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Laurent Horvath

Laurent Horvath

Les enjeux de la production des Energies sont si importants, qu'ils sont en train de modifier nos vies et l'équilibre du Monde. Mieux les Comprendre aujourd'hui, nous permet d'envisager l'avenir et agir concrètement aujourd'hui.

J'ai créé en 2008 le blog http://2000watts.org/ pour suivre cet univers.

Pétrole 2017: Trump, Poutine et l'OPEP

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Si les Economies occidentales exigent un prix du pétrole bon marché afin de relancer la croissance, à l’opposé, les pays producteurs misent sur un baril cher pour colmater leurs budgets et soutenir les investissements nécessaires à l’exploitation future d’or noir.

Parmi la myriade de facteurs qui influencent les cours du pétrole, trois acteurs devraient faire l’actualité en 2017: Trump, l’OPEP et la Russie.

Paradoxalement si l’OPEP rêve d’une réduction de l’offre d’au moins 1,8 million de barils par jour (b/j), de son côté @realDonaldTrump aimerait pousser l’extraction pétrolière américaine à un niveau « great again ».

Retour au rêve américain des années 50-60

L’arrivée inattendue des sables bitumineux canadiens et du schiste américain ont été en partie responsable de l’écroulement des cours. En 2016 rien qu’aux USA, 114 entreprises pétrolières ont fait faillites engloutissant 74,2 milliards $ pour le grand malheur des investisseurs.
C’est dans cette ambiance morose que l’équipe pétrolière, mise en place par le nouveau président, va tenter de s’appuyer sur le pétrole pour stimuler l’économie et l’emploi comme à la grande époque des années folles.

Sans encore connaître le programme exact, il n’est pas illusoire de penser que les faucons de la nouvelle administration vont s’employer à passer leur temps à détricoter les réglementations d’Obama qui ralentissent l’exploitation des énergies fossiles, et tenter d’élargir les horizons notamment en haute-mer ou en Arctique.

Si le charbon semble être financièrement condamné par le gaz et les énergies renouvelables, les groupes environnementaux vont s’employer à freiner des quatre fers pour retarder les ambitions des puissants lobbies pétroliers.

A force de réduire les salaires, de torturer les sous-traitants, de se débarrasser à la sauvette des produits chimiques et avec les prochaines faveurs promises par Trump, un pétrole à 60$ pourrait devenir le nouveau seuil de rentabilité pour les producteurs de schiste américain. Mais combien de gisements profitables restent-ils avant de s’attaquer aux champs de 2 et 3ème catégorie. La réponse divise.

Quoi qu’il en soit, les USA produisent 8,8 millions b/j (idem à 2014) et consomme plus de 19 millions b/j. Pour combler ce trou, Donald Trump va devoir assurer les importations et trouver de nouveaux partenaires.

Jusqu’où les USA seront-ils prêts à aller pour sécuriser du pétrole en terre étrangère d’autant que la Chine termine de racheter les derniers gisements prometteurs et que les deux tours du World Trade Center n’existent plus?

La Russie

Une partie de l’équation pourrait résider en Russie, le nouvel eldorado pétrolier. Le pays posséderait les deux plus grands gisements de pétrole encore à exploiter dont les réservoirs de schiste de Bazhenov en Sibérie ainsi que sous les glaces de l’Arctique.

A Washington, l’intérêt américain est à peine voilé avec l’engagement de Rex Tillerson, ex CEO d’ExxonMobil. Avec la technologie US, les Russes gagneront un temp précieux et la possibilité d’éloigner la Chine de ces ressources énergétiques doit sonner comme une douce musique aux oreilles de Trump. De son côté, ExxonMobil, qui voit sa production pétrolière diminuer d’année en année, tient là une opportunité de redorer son bilan.

Quant à la rivalité Américano-Russe, ne nous méprenons pas. Le mariage énergétique entre les deux superpuissances est déjà consommé. L’uranium russe fait fonctionner la moitié des réacteurs nucléaires civils américains.


Ressources de pétrole de Schiste par pays en milliards de barils

Source: EIA - Financial Time 2016

L’OPEP

A l’opposé de la stratégie américaine, l’OPEP veut réduire de 1,8 million b/j l’offre pétrolière.
Durant les fêtes de Noël, les ministres concernés ont laissé éclater leur enthousiasme sur la faisabilité de cet objectif et de la prochaine remontée des prix. Cependant, il est permis d’avoir certains doutes, car la solidité financière de la majorité de ces pays montre autant d’assurance qu’un concert de Maria Carey 15 minutes avant le réveillon. L’envie de pomper un peu plus pour arrondir les fins de mois est tentante.

Dans ce plan élaboré en décembre par l’Arabie Saoudite, trois pays majeurs de l’OPEP ont reçu un laisser-passer: le Nigeria, la Libye et l’Iran.
Alors que la Libye ne produisait que 300-500'000 barils/jour à l’automne, l’accalmie politique a consolidé le flux qui est brusquement remonté à 600'000 b/j en décembre. Pour autant que les différentes factions s’accommodent de cette situation, le nouvel objectif de 1,1 million pourrait sacrément contrecarrer les plans de Ryad.

Après une année 2016, parsemée d’explosions et de sabotages d’installations pétrolières, le Nigeria retrouve un calme relatif. Si les milices continuent d’être rémunérées, elles pourraient abandonner les explosifs en échange de cash. Là aussi, 300'000 b/j supplémentaires pourraient retrouver les marchés dans les mois qui viennent.

La grande inconnue de l’équation réside en Iran et bien malin qui peut connaître le destin pétrolier 2017 du pays. Après un départ en fanfare et une production en très forte hausse qui friserait les 4 millions b/j, un plateau semble être atteint. Les milliards de dollars nécessaires à la mise à jour des installations et l’apport technologiques des majors internationales se font toujours attendre. Il faudra attendre la prochaine élection présidentielle iranienne du 19 mai et le statu dans sanctions américaines pour y voir un peu plus clair.

Une année 2017 passionnante

L’arrivée de l’équipe Trump et les nouvelles synergies entre Russes et Américains pourraient avoir l’effet d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Dans l’industrie pétrolière, le dérèglement d’un battement d’aile peut avoir des conséquences inattendues, d’autant que la production mondiale à moyen terme est sur le fil du rasoir.

Avec plus de 50% des champs pétroliers qui ont atteint le peak oil, des investissements d’exploration rabotés à 500 milliards $ (+700 milliards $ en 2014) et de nouvelles découvertes au plus bas depuis 70 ans, on ne peut que retenir son souffle et croiser les doigts une fois que l’engorgement actuel se tarira.

L’année 2017 et les suivantes s’annoncent passionnantes.
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