Depuis jeudi, c’est chose faite. A son image, il n’a pas fait dans la demi-mesure.
Aligné sur la doctrine du parti républicain, celui qui pourrait devenir le prochain président américain n’a pas déçu. Accord sur le Climat COP21 de Paris, réglementations sur la pollution et les énergies fossiles, tout passe à la trappe.
Lors de son allocution à la Petroleum Conference à Bismarck dans l’Etat pétrolier du Dakota du Nord, le candidat républicain a adopté la position du parti en favorisant largement les énergies fossiles et en effectuant un 180 degrés par rapport au président Obama.
Préparer le terrain
On se souvient qu’en janvier dernier, l’ex candidate à l’élection de 2012, Sarah Palin avait donné son soutien à Trump dans l'espoir de devenir la prochaine Ministre de l’Energie. Avec la simplicité qu'on lui connait, l'ancienne sénatrice de l'Alaska, avait déclaré sa flamme pour les énergies fossiles. (lire article)
Il y a quelques jours, afin de définir sa stratégie en politique énergétique, Donald Trump avait annoncé l’arrivée dans son équipe de Kevin Kramer. Cet homme du Dakota du Nord est connu pour ses positions anti-climat et un fervent défenseur du pétrole et du gaz.
Avant sa conférence de presse et pour paufiner sa stratégie, Trump s’était entretenu avec Harold Hamm, le pionnier du schiste américain et CEO de Continental Resources.
Le terrain était prêt.
Fidèle à la doctrine du parti républicain : Drill baby Drill
Le candidat républicain a attaqué ses rivaux démocrates, Hillary Clinton et Bernie Sanders, qui désirent imposer des régulations plus strictes dans les forages de schiste et l’environnement.
«Si vous faites ça, nous allons devoir retourner au Moyen-Orient et les supplier pour avoir du pétrole. Cela ne se passera pas avec moi», a-t-il souligné.
Le milliardaire a ajouté qu'il désire annuler l'accord sur le climat de la COP21 de Paris, supprimer les régulations fédérales américaines sur l'environnement, raviver l’industrie moribonde du charbon et voir la construction du pipeline Keystone XL qui transportera le pétrole des sables bitumineux canadiens jusqu'aux USA.
Comme le Sénateur McCain face à Obama en 2012, il accuse "les démocrates de mettre les intérêts étrangers avant les intérêts américains et de freiner la production énergétique". Avec cette même rhétorique, Donald Trump désire que "les États-Unis deviennent énergiquement indépendants et voir même d’exporter le surplus". Même si aujourd’hui le pays importe toujours la moitié de sa production pétrolière soit presque 9 millions de barils par jour.
A une question posée par un journaliste canadien sur la construction du pipeline Keystone XL, Trump a martelé « qu'il obtiendra un meilleur accord actuel proposé par l'entreprise TransCanada. Je veux ce pipeline, mais le peuple américain doit recevoir une part signifiante des bénéfices». Ce concept rappelle la construction d'un mur anti immigration entre le Mexique et les USA que le milliardaire désire faire financer par le Mexique.
Concernant l'accord de Paris sur le climat, M. Trump souligne que «les bureaucrates vont contrôler ce que nous utilisons et ce que nous faisons sur nos terres et dans notre pays. No way, no way (pas question, pas question)».
Il en a profité pour réitérer son soutien à l’industrie du charbon et prédit qu’au final "le charbon va devenir très bon marché". Bien que le charbon américain soit attaqué en frontal par le gaz de schiste, il n’a pas détaillé son plan pour maintenir en vie les deux productions ennemies.
Le candidat pense que «le président Obama a tout fait pour barrer la production énergétique américaine. Si Crooked (corrompue) Hillary est en charge, les choses vont aller de pire en pire. Croyez-moi, elle fermera les entreprises de production à travers tout le pays.»
L'homme providentiel
Ce samedi à Fresno en Californie, il a continué sur sa lancée d'homme providentiel. Trump a lancé que "l'État californien ne subit pas de sécheresse et que la technologie pourrait résoudre ce problème". S'il est élu, il fera tout pour amener de l'eau du Pacifique aux fermiers qui depuis cinq ans font face à de graves pénuries d’eau.
La fronde Républicaine s’est également étendue sur les enquêtes fédérales lancées contre les grands groupes énergétiques comme ExxonMobil ou le charbonnier Peabody. Depuis des années, ces géants ont caché au public et aux actionnaires les effets des énergies fossiles sur réchauffement climatique. C'est en tout cas ce que pensent les procureurs en charge de ces dossiers. Le grand parti demande l’arrêt immédiat de ces enquêtes. Si Peabody a déjà avoué, Exxon se trouve dans une situation critique. La major pétrolière a déjà dû dévoilé des documents compromettants sur des systèmes qui s'inspirent de l'industrie du tabac.
Le Monde a-t-il changé en 8 ans?
Si fondamentalement, il ne devrait pas y avoir une grande différence entre la doctrine de Donald Trump et celle de Georges W Bush, huit années se sont écoulées avec des bouleversements énergétiques mondiaux ainsi que des événements climatiques de plus en plus surprenants.
Il sera intéressant de voir comment la communauté internationale et notamment la Chine réagiront dans ce domaine face au style bulldozer de Trump, si en tant que Président des Etats-Unis, il décide de mettre en pratique sa nouvelle promesse électorale: Make the US Energy great again!
D'ici là, l'eau risque de couler sous les ponts, sauf en Californie.
Conférence de presse: Jeudi 26 mai, Dakota du Nord.