Le communiqué de presse passe sous silence ses pertes de plus de 1,2 milliards dollars dans ses actifs de schiste aux USA et avec le nombre de faillites qui explosent, l'hémorragie de BNS va en s'amplifiant. Comment en est-on arrivé là?
Investissement dans le tissu industriel américain
La stabilisation du Francs Suisse face à l’Euro est d’une importance stratégique nationale dévolue à la BNS. Cependant, c’est en épluchant les données officielles divulguées par la Banque Fédérale Américaine, que l’on découvre que l’institution Suisse injecte plus de 38 milliards $ dans l’économie américaine. Au demeurant, on est en droit de se demander l'impact du support financier aux entreprises de l’Oncle Sam sur les cours Euro/Francs Suisse.Le schiste américain creuse un trou abyssal
Ainsi, c’est en analysant cette liste de plus de 2’640 entreprises que le pot aux roses des investissements pétrolier, gazier et charbonnier est apparu au grand jour. Prise la main dans le sac, la BNS avait botté en touche. C’était il y une année.Ce qui aurait dû être une opération discrète, voir invisible, éclate avec la chute des cours du pétrole qui entraîne le secteur du schiste américain dans une spirale de faillites et démultiplie les pertes financières pour la Banque Nationale Suisse. Il serait étonnant que les actionnaires comme les Cantons Suisses ne s’inquiètent de ce fiasco et n’envisage pas une sortie honorable de cet engrenage.
Une stratégie à l’encontre de sa charte éthique
En se basant sur les documents trimestriels fournis par le gendarme américain des investissements, il est possible de reconstruire le scénario des 18 derniers mois, pour tenter de s’approcher de la réalité et soumettre des hypothèses, vu que la Banque préfère ne pas s'étendre sur le sujet.Se faisant fi de sa charte éthique qui bannit "les investissements dans des entreprises qui causent de manière systématique de graves dommages à l’environnement", la Banque a intégralement arrosé l’industrie du schiste américain et soutient les acteurs du charbon, du pétrole, des infrastructures ou des sables bitumineux.
Alors que les investisseurs se délestent des actions de schiste, la BNS en achète!
Au-delà de la légitimité éthique de ces investissements, des faits troublants apparaissent.A l’apogée du schiste américain, en juin 2014, la BNS avait déjà envahi le secteur avec un portefeuille d’actions d'une valeur de 2’215 milliards de dollars. Depuis les cours du baril ont débuté une impressionnante dégringolade.
Une année plus tard, en juin 2015, il était devenu évident que «l’attaque pétrolière» de l’Arabie Saoudite allait occasionner des dégâts irréversibles dans le schiste américain. Les mois suivants n’ont fait que soutenir cette tendance et les premiers signes de faillites ont définitivement repoussé les nouveaux investisseurs. C’est à ce moment, que les grandes Banques privées dont l'UBS, le Crédit Suisse, JP-Morgan, Citi Bank ou le fond BlackRock ont débuté une phase de délestage massive de ces actions pourries.
La BNS transfère des actions pourries dans ses comptes. Pourquoi?
De son côté la BNS a fait le choix d’une stratégie surprenante. Contre toute logique financière, et après avoir déjà perdu plusieurs centaines de millions de dollars, la BNS a continué d’acheter des actions dans ce secteur sinistré et, encore plus surprenant, d’acheter des actions pourries dans des entreprises virtuellement en faillites.Toujours en se basant sur les données de la FED et de manière mathématique, depuis juin 2014, la Banque Nationale Suisse aurait acheté des actions dans le schiste, le charbon, le pétrole et le gaz américain à hauteur de 3,319 milliards $.
La chute des cours pétroliers a diminué la valeur de ces actions pour un montant de 1,104 milliard $ et les pertes suites aux faillites s'élèveraient à 91,5 millions $. La Banque n'a pas commenté, infirmé ou corrigé ces chiffres.
Aujourd’hui, une question reste sans réponse : Pourquoi la BNS transfère-t-elle dans ces comptes des actions pourries d’entreprises proche de la faillites et dont plus personne n'en veut?
Sans une prise de position claire et officielle de la BNS, il apparaîtrait que les cantons suisses, in fine les citoyens, prennent en charge les pertes financières de l’industrie de schiste et des institutions bancaires qui les soutiennent. Peut-être que cette question sera abordée lors de l'Assemblée Générale de la Banque à la fin avril?
Quelques exemples d'achats "surprenants" de la part de la BNS:
Alors que l'action est passée de 17$ à 2$ la BNS a acheté 150'000 actions!
L'entreprise a été mise en probation
Contango Oil & Gas
L'action passe de 47$ à 7$ dans une descente infernale et la BNS
rachète 3'600 actions. L'entreprise est sous probation.
Denbury Resources Inc
Pendant que le cours dévisse et l'entreprise se dirige vers la faillite
la BNS achète 67'100 actions supplémentaires! L'entreprise est sous probation