Rôle de la commande publique, création d’un label sécurité, accompagnement des éditeurs vers le SaaS… Le plan de reconquête industrielle dédié au cloud computing était présenté ce soir devant huit ministres.
C'est l’un des 34 plans de « reconquête industrielle »lancés Arnaud Montebourg en octobre dernier. Codirigé par Thierry Breton, PDG d’Atos, et Octave Klaba, patron de l’hébergeur OVH, le plan cloud computing a été présenté ce mercredi 4 juin au comité de pilotage des plans composé de huit ministres dont Axelle Lemaire, Ségolène Royal, Aurélie Filipetti ou Jean-Yves Le Drian.Bouclé le 31 janvier, le rapport a bénéficié d’une centaine de contributions dont celles des principales organisations professionnelles (Syntec Numérique, Afdel, Eurocloud…). Il préconise dix actions concrètes pour à la fois développer la filière du cloud en France et tirer la demande.
L’Etat doit se doter d’un esprit « cloud first »
A commencer par le rôle de l’Etat. « Eu égard à son poids dans l’économie française, plus élevé que dans d’autres pays, la commande publique doit avoir valeur d’exemplarité, un effet entrainement », estime Alban Schmutz, vice-président business development chez OVH et cheville ouvrière dans l’élaboration de ce plan.La Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (Disic) prévoit déjà de rationaliser les datacenters de l’administration mais le plan prévoit d’aller plus loin en nommant un vrai DSI de l’Etat qui chapoterait les DSI des différents ministères et leurs budgets respectifs. « La France doit avoir une approche « cloud first » comme, avant elle, l’Inde ou l’Italie ». Il s’agit également de changer les règles des marchés publics pour permettre aux administrations de commander plus aisément des services cloud.
Le couple franco-allemand doit aussi prendre le leadership sur la question du cloud. Jim Hagemann Snabe, président de l’éditeur SAP, et Thierry Breton ont été mandatés par la Commission européenne pour coordonner les travaux de l’European Cloud Partnership (ECP). Le tandem propose notamment un « espace Schengen des données personnelles ».
Pour générer justement de la confiance, le plan préconise de mettre en place un label de sécurité. Ce label qui pourrait s’appeler « Secure Cloud » garantirait la chaîne de sécurité de bout en bout, au-delà de la seule problématique de la localisation des données.
Dans une approche « my data », le plan suggère que les utilisateurs puissent se réapproprier leurs informations, largement monétisées par les plateformes américaines comme Google ou Facebook. « Il s’agit de mettre en place des API afin d’assurer la portabilité des données personnelles. De la même façon qu’il a été rendu obligatoire le portage du numéro de téléphone chez les opérateurs télécoms », indique Alban Schmutz. Ce concept de cloud personnel permettrait à des sociétés françaises ou européennes de proposer des usages innovants, rebattant les cartes de l’économie numérique.
Assurer la transition des petits éditeurs vers le cloud
Autre mesure-phase : l’accompagnement des éditeurs de logiciel vers le modèle cloud (SaaS, PaaS). Il n’existe pas moins de 3 000 éditeurs en France dont, certains petits, risquent de disparaître s’ils ne prennent pas le train en marche. Or, passer d’un modèle de licence à une offre par abonnement n’est pas neutre en termes de trésorerie. Cela nécessite aussi de comprendre les mécanismes du modèle cloud, sachant que la plupart des petits acteurs consultés ne faisaient partie d’aucun syndicat ou association professionnelle.Baptisé « Plate-forme Tremplin », le dispositif qui devrait être opérationnel dès la fin de ce mois prévoit de les soutenir dans cette transition. Les grands offreurs que sont HP, IBM, Microsoft ou VMware mettront à disposition leurs compétences tandis que Bpifrance interviendra sur la partie trésorerie. Enfin, plus classiquement, le plan propose de monter un observatoire du cloud doté de différents instruments de mesure pour donner de la visibilité à ce marché encore émergent.
Thibault Doidy de Kerguelen‘s insight:
Encore un Xième « plan »! Rien que le nom m’amuse. Qui se souvient du « plan calcul »? Qui se souvient du « plan informatique pour tous »? Qui se souvient du « plan gouvernemental pour la société de l’information »? Qui se souvient du « plan ADELE »? Qui se souvient du « plan gouvernemental contre la piratage »? Bien sûr, je me limite aux « plans » concernant le sujet de cet article….
C’est à se demander comment, avec autant de plans, le gouvernement peut être aussi paumé !
En tous cas, cette initiative a au moins un mérite, nous prouver que l’UE n’est pas capable de réaliser quoi que ce soit. Si un cloud européen voit le jour, ce qui ne serait pas complètement idiot en termes d’indépendance vis à vis du « grand frère », ce sera par la mise en commun des moyens allemands et français et piloté par des entreprises privées. S’y joindront ceux qui voudront… Ça ne vous rappelle rien?
Tant mieux car cela donne des chances au projet, mais rend encore plus aiguë la question de la pertinence de la Commission Européenne…
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