Le principe d’un ami est de vous poignarder « pour votre bien »… Il en est ainsi de la mutualité et des ses amis socialistes
La conférence de presse de Philippe Mixe, président de la FNIM, en a donné une nouvelle démonstration.
La solidarité mutualiste, de quoi s’agit-il?
Une mode veut diluer la solidarité mutualiste dans un grand ensemble appelé économie sociale et solidaire où se mélangent pêle-mêle des entreprises dont le capital est détenu par leurs salariés, des associations, et des assurances santé (ou des banques) détenues par leurs sociétaires. Cette dilution du monde mutualiste est déjà un signal envoyé sur l’intention des pouvoirs publics de « métamorphoser » les mutuelles du dix-neuvième siècle en un tout obscur porté par des valeurs dont plus personne ne vérifie l’application quotidienne.C’est bien dommage, car ce qu’on appelait une mutuelle est, comme l’a rappelé Philippe Mixe, une logique qui mérite d’être pensée dans notre siècle: de simples particuliers se regroupent sans l’Etat pour organiser leur propre protection sociale. Liberté, responsabilité, indépendance, ces valeurs-là ont encore quelque chose à nous dire…
Une tendance séculaire
Ces regroupements solidaires qui firent florès sous la Restauration et connurent un âge d’or sous le Second Empire, avaient pris un virage intéressant dans les années 30. Lorsque Vichy arrive, la mutualité est alors à son apogée: c’est elle qui organise l’assurance santé en France.Lorsque les brillants technocrates du Conseil d’Etat fomentent leurs premiers projets de sécurité sociale, les Laroque, les Parodi, c’est-à-dire dès les années 30, le sort de la mutualité est pourtant scellé: elle sera remplacée par la sécurité sociale et réduite à la portion congrue. Son destin sera de se cantonner au remboursement de la part complémentaire laissée derrière elle par la sécurité sociale.
Après avoir livré un dernier combat sous Vichy contre la mise en place de la sécurité sociale, la mutualité perd définitivement la manche en 1945 et entame son long mouvement de reflux historique.
La javellisation des années 2000
Ce mouvement trouve peu à peu son aboutissement. Il existait, il y a 20 ans, plusieurs milliers de mutuelles. En 2008, on en comptait à peine 1.000. En 2016, elle seraient environ 600 dont la moitié seulement dotée d’une véritable indépendance financière.Dans le même temps, ont émergé des géants de la mutualité: les MGEN, Harmonie, entre autres, qui font le coeur de la FNMF et qui rivalisent avec les acteurs capitalistes et paritaires.
Bercy veut achever l’indépendance mutualiste
Mais ce mouvement n’est pas suffisant pour la technostructure française, obsédée par le jardin à la française: il faut supprimer au maximum la « concurrence émiettée » et imposer un modèle d’organisation économique où le marché est détenu par quelques acteurs seulement, dont la taille est qualifiée de « critique ». Le président de la FNIM préfère l’expression de « taille critiquable ».Pour mener à bien ce projet, la technostructure dégaine son arme favorite: l’ordonnance de transposition d’une directive communautaire. La seule mention de cette expression suffit à annoncer la suite: une réglementation imbuvable qui permet d’imposer de nouvelles normes de production et de fonctionnement impossible à respecter par les petites mutuelles.
La résistance de la FNIM
Cette transposition, qui est aussi une concentration au forceps du marché, ne coule pas de source. Le président de la FNIM rappelle en effet que les directives communautaires n’ont jamais intégré les petites mutuelles santé françaises dans les « scopes » systémiques qui justifient les durcissements réglementaires. Aucune petite mutuelle française, en effet, ne risque de mettre l’économie mondiale en péril en cas de faillite. Alors pourquoi leur imposer des normes qui rend leur fonctionnement impossible en les forçant à accepter des organisations et des procédures prudentielles internes si coûteuses que leur avenir est compromis?Hollande, meilleur ennemi de la mutualité
Cette obsession de la norme favorable aux grands et mortifère pour les petits est typique de l’élite administrative française. On ne sera pas étonné de voir que François Hollande, haut fonctionnaire de naissance, est-on tenté de dire, et donc ennemi de la liberté, s’est rallié à cette cause sans coup férir. En enjambant les valeurs de solidarité tant adulées par son camp.Eric Verhaeghe