Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
L'information : ciment sociétal
Audience de l'article : 1478 lecturesVotre frère n’est votre frère que si vous savez qu’il l’est. Dans le cas contraire il n’est qu’un autre homme parmi les autres hommes, vos convergences biologiques ne font rien à l’affaire.
Qu’une autorité reconnue déclare qu’il n’est pas un homme mais un sorcier par exemple, il ne sera plus un homme à vos yeux mais ce sorcier.
Tout est donc dans le partage accepté de l’information.
Il n’est pas utile que celle-ci soit véridique. Si votre frère ne l’est pas biologiquement peu importe, seule l’information qu’il est votre frère vous lie à lui, quelle soit fausse est indifférent.
Vous êtes informé depuis votre naissance que vous êtes français, vous l’êtes donc. D’ailleurs un document officiel certifie cette information.
Par voie de conséquence celui qui contrôle l’information possède le pouvoir, c’est aussi simple que cela.
L’information est une sorte de courant qui regroupe et lie les hommes entre eux de façon indéfectible.
Au fil des siècles l’information a été captée puis manipulée par les amateurs de pouvoir.
Chacun s’efforce de posséder l’information convoitée qui fera de lui un informé, un membre du groupe. Mille artifices sont possibles à ce sujet.
Elle peut être la culture, la mode, l’initiation ésotérique, la fortune inaccessible, ou toute autre spécificité qui vous fera partager l’information d’un groupe et donc en être membre.
Le plus extraordinaire est que la force de l’information réside principalement dans son mystère tant qu’elle est inconnue. Une fois connue l’information est souvent décevante, alors qu’inconnue elle intriguait. Elle soude en cela les initiés au détriment de ceux qui ne savent pas ou qui savent moins.
Ceux qui manipulent l’information connaissent tout cela, d’instinct ou lucidement.
En regardant le passé de l’humanité on détecte facilement les périodes dites d’obscurantisme où des hommes peu scrupuleux ont sciemment capté à leur seul usage l’information connue laissant volontairement dans l’ignorance les autres hommes pour qu’ils soient leurs obligés. Et ça a marché.
On pourrait imaginer qu’à contrario tout ce qui libère l’information délie les hommes et leur rend leur liberté. C’est ce fol espoir qu’a fait naitre l’imprimerie de Gutenberg. Et ça n’a pas marché.
Pire, la radio, instrument de diffusion remarquable de l’information, nous a apporté dans ses bagages le fougueux Adolphe qui a mis à sac la planète. La radio non plus n’a pas marché.
Tout simplement parce que la somme des informations est exponentielle, illimitée, quelque soit le moyen d’accès l’information restera globalement inaccessible sans quoi elle ne pourrait plus remplir son rôle majeur de ciment sociétal. Pour chacun elle ne pourra toujours qu’être partielle. Seul Dieu sait tout, voyez avec lui.
Et internet dans tout ça ?
Justement, je crains qu’il ne se prenne pour Dieu et se fourvoie lourdement.
Il est indéniable qu’internet, arrivant après l’imprimerie et la radio que l’on croyait des aboutissements ultimes, est un vecteur de diffusion de l’information hors du commun, inimaginable il y a seulement quarante ans, c’est-à-dire hier.
Actuellement, internet décoiffe. Notamment les hommes du pouvoir qui ne savent pas encore comment manipuler l’information avec ce nouveau vecteur — sauf peut-être Daech, qui sur seul ce sujet serait en avance sur son temps –
Ce pauvre Hollande est une victime pathétique d’internet.
Le net l’a réduit en charpie. Il fait peine à voir. Lui qui était un expert manipulateur en information à l’intérieur du PS a explosé en vol face à internet en prenant la tête du pays.
Ne lui jetons pas la pierre. Que les anciens imaginent De Gaulle et ses casseroles – le SAC, les promesses trahies, l’autoritarisme – exposés sur le net, quel carnage.
On pourrait aussi imaginer Mitterrand, ses combines et ses liaisons, rendant des comptes sur le net. Autre carnage.
Donc relativisons l’échec terrible de ce pauvre Hollande.
Que conclure ?
Deux choses
– L’information est et restera le ciment social, donc internet sera fatalement un jour à la traîne, banalisé. Personne, homme ou machine, ne pourra jamais posséder toute l’information, sans quoi il n’y aurait plus de société possible. Le rôle initiatique et agglomérant de l’information l’obligera à s’adapter, elle ne fera qu’une bouchée d’internet.
– Mais Internet va personnaliser l’information à outrance. Il est probable que s’en est fini des meetings coûteux chers à Sarkozy. Le pouvoir ne sera plus entre les mains des stars de podium, mais entre celles de ceux qui sauront parler à l’oreille des internautes, dans le secret et la solitude de leur pensée.
Grandes manœuvres d’adaptation à prévoir pour les équipes de communication.
Bien cordialement. H. Dumas