La Poste est elle un service public ou une entreprise privée? Comment justifier son monopole?
Et une grève, une!
Comme si La Poste fonctionnait trop bien et qu’il fallait en dégrader un petit peu plus le service, voici qu’une trentaine de préavis de grève départementaux ont été déposés pour demain jeudi. Des revendications particulières? Non, il s’agit juste de « peser sur les négociations » engagées concernant les conditions de travail! C’est ce qu’a annoncé à la presse hier mardi la fédération CGT-Fapt. C’est dingue, non? La grève n’est plus « l’arme ultime du travailleur pour se faire entendre », non, c’est devenu un moyen comme un autre de « faire pression ». Qui trinque? L’usager, bien sûr, le cochon payant, celui qui paie chaque année plus cher pour un service en constante dégradation… Remarquez, c’est devenu tellement n’importe quoi, La Poste, qu’une grève ou pas, on risque de ne pas vraiment voir la différence!La souffrance au travail
Ces négociations lancées le 26 octobre, à la suite de plusieurs cas médiatisés de souffrance au travail dont des suicides, doivent se poursuivre lundi. Elles concernent d’abord la branche courrier et les facteurs mais les syndicats (CGT, CFDT, SUD-PTT, FO, Unsa) souhaitent les étendre à l’ensemble des métiers du groupe.Pour la fédération CGT des activités postales et télécommunications (1ère force syndicale), cette journée d’action, qui s’inscrit dans « une semaine d’expression des revendications », vise à « peser » sur ces négociations.
La plate-forme de tri de Wissous (Essonne), l’une des plus importantes de France, était déjà en grève mardi. Mais rien à voir avec la souffrance au travail, il s’agit de demander des recrutements supplémentaires!
Une administration à la dérive et déjà condamnée
Depuis que Louis Mexandeau, ministre socialiste, décréta la scission de cette (énorme) administration qu’étaient les PTT, le prix des communications téléphoniques s’est effondré, l’usage du téléphone est devenu mobile et universel, le courrier électronique est apparu… Que reste-t-il à La Poste ? Le courrier physique, c’est à dire un marché en complète dégringolade et qui nécessite une infrastructure gigantesque pour une espérance de gain très faible.Gérée par des fonctionnaires et peuplée de fonctionnaires syndiqués qui se croient encore à l’époque bénie des 30 glorieuses où il suffisait de demander pour recevoir, La Poste a délibérément tourné le dos à ses atouts pour essayer de rationaliser la pénurie.
Si, en ville, beaucoup ne voient pas la différence entre hier et aujourd’hui, il n’en n’est pas de même dans les petites agglomérations et en campagne.
Les codex
En campagne, La Poste avait un rôle social déterminant. Le facteur était le lien. Le facteur passait tous les jours ou tous les deux jours au domicile de chacun. Il apportait des nouvelles des autre familles, des voisins, des villages, du bourg. Le facteur rendait, en particulier aux personnes âgées qui avaient du mal à se déplacer, un nombre considérable de services. Dans les régions où le français n’était pas maîtrisé par tout le monde, il lisait les lettres, on lui dictait la réponse, il apportait l’argent des pensions, il partait avec le livret d’épargne et revenait avec l’argent, il ramenait des courses du bourg… Avec le facteur, personne ne mourrait dans l’ignorance, le facteur prévenait le médecin quand il avait vu que quelqu’un n’allait pas bien, il voyait tout de suite lorsque quelqu’un ne répondait pas…Aujourd’hui, le facteur ne passe plus dans les maisons. Il s’arrête à plusieurs centaines de mètres, voire kilomètres de chez vous pour mettre le courrier ou ses avis de passage dans une boîte « codex ». Il n’apporte plus rien, il n’en a plus le droit, il ne rend plus aucun service, il n’en a plus le droit, il s’arrête plus, ne discute plus, ne raconte plus, il n’en a plus le temps.
Et pourtant!!!!
Pourtant, si, à la tête de La Poste, on avait nommé d’autres profils que des fonctionnaires consensuels et roublards ayant le profil du parfait négociateur social, si on avait, rêvons, nommé des professionnels du marketing, La Poste n’aurait pas interdit à ses facteurs de rendre tous ces menus services, elle n’aurait pas installé des codex dans les villages de France pour ne plus passer chez les gens… Pourquoi? Mais parce que c’était là le vrai capital de la société! Nos zénarques, même passés par HEC (on en a un spécimen à l’Elysées depuis cinq ans…) ont cru que le capital de La Poste résidait dans son monopole d’Etat… Erreur! Il résidait dans le monopole du coeur, de la proximité, de la relation!!!!Avec le développement d’Internet, s’est développé la vente en ligne. La vente marchande, la vente relationnelle de particulier à particulier.. Qui en profite le plus? Les sociétés de messagerie privées! Pourquoi? Parce qu’elles sont moins cher, parce que les colis se perdent moins souvent (ouais, y’a ça aussi, je ne sais pas qui La Poste embauche dans ses centres de tri, mais bonjour la fauche!!!), parce qu’on est livré à domicile… Imaginez maintenant que notre facteur soit toujours notre facteur, le colis arrive à domicile, mieux, si j’ai un colis à envoyer, je n’ai pas besoin de me déplacer, mon facteur repart avec!!! Je ne sais pas bien me servir de mon ordinateur? Qu’à cela ne tienne, mon facteur me montre les principales manip et me crée…. une adresse courriel à La Poste!!! Nettement plus intéressant que de monter des écoles de conduite automobile à la c…., non? Même les publicités que le facteur distribue maintenant n’ont pas la même saveur quand elle vous sont remises en main propre que lorsqu’elles sont balancées dans votre boîte!!!
Mais nos fonctionnaires comptables ne sont pas capables d’imaginer une telle modernisation. Ils ne savent que déshumaniser, vendre des abonnements téléphoniques, licencier, réduire les services, s’occuper des permis de conduire….
Les usagers sont mécontents et n’attendent que l’arrivée de nouveaux prestataires….