La raison commencerait-elle à prévaloir ? Bloomberg rapporte que CitiGroup, le quatrième collecteur d'emprunts (derrière Bank of America, Wells Fargo et JPM Chase) des USA, avec 602 milliards d'encours, impliqué jusqu'au cou dans le foreclosure gate, a commencé à renégocier un certain nombre de prêts avec des propriétaires qui les ont assignés dans quelques unes de ces affaires où les banques ont présenté devant des tribunaux des documents "douteux" pour justifier d'une éviction, documents préparés par une "foreclosure mill" (entreprise spécialisée dans la production de dossiers de saisie) du Texas.
Des rabais substantiels
Bloomberg évoque plusieurs cas où Citi a accepté la prise en charge de tous les frais de justice de la partie adverse, l'annulation de frais "douteux" réclamés par la banque à la famille, une division par deux du taux d'intérêt (jusqu'à 3% !) et des réductions de principal de plusieurs dizaines de milliers de dollars, en contrepartie de l'abandon de toute poursuite par les familles dont l'expulsion se voit ainsi annulée.
Cette façon de faire a de nombreux avantages.
Une chaine hypothécaire reconstituée
Tout d'abord, tous les vieux routiers du "mortgage business" savent qu'en temps normal, une banque perd moins d'argent en renégociant un prêt qu'en opérant une vente sur saisie, ventes rarement très profitables. En outre, les banques qui n'arrivent pas à écouler leur stock de maisons forcloses, en maintenant les familles dans les lieux, évitent de payer elle même les taxes foncières affectées à chaque logement.
Et surtout, les nouveaux prêts ainsi conclus permettent à la banque de refaire signer une reconnaissance de dette ("note") et une hypothèque ("lien") valides, et gageons que cette fois ci, ils conserveront la paperasse associée de façon correctement notariée et incontestable devant un tribunal.
Renégociations anecdotiques ou changement stratégique ?
Inconvénient: si la maison avait servi de collatéral à des prêts de seconde hypothèque, renégocier la première hypothèque très en dessous de sa valeur vide de toute substance la créance de seconde hypothèque. Or les quatre grandes banques ont conservé par devers leurs bilans plus de 400 milliards de prêts de seconde hypothèque, dont environ 80 milliards figurent encore dans les comptes de Citi.
Bloomberg ne dit pas si les prêts renégociés concernent des biens immobiliers sur lesquels pèsent des secondes hypothèques.
Il est trop tôt pour dire si ces renégociations sont purement anecdotiques où si elles témoignent d'un changement de cap radical de CIti Group pour éviter des litigations sans fin devant des tribunaux de plus en plus conditionnés à penser contre les banques. Mais il s'agit d'un développement intéressant.
Stay tuned.
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