Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Il a ramassé gros le Cahuzac...
Audience de l'article : 1790 lecturesVoyons, voyons, il a 600.000 € sur un compte en Suisse. On ne nous a pas dit si c’était du black ou si simplement il avait placé là-bas ses économies après avoir payé l’impôt. D’ailleurs, on ne nous a même pas dit s’il payait des impôts et combien.
Avec tous ces journalistes, enquêteurs de l’extrême qui retrouveraient une chiure de mouche sous une merde d’éléphant, on n’est pas foutu de connaître le chiffre d’affaires de sa fameuse clinique. Ni les bénéfices qu’elle faisait, ni les contrôles fiscaux qu’elle a eus immanquablement. Pourquoi n’en aurait-elle pas eus, hein ?
Finalement on ne sait presque rien, bizarre.
Dans un livre récent l’auteur fait état des prix pratiqués dans la clinique des Cahuzac (les deux époux et 2 salariés, ce n’est pas Carrefour ou Auchan), il se croit obligé de parler en francs : 18.000frs pour une opération. Vous imaginez tout ce que les Cahuzac ont pu envoyer en Suisse avec ça. Quand même, 18.000 frs ça fait 3.000 €, enfin un peu moins 2.744 €… En fait, l’auteur ne dit rien de précis, alors qu’avec un tout petit peu de travail il aurait facilement dégoté la partie déclarée de la clinique, chiffre d’affaires, frais, emprunts, bénéfices, personnel, etc…
A partir de là il eut été facile de reconstituer la réalité. Or, on n’apprend rien de tout cela, juste qu’il payait son employée de maison au black, comme le jardiner de mon inspectrice des impôts, une formule courante en quelque sorte.
Pas comme moi qui déclare la mienne et suis infoutu de payer les charges, tellement elles sont astronomiques. Même que ça va mal finir, pour moi évidemment, mais aussi pour elle malheureusement.
Revenons à Cahuzac lui-même.
Je ne veux pas sous-estimer la force de travail des époux Cahuzac, leur peu de besoin de sommeil, leur vie passée exclusivement à travailler au bloc sans aucune vie sociale, tout à leur chiffre d’affaires et aux biftons qu’ils transportaient en Suisse tels l’oncle Picsou. Mais bon, quand même, je trouve que ça cloche quelque part.
Des honoraires de consultant pour des grands labos ? Ça, je comprendrais mieux.
Mais attention, pour percevoir ce genre de commissions il faut être quelqu’un d’important et surtout de protégé. Parce que vous avez la bande des habitués qui veille au grain. Il faut être du sérail. Sinon c’est la dénonciation immédiate et la DNVSF qui arrive au galop.
En fait, je me dis que le Cahuzac et sa copine n’ont pas le profil du financier international qui peut remplir les coffres suisses et “faire perdre gros au fisc français”.Non, décidément cette affaire n’est pas claire. Trois ans, quand même, c’est le prix d’un crime.
Passons à autre chose sans aucun rapport.
Imaginons que, romancier à succès, il me soit commandé un livre dont l’intrigue devrait être politique et financière. Evidemment, il s’agit maintenant d’une fictionsans aucun rapport avec la première partie de ce billet.
J’imaginerais ceci.
Rastignac, c’est mon héros, serait un ambitieux, sa complice aussi. Ils auraient persuadé un parti politique et ses responsables que, s’ils les laissaient faire, ils étaient capables de ramener du black en grande quantité. Eventuellement, pour des campagnes électorales. Le tout sans rien devoir aux potentats africains, c’est-à-dire sans chasser dans les prairies des concurrents.
Aussitôt dit aussitôt fait, adoubé par le parti Rastignac va à la pêche au pognon chez les donneurs habituels. Bingo. En plus ces donneurs sont internationaux, il n’a même pas besoin d’envoyer le fric récupéré en Suisse, il y est déjà.
Rastignac c’est un solide, il est aussi gonflé. Se sachant couvert il n’hésite jamais, pour rien. Il devient M. Caisse Noire du parti — les plus proches l’appellent C.N. — qui lui a accordé sa confiance, méritée (enfin vu par eux et par lui).
Plus le fric afflue, plus il monte dans le parti. Faut dire qu’il est indispensable et remarquablement organisé, en plus clair dans les comptes noirs.
C’est une fusée. Mais une fusée qui a besoin de carburant. Son carburant c’est la notoriété, la première place sur la photo.
Il se croit tellement protégé qu’il en rajoute. Et que je te parle de transparence, lui le roi de l’opacité. Et que je te parle de partage du capital, lui qui le centralise. C’est un peu le pompier pyromane ou le pédophile animateur de camps de jeunesse.
Le secret est total et le parti qu’il sert colle tellement à l’idéologie dominante qu’il se croit vraiment en sécurité.
Mais voilà, il ne manque pas de petits malins pour comprendre la combine. Certes, l’ambiance générale est contre ceux qui comprennent, qui voudraient le faire savoir.
Informé, bien sûr, Rastignac ne s’inquiète pas trop, ses amis et protecteurs non plus. Ne sont-ils pas, par essence, au dessus de tout soupçon d’affairisme ou de tricherie ?
Mais, arrivé au sommet, Rastignac n’est pas courtois avec sa copine. Du coup, elle décide de foutre la merde, elle le balance.
Vous voyez la tension. Pas mal mon bouquin, hein ?
Bon, l’affaire part en vrille, elle finit par sortir dans un canard qui subit un contrôle fiscal, elle prend de l’ampleur, plus personne ne sait comment l’arrêter.
Alors, on promet à Rastignac qu’il n’a qu’à la fermer et qu’on va s’arranger pour que la justice passe sans trop de dégâts pour lui. Alors, il la ferme.
Mais, pas de pot, ses protecteurs s’écroulent avant la fin du match. Y prend des années de prison dans les dents.
Alors là il voit rouge. Il va tout balancer.
Encore pas de pot, juste avant qu’il balance, un camion dont les freins ont malencontreusement lâché l’écrase, sur les clous, lui et le journaliste à qui il avait promis l’exclusivité de sa vie et la vérité sur tout.
Moralité : N’interviewez jamais un délinquant fiscal sur les clous, c’est dangereux.
Bien cordialement. H. Dumas