Hollandiste sous Hollande et européaniste à Bruxelles, Moscovici a frappé fort
Mercredi, lors d’une conférence de presse surprise, la Commission européenne a annoncé qu’elle accordait un délai de deux ans à Paris pour ramener son déficit public sous la barre des 3% de produit intérieur brut (PIB), conformément aux accords de Maastricht.Bruxelles « a décidé de proposer une nouvelle recommandation à la France (sur le calendrier de réduction des déficits) avec une nouvelle échéance en 2017″ (année de l’élection présidentielle dans l’Hexagone), a annoncé le vice-président de la Commission en charge de l’Euro, Valdis Dombrovskis, lors de cette conférence.
Elle attend de la France qu’elle présente en avril prochain « un programme national de réformes ambitieux » qui contribuera à réduire son déficit public, a ajouté mercredi le commissaire européen Pierre Moscovici. Et celui qui a sa large part de responsabilité dans la situation du pays, celui qui, quand il était à Bercy, a toujours refusé de pendre les décisions qui s’imposaient s’est senti obligé d’ajouter: « La France a déjà annoncé plusieurs réformes, ce sont des pas dans la bonne direction (…) Nous attendons qu’elle présente un programme national de réformes ambitieux et plus détaillé en avril qui sera évalué par Bruxelles en mai »… Incroyable, le voici qui s’érige en donneur de leçons, ne se rendant même pas compte que ses propres paroles sonnent comme un aveu d’inaction lors de la période précédente, c’est à dire celle dont il était responsable!
Pas question de faire attendre jusqu’aux élections
Le gouvernement français a donc réussi à obtenir du temps de la part de Bruxelles, mais sans doute pas autant que voulu. La Commission européenne était censée rendre son verdict sur le budget 2015 de la France, assorti d’une nouvelle recommandation sur le calendrier de réduction des déficits, vendredi 27 février. Les pressions et les négociations semblaient laissaient espérer à Bercy un scénario d’un délai de trois ans, soit jusqu’en 2018, ce qui aurait permis aux socialistes de contourner l’échéance électorale.C’est le troisième délai dont bénéficie la France pour ramener son déficit public dans les clous européens, sous la barre des 3% de PIB. Le gouvernement français prévoit un déficit de 4,1% en 2015, au lieu des 3% promis initialement, et un retour sous la limite des 3% seulement en 2017, année de l’élection présidentielle. Prévisions qui laissent perplexes quand on reprend a posteriori celles qui avaient été faites par les mêmes services il y a deux et trois ans. Prévisions qui ne semblent pas du tout réalisables au regard des décisions politiques prises jour après jour.
Officiellement, tout le monde est content
Réagissant à l’annonce de la Commission européenne, le ministre des Finances français Michel sapin a observé « la convergence des analyses du gouvernement français et de la Commission, fruit d’un dialogue approfondi et confiant » et s’est félicité que la France ne fasse pas l’objet de sanction pour le retard pris.Réagissant à l’annonce de la Commission, le ministre des Finances français, Michel Sapin a confirmé mercredi que la France se conformerait à l’exigence formulée par la Commission européenne, mais pouvait il dire autre chose?