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Laurent Horvath

Laurent Horvath

Les enjeux de la production des Energies sont si importants, qu'ils sont en train de modifier nos vies et l'équilibre du Monde. Mieux les Comprendre aujourd'hui, nous permet d'envisager l'avenir et agir concrètement aujourd'hui.

J'ai créé en 2008 le blog http://2000watts.org/ pour suivre cet univers.

Pétrole: Le Brésil ne sera pas Champion du Monde

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L’euphorie de la Coupe de Monde de foot et des Jeux Olympiques est bien terminée. Fini le temps où le géant pétrolier brésilien Petrobras incarnait le Brésil conquérant des années Lula. Les pétrodollars devaient couvrir les gigantesques coûts sportifs et la reconstitution sociale.

C’était en 2007, quand le géant pétrolier brésilien a annoncé la découverte du «pré-sel», de gigantesques réserves de pétrole et de gaz en haute mer: entre 30 et 100 milliards de barils enfouis à 7'000 mètres de profondeur, sous une épaisse couche de sel, qui l’ont brièvement propulsé au rang de quatrième entreprise pétrolifère mondiale.

Aujourd’hui, Petrobras est dans la tourmente. Incapable d’atteindre ses objectifs de production, la plus grande entreprise du Brésil est aussi prisonnière des clivages entre la gauche au pouvoir et l’opposition de centre droit. Elle est, de surcroît, au centre d’accusations de malversations. Une enquête parlementaire doit démarrer la semaine prochaine.

La formidable capitalisation boursière de Petrobras, dopée par le pré-sel, s’est effondrée à moins de la moitié de son niveau d’il y a quatre ans. La décélération de l’économie brésilienne n’est pas seule en cause. Les marchés accusent l’Etat, qui détient 64% du capital votant de l’entreprise, d’intervenir dans sa gestion. Ils misent contre une réélection de la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT) au scrutin d’octobre. Aussi, malgré les «affaires», le cours de Petrobras est-il remonté de près de 50% depuis la mi-mars, avec le recul de la protégée de Lula dans les sondages.

Les subsides sur les carburants tue le pays

Pour maîtriser l’inflation, le gouvernement contraint en effet l’entreprise de vendre l’essence et le diesel moins cher qu’elle ne les acquiert sur le marché interna­tional. Or, la demande de carburants a été dopée par le quasi-doublement de la flotte de voitures depuis 2001. Pour y répondre, Petrobras, dont la production a du mal à suivre, a dû multiplier par six ses importations. Triomphalement proclamée par Lula en 2006, l’«autosuffisance» pétrolière du Brésil n’aura pas duré…

L’an dernier, les subventions au prix des combustibles ont coûté à Petrobras la bagatelle de 2,7 milliards de francs. «C’est l’une des seules compagnies pétrolières au monde qui perdent de l’argent quand le prix du pétrole est en hausse», ironise l’économiste Adriano Pires. Cette politique fait une victime collatérale: l’industrie de l’éthanol. Le carburant «vert» tiré de la canne à sucre est devenu moins compétitif que l’essence. Depuis 2010, une quarantaine de distilleries ont fermé leurs portes.

Petrobras est également appelé en renfort de la politique industrielle du pays et doit se fournir auprès d’une industrie navale brésilienne encore naissante. Résultat: des coûts plus élevés et des retards dans les livraisons, mis en cause dans le recul de 2,5% de la production en 2013. Parallèlement, la dette de Petrobras, près de 88 milliards de francs, a presque doublé depuis 2010.

Flop de l'exploration off shore à 7'000 m

Ce lourd endettement est destiné à financer l’exploitation du pré-sel, qui devrait drainer l’es­sentiel des 135 milliards de francs d’investissements prévus sur les quatre prochaines années. C’est le revers de la médaille du monopole de l’extraction concédé à Petrobras sur le bassin pré-salifère, où l’entreprise doit avoir une par­ticipation minimum de 30% dans tous les gisements. Mais les investisseurs internationaux et les majors internationales se sont toutes retirées des projets off-shore. Trop difficile, trop profonds, trop cher. Seuls les chinois n'ont pas jeté l'éponge.

Dans un mois débute la Coupe du Monde de Foot FIFA et dans deux ans les Jeux Olympiques vont prendre le relais. Le rêve était bati sur une hypothétique rente pétrolière. A bâtir des chateaux dans le sable...  Dans le pétrole et c'est sûr, le Brésil ne sera pas championne du monde

Avec: Article de Bastien Buss publié dans Le Temps.ch
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