Fini le « triple-play » taille unique pour tous à 29,99 euros par mois ? Les fournisseurs d'accès à Internet rivalisent de nouvelles offres sur le marché du fixe depuis quelques semaines. Après Bouygues Telecom et sa Box à prix cassé à 19,99 euros lancée début mars, SFR joue la carte de la convergence avec une offre « box + mobile » low-cost, sans engagement, sous sa marque Red, à 39,99 euros par mois, incluant un forfait mobile habituellement vendu 20 euros (appels illimités et 3Go, ou 6 euros de plus avec 5 Go). Orange avait été pionnier en lançant il y a un an toute une gamme de « quadruple-play » low cost sous sa marque Sosh, entre 35 et 55 euros en une facture. SFR a fait le choix de ne pas inclure la téléphonie fixe, jugée « inutile à partir du moment où le client peut appeler en illimité depuis son mobile » : l'offre Red + Box n'est donc pas du quadruple-play à proprement parler et ne sera commercialisée qu'en ligne, à partir du 3 juin.
Pas de fixe, que la TNT, mais l'univers YouTube sur la TV
Le deuxième opérateur français, en cours de rachat par Numericable, veut séduire les moins de trente ans ultra-connectés, gros consommateurs de vidéos plutôt que de TV en direct, la « génération Y ou Z », fans de YouTube et de streaming : l'offre n'inclut que les 25 chaînes gratuites de la TNT, le boîtier (loué 3 euros par mois) n'est pas la Box SFR Evolution mais un décodeur TV « Google Play » sans disque dur, tournant sous Android et donnant accès aux services du géant de l'Internet comme YouTube, le navigateur Chromecast, le magasin d'applications et de contenus Google Play, etc.« C'est la première fois en Europe qu'un opérateur lance une offre avec ce boîtier Google Play comme décodeur principal » se félicite SFR. Quitte à laisser Google se tailler la part du lion des contenus consommés au détriment de la VOD de SFR ? Peut-être, mais SFR estime répondre aux attentes de cette clientèle qui « ira de toute façon chercher le meilleur prix quoi qu'on fasse » observe Guillaume Boutin, le directeur marketing de l'opérateur : il estime pouvoir « recréer de la valeur avec une approche segmentée » tout en martelant qu'il ne faut « pas confondre low-cost et proposition dégradée. » SFR se défend de répliquer à la guerre des prix dans le fixe initiée par Bouygues. Pourtant, il diminue en fait de 10 euros le prix de son actuelle offre Red + Box qui comprend un triple-play classique à 49,98 euros avec une Box d'ancienne génération, mais en retirant les appels illimités vers les fixes et 150 chaînes. En février, Orange a réduit de 5 euros le prix de l'offre Box de Sosh en enlevant la TV, désormais en option, puis l'a encore abaissé de 5 euros par mois, dans le cadre d'une promotion de 12 mois sur avril et mai.
Attaquer Free sur l'ADSL
En promettant aux clients de « payer simplement ce dont vous avez besoin », sous-entendu pas le superflu, Bouygues Telecom avait tenté de s'attaquer à la formule triple-play tout compris qui a fait le succès de Free, en lançant en novembre une Box B&You à 15,99 euros qui ne comprend que l'Internet et le téléphone (double-play). Mais l'offre, disponible uniquement en zone de dégroupage total, n'a semble-t-il pas trouvé son public et n'a pas eu d'impact mesurable sur les recrutements des concurrents, notamment sur Free, qui a continué à gagner des abonnés ADSL. En revanche, son « triple-play » à 19,99 euros a visiblement dopé ses recrutements d'abonnés en mars : Bouygues Telecom a annoncé100.000 nouveaux clients au premier trimestre, grâce au démarrage « record » de cette offre, c'est-à-dire plus que Free (71.000). Toutes ces promotions agressives sur le fixe ont en effet pour objectif d'affaiblir la machine à cash de Free, son activité ADSL qui a permis de financer le développement dans le mobile. Pour l'instant, Free n'a répliqué qu'en relançant son offre AliceBox Initial à 19,98 euros (9,99 euros en dégroupage partiel) et a concentré ses efforts de conquête sur le mobile, en doublant le nombre de forfaits à prix réduit par foyer abonné ADSL (15,99 euros au lieu de 19,99 euros pour le forfait 3Go). En visant une cible de jeunes urbains technophiles, SFR vient aussi clairement sur le terrain de Free...Thibault Doidy de Kerguelen‘s insight:
Qui a dit que la concurrence ne se faisait pas au profit des consommateurs? A côté de cela, nos politiques se battent pour revenir sur le quatrième réseau…..
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