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Vincent Benard

Vincent Benard

Vincent Bénard est analyste à l'Institut Turgot (Paris) et, depuis mars 2008, directeur de l'Institut Hayek (Bruxelles). C'est un spécialiste du logement et  de la crise financière de 2007-2008 (subprimes). Grand défenseur du libéralisme économique, Vincent décortique tous les errements des Etats providence !

Bank of America: vers la chute finale ?

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Brian Moynihan, le CEO de Bank of America, doit maudire le jour où sa banque (ticker: BAC) a racheté le roi déchu du prêt Subprime, Countrywide, en 2008. Car les malversations de cette filiale avant son rachat pourraient mener la banque de Caroline du Nord tout droit à la faillite.

Le cours de l'action Bank of America , à l'heure où j'écris ces lignes, est en train de souffrir à 6,51$ (clôture Lundi 8/8; -20% sur une séance !), alors qu'il se trainait au dessus de 9$ depuis quelques semaines. Et les CDS sur BAC grimpent en flèche. La capitalisation boursière est passé à $71Mds, soit un ratio Market cap/Shareholder equity de moins de 36% ! C'est dire si les investisseurs n'ont plus confiance dans les comptes de la banque.

L'administration Obama est elle en train de lâcher BAC ?

En cause, outre la situation économique générale qui tire tout le secteur financier vers le bas (Citi -16%, JPM et Wells -9%, etc...), une plainte de l'assureur AIG qui réclame 10 milliards pour "mauvaise représentation de la qualité des créances" vendues aux investisseurs par Countrywide, et assurées contre le défaut de paiement par AIG. Bref, une plainte comme il en existe des dizaines contre BAC, mais d'un montant qui attire l'attention.

Plus que le montant, ce qui interpelle les investisseurs, c'est que AIG est contrôlée par l'administration fédérale depuis son "sauvetage-nationalisation" à plus de 100 milliards en 2008, sauvetage qui a posé pas mal de questions éthiques par ailleurs. Or, à l'époque, AIG avait dû, pour bénéficier du sauvetage, signer un engagement de non-poursuites judiciaires contre les grandes banques (cf. NY Times). Il y a aurait beaucoup à dire sur ce que cette clause dit sur la connivence entre les grandes banques de Wall Street et l'administration Paulson-Geithner, mais je laisse ce débat pour plus tard.

Visiblement, cet engagement de non poursuite est caduc... Et donc l'administration autorise un géant financier sous son contrôle à lâcher les chiens contre BAC. Et c'est certainement cela qui donne des frissons de chair de poule aux actionnaires.

Une défense bien faible

BAC se réfugie derrière l'argument éculé classique : "AIG était un investisseur sophistiqué, c'était à eux de savoir ce qu'ils faisaient". Ce a quoi AIG répond que pour évaluer la qualité des prêts offerts aux investisseurs par Countrywide (la filiale qui a vendu ces crédits à l'époque), elle devait tout de même faire confiance aux éléments contenus dans les notices financières légales émises par le vendeur. On ne peut guère leur donner tort. Ce n'est pas parce qu'un partenaire d'affaires est mieux informé qu'il est plus moral de l'escroquer que votre grand-mère.

De vous à moi, il y a certainement une part d'hypocrisie dans la plainte d'AIG aujourd'hui, et les 10 milliards en seront peut être nettement moins après examen du dossier par un juge, mais ce n'est pas le débat. Le fait est qu'alors que Fannie Mae et Freddie Mac, également contrôlées par l'état, en début d'année, se montraient très conciliantes avec BAC en négociant des accords pour le moins très favorables à la banque de Charlotte, la plainte d'AIG semble indiquer un changement majeur de politique de l'administration vis à vis de BAC.

Peut on encore croire au redressement de la situation ?

Ce changement s'appliquera-t-il aux autres géants de Wall Street ? Est-ce cela qui a fait plonger les banques 3 à 4 fois plus vite que le Dow Jones ce lundi ?

Je voudrais y croire, mais ne soyons pas naïfs. Il parait plus réaliste de considérer que le trésor estime que BAC est condamnée à la restructuration, et que les créanciers (donc AIG) doivent se mettre en ordre de bataille pour pouvoir arracher un morceau de la dépouille.

Nous vous annoncions de très graves ennuis à venir pour Bank of America dès le début de l'éclatement du Foreclosure Gate, en décembre 2010. Et depuis, nous vous avons relaté les principaux avatars financiers qui ont accompagné la vie de l'entreprise: rien ne semble pouvoir enrayer la chute.

Rendez vous au tribunal de New York le 17 novembre, pour une séance cruciale qui doit se prononcer sur la validité de l'accord négocié par BAC dans le cadre de la Class Action intentée par nombre d'investisseurs floués par Countrywide.

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Sources:

NY Times
Bloomberg
 

Précédents articles sur BAC :

L’assureur obligataire AMBAC victime des MBS (2/11/2010)
Le temps se gâte sévèrement pour Bank Of America (2/11/2010)
Bank Of America : 375 milliards de poursuites (5/11/2010)
Foreclosure Gate : Wall Street a perdu tout sens de l’éthique des affaires (20/02/2011)
Foreclosure Gate : Bank of America accepte de payer plus d’1 milliard de dommages à un assureur monoline (17/04/2011)
Bank Of America pourra-t-elle enfin solder les comptes du Foreclosure Gate ? (29/07/2011)
Foreclosure Gate : Bank Of America paie le prix fort, 14 milliards ! Et ce n’est pas fini (30/06/2011)
Foreclosure Gate : Le procureur de NY récuse le projet d’accord Bank Of America vs Investisseurs (5/08/2011)

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