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Thibault Doidy de Kerguelen

Thibault Doidy de Kerguelen

Je suis président de la Compagnie Financière et Patrimoniale de Normandie. Vous pouvez me suivre sur mon site http://maviemonargent.info/

Il paraît qu’il vaut mieux travailler dans la banque que dans la restauration rapide…

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Toute la presse économique d’aujourd’hui vous balance ces chiffres sans analyse, sans chercher à les comprendre… Reprenons les et regardons les plus près…

On se doutait que les niveaux de salaires variaient selon les secteurs d’activité en France. Une étude du ministère du travail, rendue publique mardi et concentrée sur 57 principales branches professionnelles, permet de mettre des chiffres en face de cette impression.

Il y aurait des secteurs « plus généreux » que d’autres

Premier constat, le secteur financier et les industries payent bien mieux que les services en lien avec les particuliers. L’étude précise « Et ce quelle que soit la catégorie professionnelle ». Ainsi, «Le salaire moyen mensuel des cadres s’échelonne de 2040 euros dans la coiffure, entre 2800 et 3000 euros dans le commerce de détail alimentaire et la restauration rapide (…), à plus de 5000 euros dans les transports aériens, les industries chimiques, pharmaceutiques et les banques», note l’étude. La hiérarchie est la même pour les employés: leur salaire moyen va de 1310 euros par mois dans la restauration rapide à 2500 euros dans l’industrie pharmaceutique et le transport aérien, décidément très rémunérateurs. Le salaire moyen des ouvriers de la propreté n’est lui que de 1280 euros par mois, mais dépasse 2000 euros dans 8 branches, culminant à 2270 euros dans, une fois de plus, l’industrie pharmaceutique.

Ce que n’évoque évidemment pas l’étude, c’est le niveau de qualification des différents postes. Ainsi sera catégorié « ouvrier » ou « employé » dans la banque ou le transport aérien une personne ayant reçu une formation lui permettant de résoudre des problématiques, de prendre des initiatives (certes encadrées), d’assumer des tâches dont le niveau d’exécution aura un impact direct sur la sécurité des clients. Il n’en sera pas de même de ceux qui sont catégorié dans les mêmes rubriques dans les activités liées à la consommation directe ou à l’aide à la personne.

Quand cette étude ministérielle conclue « Soit un écart qui dépasse le simple au double. », elle laisse supposer que ces rémunérations sont à niveau de compétences égales, puisqu’administrativement  classifiées de manière identique. C’est faux et c’est un mensonge.

Cela pose d’ailleurs, non seulement le problème de la classification, mais aussi celui de la qualification. Comme bien des pans de notre organisation sociale du travail, la classification des postes est totalement à revoir. En effet, elle est aujourd’hui « optimisée » par les employeurs car impliquant des conséquences en termes de gestion, de coûts, de statuts. Celui qui a aujourd’hui le statut d’employé de banque a des responsabilités et des attributions que n’avait pas l’employé d’hier (qui lui a été remplacé par un ordinateur ou un robot)… Mais comme il est « en bas de l’échelle », il n’en demeure pas moins « employé ». Et nos statisticiens administratifs de Bercy l’assimile à l’employé de fast food!!!! pour nous sortir des comparaisons oiseuses de rémunération.

Il y aurait des secteurs plus « exploiteurs » que d’autres

Second constat, les temps partiels et les CDD sont nombreux dans la restauration rapide (63% des effectifs) et dans la propreté (61%). Et beaucoup moins répandus dans l’industrie (10% dans la métallurgie, 19% dans la chimie-pharmacie). Là encore chacun comprendra qu’il n’y a pas dans les restaurants le même nombre de clients à toute heure de la journée et qu’il convient donc d’adapter le personnel en fonction du passage. Evidemment, comme nous sommes encore là dans un domaine ne nécessitant pas une formation très pointue et le chômage en France laissant, du fait de la désindustrialisation, des millions de personnes peu qualifiées sur la carreau, les établissement ont le choix entre des contrats partiels objetisés ou des CDI dont l’encadrement réglementaire (gestion des coupures, primes, statut, heures..) ne permettent pas de rendre le même service au client ou la même souplesse. Nous sommes donc bien (restauration, propreté) dans des secteurs où la nécessité du service (faire le ménages dans les locaux en dehors des heures de travail, faire le service aux heures des repas) s’accommode mal de la rigueur des statuts (n’oubliez que prendre deux temps partiel revient plus cher qu’un CDI), contrairement à la banque qui est ouverte de 9h à 12h 30 et de 14h00 à 17h00 et qui « rattrape » ces fichus jours fériés qui tombent un weekend!!

Si notre pouvoir socialiste trouve dommage cette différence entre les secteurs économiques, peut être, au lieu de présenter les choses de cette manière discriminante, devrait il réfléchir aux causes et convenir qu’il y aurait deux ou trois bricoles à changer au contrat de travail à temps plein…

Atteinte à la sacro sainte parité!

L’étude, toujours elle, s’étonne que les branches «généreuses» ne sont pas celles où l’égalité homme-femme est la mieux respectée…

Alors que le salaire moyen des femmes, toutes branches confondues, est inférieur de 19% à celui des hommes, dans la banque et le transport aérien, les femmes cadres sont payées 30% de moins que leurs homologues masculins. Dans les industries chimiques, les ouvrières sont payées 20% de moins que les ouvriers. En revanche, l’écart de salaire homme-femme est inexistant ou presque dans la restauration rapide, chez les ouvriers et employés. Là encore, la raisonnement administratif par catégories fourre-tout permet un gros meli melo d’amalgames. Pour avoir travaillé dans le secteur de la finance, je peux garantir que la règle « travail égal – salaire égal » est rigoureusement appliquée. Et que les employeurs ne jugent pas les compétences d’une personne à l’embauche en fonction de la forme de son sexe. Qu’il y ait une raréfaction de la gente féminine lorsque l’on monte dans la hiérarchie qui fasse qu’ensuite, lorsque l’on fait des statistiques et des moyennes, on arrive à ce type de résultat, certes, mais cela n’est pas du à une politique discriminatoire des établissements. D’ailleurs, cela veut aussi dire qu’un certain nombre de postes sont majoritairement occupés par des femmes….

D’ailleurs, l’étude précise que les employées des télécoms et du BTP sont davantage payées que leurs homologues masculins. Une délectation lorsque l’on lit le commentaire ‘une rareté »… Une rareté qui concerne, en ce qui concerne le BTP, plus d’1.2 million d’emplois et les télécoms le secteur de l’économie qui recrute le plus…..

80% des salariés de la coiffure sont des employés, 60% de ceux des télécoms sont cadres

Dernier point de cette « superbe » étude, le poids des cadres est très variable selon les branches.

Ils représentent près de 60% des effectifs dans les télécoms et dans les bureaux d’études, 50% dans les banques, plus de 40% dans l’assurance et la publicité. À l’inverse, plus de deux tiers des salariés des entreprises de propreté et des déchets, ou encore des transports routiers, sont ouvriers. Et les employés constituent au moins 80% des effectifs dans la coiffure, la restauration rapide, la sécurité, le commerce d’habillement et alimentaire.

Et voilà le résultat de la désindustrialisation. Tous les secteurs qui ont pu ou dû délocaliser leurs emplois à faible qualification l’ont fait. Tous les secteurs qui ont pu robotiser ou onformatiser leurs activités répétitives l’ont fait. Du coup, ils n’emploient plus que des gens plus qualifiés, ont envoyé des millions de Français à Pole Emploi ou au RSA et apparaissent aujourd’hui dans les « étides » du ministère comme « généreux »…. Un comble, non?

Ce qui explique que ces différences dans la qualification des effectifs jouent sur le salaire moyen mensuel de la branche, toutes catégories confondues: il va de 1350 euros par mois dans la coiffure et de plus de 3500 euros dans les banques.

Sachant que le salaire moyen, tous secteurs confondus et toute qualification confondue en France, est de 2240 euros par mois.
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