Les socialistes ne veulent pas qu’on leur refasse le coup des « pigeons »
Qu’on se le dise, ce n’est pas parce que le Premier Ministre dit quelque chose que vous avez compris ce qu’il a dit, ni que ce qu’il a dit doit être compris comme ce qu’il a dit car la vérité est dans ce qu’il avait l’intention de dire, nonobstant ce qui a été dit. Ainsi, lorsqu’en visite en Ardèche, le Premier ministre déclare vendredi: « Ce qui est proposé, c’est que, lorsqu’un autoentrepreneur dans le bâtiment s’installe, au bout de deux ans, si son entreprise est viable, il rejoint le droit commun »,a-t-il affirmé, ajoutant que, « pour tous les autres […], il n’y a pas d’inquiétude à avoir », certains esprits simples comprennent que la mesure ne concerne QUE le bâtiment. D’autant que Bernard Cazeneuve semblait confirmer les propos de son leader, vendredi toujours, affirmant que Bercy ne procéderait qu’à des changements « à la marge ».Certes, Sylvia Pinel, ministre de l’artisanat, contredit son chef quelques heures plus tard affirmant son intention d’étendre la limitation dans le temps du statut d’auto-entrepreneur au-delà du seul secteur du bâtiment, mais nous sommes rassurés, Harlem Désir, invité de BFMTV Politique RMC/Le Point est catégorique, « C’est évidemment le Premier ministre qui fixe la politique du gouvernement dans ce domaine comme dans d’autres ». Quoique, on aurait du se méfier, Harlem Désir n’étant pas la source la plus fiable d’information sur ce qu’il se passe au gouvernement.
« Jean-Marc Ayrault a cité le bâtiment en exemple, mais la réforme ne se limitera pas à ce secteur. Ses propos ont été mal interprétés » La clarification est tombée dimanche.
L’incartade du Premier Ministre sur le sujet avait laissé espérer aux « poussins », nom adopté en clin d’œil aux « pigeons » par les autoentrepreneurs furieux contre le projet ministériel, que Matignon reprenne les choses en main, le ministre Pinel étant jugé globalement sous influence du lobby des artisans. Eh bien, non, les consultations « se poursuivront cette semaine », les arbitrages seront rendus « mi-juin ». Le dossier reste géré par Sylvia Pinel. Le ministre veut trouver « un point d’équilibre qui satisfasse à la fois les artisans exerçant sous un régime de droit commun et les autoentrepreneurs ».
Rassurez vous, il n’y a ni couac ni désaccord, il ne s’agit ni d’un recul ni d’un désaveu, il ne s’agit juste que de propos « tronqués » et « mal interprétés »… Voilà, voilà…
Allez, un petit sourire pour finir sur cette triste nouvelle. Laurent Fabius, décidément aussi lucide sur ses collègues du gouvernement que sur les terroristes syriens, s’est félicité, hier sur Europe 1, « d’entendre moins de couacs au gouvernement » que par le passé.
Une vidéo intéressante sur le sujet, en particulier la suggestion d’Alain Madelin pour clouer le bec des lobbyistes de l’artisanat (entre 1:40 & 9:00)