrivez-lui, vous aussi. Faites comme ses copains sénateurs, aidez l’artisanat qui se meurt en France. C’est la B.A. de la semaine.
Bien cordialement. H. Dumas