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Laurent Horvath

Laurent Horvath

Les enjeux de la production des Energies sont si importants, qu'ils sont en train de modifier nos vies et l'équilibre du Monde. Mieux les Comprendre aujourd'hui, nous permet d'envisager l'avenir et agir concrètement aujourd'hui.

J'ai créé en 2008 le blog http://2000watts.org/ pour suivre cet univers.

Trump: Le Nouveau Plan Marshall Américain

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«Make America Great Again.» A l’énoncé de ce slogan, la nostalgie des années 50-60 vient automatiquement à l’esprit. Le plein-emploi, les hauts fourneaux sidérurgiques nécessaires à la construction d’infrastructures géantes et aux courbes infinies des Cadillac qui sillonnaient les rues afin d’afficher sa réussite sociale. Une époque où le pétrole plafonnait à 2$ le baril, où le charbon et le gaz n'en valaient pas autant. Une époque où King Hubbert n’avait pas encore découvert le peak oil, où les journaux ne parlaient pas de pollution et de réchauffement climatique.

Pour tenter de réaliser ce rêve, Trump va devoir trouver d’énorme quantité d’énergie et de financement pour alimenter les moteurs de la croissance et de l’emploi. La composition de son cabinet témoigne de cette stratégie.


Jusque dans les années 70, les USA étaient le plus grand producteur mondial de pétrole avant de se faire rattraper par le peak oil. Aujourd’hui, Trump ambitionne d’aller chercher les 50 trillions $ de pétrole, de gaz et de charbon qui se trouveraient encore dans le sol US, sur les côtes, dans les océans, dans les réserves naturelles ou en Alaska et de sécuriser les importations avec des alliances stratégiques.

Pour se faire le président Trump a choisi Rex Tillerson, le CEO de la plus grande major pétrolière mondiale : ExxonMobil. Son expérience sera précieuse pour convoiter les champs pétroliers non exploités à travers le monde, notamment en Russie. Sur ce terrain, les américains vont se heurter frontalement aux chinois qui raflent depuis 10 ans toutes opportunités de l’Afrique à l’Amérique du Sud en passant par les USA-eux mêmes.

Drill, baby drill

A l’interne, les Agences de l’Energie et de la Protection de l’Environnement ont été mises dans les mains expertes de Scott Pruitt, un lobbyiste pétrolier et climato sceptique virulent et Rick Perry, gouverneur du très pétrolier Etat du Texas.

Les deux hommes vont s’atteler à détricoter et abolir les réglementations mises en place par Obama afin de permettre l’extraction par tous les moyens des dernières gouttes de pétrole, de gaz et de charbon.

Le président Trump s’appuie sur le monde de la finance.

Le président s’est tout naturellement tourné vers l’institution financière la plus influente dans le monde de l’énergie : Goldman Sachs.

Ainsi Gary Cohn et Steven Mnuchin auront la tâche de rallier les grandes institutions bancaires afin de financer ce Plan Marshall de l’énergie. Toutes les institutions financières américaines devraient jouer le jeu, même si cette année 70 milliards $ ont été passés dans les comptes "pertes et profits" suite aux faillites dans le schiste et alors que 200 milliards $ se sont évaporés dans la branche pétrolière US depuis la crise de 2014.

Pour compléter le round d’investissements, les institutions étrangères vont être sollicitées et des coups de pouce devraient provenir des financiers les plus actifs dans ce domaine comme la Deutsche Bank, les français BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole.

En Suisse Donald Trump pourra compter sur l’UBS et le Crédit Suisse, acteurs incontournables du schiste et du charbon aux USA, ainsi que sur l’appui inconditionnel et quasi religieux de Jean Studer, Président de la Banque Nationale Suisse (BNS).

La BNS est déjà l’un des plus grand actionnaire mondial d’ExxonMobil. Les actifs de la Banque dans le charbon et le schiste américain se chiffrent en milliards $. Magnifique destin de cet obscur homme politique des montagnes neuchâteloises qui devient l’un des acteur de la politique énergétique de Washington.

Les Révolutions d'Internet et des Energies Renouvelables

Dans sa thèse de doctorat de 2008, Vladimir Poutine, soulignait "l’importance pour la Russie de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières afin de restaurer la puissance mondiale du pays".

En 2002, la synthèse géostratégique de Robert Ebel soulignait: «Le pétrole alimente plus que les automobiles et les avions. Le pétrole alimente la puissance militaire, les finances nationales et la politique internationale. Il est déterminant pour le bien-être, la sécurité nationale et la puissance internationale pour ceux qu’il le possède et l’inverse pour ceux qui n’en n’ont pas.»

Ces pensées ne datent que de quelques années, mais elles ont été rattrapées par l'émergence stratégique des nouvelles technologies. Quelque soit la volonté de Washington, les énergies renouvelables gérées par l’internet sont en train de bousculer les certitudes, la géopolitique énergétique et les modèles d’affaires. 

Si le balancement des USA se confirme, la place sera ouverte aux nations qui sauront en extraire le potentiel et maîtriser ces technologies. La fenêtre d'opportunité ne pourrait durer que 4 ans, mais nombreux sont ceux qui vont vouloir s'y engouffrer.

Là encore, la Chine ainsi que tous les autres pays qui ne possèdent pas de pétrole, ont toutes les cartes en main pour se profiler. La politique de Trump va offrir de magnifiques opportunités pour prendre la place des entreprises américaines ou pour les accueillir sur notre territoire.
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